Il parait souvent facile au commun des mortels dont je fais partie de s'emporter pour une formation inconnue qu'elle soit progressive ou non. C’est pourtant ce que j'ai ressenti dès la première écoute du premier album du quintet d'IMOLA (le circuit automobile bien sûr).

Évidemment l'année 2023 n'étant pas à la hauteur des précédentes en termes de qualité musicale, quand débarque un OMNI comme dirait un célèbre casquetteur français, le groupe et l'album en question en ressortent grandi. C’est bien ce qui se passe avec LE VELE DI ONIRIDE qui nous offre un mélange de très bon niveau entre le moelleux mais tellement beau RPI historique et l'énergie qui émane des formations actuelles, voici donc ma modeste contribution concernant "La Quadratura del Cerchio" que tout le monde peut aisément traduire.

La pièce inaugurale "Sogni Infranti" commence toute en douceur atmosphérique et met à l'honneur les synthétiseurs et les guitares comme toute bonne pièce progressive qui se respecte, parsemée de chœurs brillants et soutenue par une paire rythmique inventive (9/10), une référence au progressif italien des seventies inévitables, nous ne le saurons que plus tard mais incontestablement l'un des trois meilleurs titres de l'album, les tourbillons de claviers de la partie finale sont magnifiques.

"The Illusion of Oblivion" qui suit, est propulsée par un chorus de basse digne de Fabio ZUFFANTI, quelques arpèges délicats de guitare en accompagnement et des claviers orchestraux en fond sonore (du mellotron échantillonné ?), le chant de Francesco RONCHI est ici à son meilleur ce qui ne sera pas le cas tout au long de l'album, un chant à la Francesco DI GIACOMO puissant et un peu théâtral (8/10). "Catarsi" nous promène entre rêveries cotonneuses et séquences plus sombres, une pièce excellement chantée par Francesco, où la six cordes prend la vedette à partir de la quatrième minute avec un jeu un tantinet américanisé West Coast (DOOBIE BROTHERS ou POCO me viennent à l'esprit) (9/10).

J'ai moins apprécié le grandiloquent et énergique (dans sa première partie) "Apologia di Reato" nonobstant son break instrumental (entre 2:40 et 4:50) qui fait la part belle au claviériste Cristiano COSTA (7/10), ne jetons pas le bébé avec l'eau du bain, cette plage est très écoutable quand même. "Isolation" débute avec un motif de guitare original (Nello DE LEO créateur du groupe en 2006) qui se dirige vers les EAGLES totalement réminiscent de Glen FREY, Joe WALSH et consorts (le riff de six cordes de 3:27 à 4:30 est du pur "Hotel California"), ne cherchez pas ailleurs nous sommes les quatre pieds dedans (9/10) comme le trèfle à quatre feuilles !

Le suivant "Ladri di Niente, Figli di Nessuno" rempli à ras bord d'orgue et de guitares hardeuses est le titre qui me déplait le plus sur l'album, le heavy prog oui mais celui-ci passe mal… (URIAH HEEP fait partie de mon top 10)), qui plus est le chant mi vociféré mi parlé est loin d'être un choix adapté (5/10). Le disque se clôt avec le morceau le plus long (de peu) "Miraggi Remoti" et voici le troisième des meilleurs servi par un groove de basse ténébreux, une six cordes solo défricheuse et une profusion de claviers, le chant de Francesco RONCHI est ici plaisant avec encore une fois une pointe du BANCO historique, d'un Francesco à l'autre en fait, un excellent titre qui se termine un peu trop brusquement… (9/10) comme la plupart des pièces du disque d'ailleurs.

Conclusion de bons débuts qui appellent une suite, ce qui n'est pas toujours évident avec les formations transalpines.