J’ai voulu pour cette prochaine chronique sortir un peu des sentiers battus, passionné depuis longtemps par les terres scandinaves (je pense que mon nom en dit suffisamment). Je m’essaye donc aujourd’hui au très récent quartet finlandais Varjo Orkesteri, qui sort là son deuxième album de l’année 2022, ‘’Seremonia’’ (excusez-nous du peu). Je m’efforcerai de traduire les titres des morceaux pour donner un peu de contexte, pas de velléités à l’international ici, toutes les paroles sont en finnois : état des lieux.

‘’Suunnistaja’’ (Navigateur) ouvre le bal, ambiance presque californienne pour cette intro en matière bien rock, qui sort cependant rapidement du cliché pour proposer des progressions d’accords plus léchées, les musiciens montrent immédiatement la hauteur de leur technicité et notamment Pasi HAKULI avec un solo de basse dantesque. A suivre ‘’Palvojat’’ (Fidèles) entre couplets métal et refrain à la Red Hot Chili Peppers, je fais ce comparatif notamment à cause des phrasés de Saku HAKULI qui me font fortement penser à FRUSCIANTE, un style assez hybride, avec même une partie en contre point, mais tout est cohérent.

‘’Sinisiipi’’ (aile bleue) et on remarque déjà que la basse prends un rôle mélodique plus prédominant que de coutume, c’est l’avantage d’une formation minimaliste et je ne m’en plaindrai pas, encore une belle composition très planante (pun intended). Le quatrième morceau s’intitule ‘’Viherkylki’’ (côte verte), le thème du voyage se dessine donc dans l’intention de l’album, un morceau plus punchy/stoner qui permet plus d’expression à la batterie de Jarmo PIKKA jusque-là plus effacé (notamment de part un mix beaucoup plus naturel que les productions actuelles). Vient ensuite ‘’Käpälämäkeen’’ (en haut de la colline), qui au-delà de son nombre bien trop élevé de Ä, nous délivre un propos qui se construit de matière plus progressive, qui revient sur son refrain à ces sonorités rock californien que le groupe semble affectionner, avant de se permettre des harmonies plus tendues.

La seconde moitié de l’album s’ouvre sur ‘’Ilmestymätön’’ (révélation), mon finnois n’est hélas pas suffisant pour vous retranscrire le scoop, de mon poste de chroniqueur je vous retranscris cependant une ouverture à coup de gros fuzz qui s’enchaine sur une ballade rock qui met à l’honneur de jolies harmonies vocales de Markku PIHLAJA, dont c’est l’occasion pour moi de souligner le grain de voix parfaitement intégré dans le style porté par les Varjo, et Teemu SEPPÄLÄ. ‘’Kiitäjä’’ (alpiniste) à suivre, un morceau bien rock, avec de bons riffs bien sentis, et une section rythmique moins bavarde, plus percutante, simple et efficace mais toujours avec ce petit quelque chose en plus lui évitant l’écueil du morceau de rock sur entendu, notamment un interlude aux accents électro. ‘’Yhden Miehen Keitos’’ (la soupe d’un homme), si ma traduction me parait hasardeuse, mon analyse le sera moins je l’espère, Pasi HAKULI recommence ses exercices de voltiges sur ce morceau entrainant, son parent (je présume) n’est pas en reste sur son solo de guitare.

‘’Kavaanmurtaja’’ (fouilleur) arrive ensuite, et malgré tout le bien que je pense de ce quartet au talent indéniable, je ne peux m’empêcher depuis quelques morceaux de me dire que j’ai compris la formule qui commence à manquer de renouvellement, je le vois car je manque de flèche dans mon carquois de définitions pour présenter l’univers des morceaux qui commencent déjà à se confondre dans mon esprit (je note tout même l’outro à la double). ‘’Sarastus’’ (aube) me contredit heureusement légèrement en apportant des interludes à la cithare rafraichissante, un chouette passage solo d’ailleurs couplé à une basse à la Wobbler me sauvent de la lassitude auditive juste à temps. ‘’Korpiveisu’’ (pattes d’oie) termine l’album sur un riff qui fait remonter aux origines de métal dans un style à la Black Sabbath, suivi d’une belle progression harmonique qui permet à Markku de s’exprimer avec plus d’intensité.

Bilan en demi-teinte pour moi quant à cet album. Autant j’aime l’exercice proposé à la découverte et l’univers que défendent ces musiciens de grands talents, autant je suis rapidement tombé dans une forme de lassitude auditive vers le milieu de l’album; la faute d’une formule qui, une fois qu’on l’a détectée, ne cesse de se répéter. Les deux derniers morceaux sortent heureusement de l’ornière, ce qui fait qu’on quitte le navire sur une note positive, et je ne peux de toute manière que vous conseiller cette écoute trop rare par chez nous si vous êtes sensible aux sonorités scandinaves.