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Jacob HOLM-LUPO représente une figure incontournable de la scène norvégienne, un musicien et un producteur qui enchaîne les albums sous différents noms de projet. On a qu’à penser à WHITE WILLOW, THE OPIUM CARTEL, TELEPATH, et DONNER plus récemment, soit une multiplication d’identités qui lui permet de porter ses envies créatives musicales par différents vaisseaux. Depuis cinq ans, il a troqué le brouhaha de la modernité citadine pour la quiétude paisible de l’île de Sandøya, dans la mer du Nord. Un changement de style de vie qui est probablement allégoriquement représenté sur la pochette par ce petit chien d’appartement qui se retrouve dans cette nature nordique. Pour la première fois, il appose son nom sur un projet, un signe d’authenticité, qui a l’objectif de nous faire découvrir la richesse sonore de ce nouvel environnement qui l’enveloppe, lui et ses proches, et qui pour les oreilles de son concepteur est une source de musique continuelle, naturelle, et à faible impact au niveau bilan carbone.

On a donc droit dans ce nouvel Opus à un témoignage enregistré de l'ambiance de sa vie d’insulaire où il a recueilli sous forme de « sampling » des sons provenant de ce milieu, des sons naturels dont le bruit des vagues et du vent, le chant des oiseaux, et également, le bruit des engins qui circulent sur et autour de l’île. On entend aussi les sons générés par ce qui lui tombait sous la main, comme par exemple, du gravier pris dans un sachet et relâché sur le sol. Il a même créé des instruments de toute pièces avec les moyens du bord, bouts de bois, de métal et fûts métalliques. Chance de pendu, il avait quelques guitares dans sa maison, qu’il s’est permis d’utiliser.

Le résultat de son assemblage éclectique se fond dans une longue pièce instrumentale de plus de 50 minutes, de type « ambient », « new age » et folk sombre, parsemée de courts discours et conversations en norvégien, que je n’ai su décrypter à cause de la barrière linguistique. Une démarche artistique inusitée qui vise probablement à conserver sur bandes, un souvenir historique d’un moment de sa vie quotidienne, comme une image d’une époque, où il se sentait bien avec sa famille. Une démarche artistique qui devrait se montrer déstabilisante pour ses fans habitués par ses élans « art-électro- prog rock ». Mais avec son pull affichant « Outdoor Explorer » dans la documentation fournie avec ce document sonore, il affiche clairement sa volonté pour cette production à grand pourcentage certifié « bio ». Les bruits de pas dans le sable, le chien qui marche dans les herbes, les coups sur les réservoirs de fuel, le tintement des cloches ont été recueillies durant ses safaris de sampling où sont collectionnés les bruits de son quotidien, glorifiant son paradis personnel dans une œuvre qui se veut onirique et qui enchaîne divers tableaux captés à divers endroits dans cette ode à la sérénité, à la nature, aux bruits de la civilisation agraire, dans cette démarche qui valorise les options minimalistes, tout en se voulant poétique quand on y réfléchit bien. Un morceau de vie qui aurait gagné à être scindé en plusieurs petits tableaux car on y rencontre des passages inventifs et mélodiques mais perdus dans l’ensemble de ce long patchwork. La démarche de HOLM-LUPO, à mon avis, a possiblement de faibles ambitions commerciales, soyons réalistes, mais artistiquement parlant, la production est très bonne, l’intention est innovante et différenciatrice des courants actuels, quitte à se demander s’il ne vient pas là de créer un courant « Prog naturel » aux cris des corneilles.

Conclusion, HOLM-LUPO s’est fait plaisir. C’est plutôt facile quand on a un studio à la maison pour pouvoir bidouiller en studio tous ses sons de la vie qui vous fascinent. Une expérimentation totalement atypique et intéressante sporadiquement, que par courts moments, comme autour de la 29e à la 33e minute qui semblent dédiées aux bruits du foyer, avec une ambiance plus lumineuse, sereine et enjouée, où l’anglais est utilisé, mais bonne chance pour comprendre l’histoire du gars du M.I.T.. Il faudra être extrêmement motivé, très reposé, ou chargé en amphétamines pour s’investir sur la longueur, car cela calme beaucoup, et heureusement, les îlots de présence de la guitare viennent agrémenter cet effort. Bon Courage !