Tout le monde, ou presque, connaît JORDSJØ ; le duo norvégien. Pour ceux qui découvriraient, ou situeraient mal ces artistes, une brève présentation s’impose : Håkon OFTUNG, multi-instrumentiste (notamment chant, flûte, guitares et claviers) qui officie également au sein de TUSMØRKE et BLACK MAGIC, et Kristian FRØLAND, batteur-percussionniste de son état, ont décidé de conjuguer leurs talents à l’automne 2014. Les premières réalisations du tout nouveau duo dénommé JORDSJØ sont sorties, dans un premier temps, en format digital, sur cassettes, parfois CD mais toujours en autoproduction jusqu’à leur premier véritable album : « Nattfiolen » (2019) produit par Pancromatic. Sont venus, ensuite, confirmer l’intérêt de cette association particulière : « Pastoralia » (2021) chez Karisma Records cette fois.
Si l’on s’en tient à la description, souvent reprise, de leur proposition musicale, il est question d’un mélange de Rock Progressif à l’ancienne (nombreux claviers vintages), de Krautrock, de BO de films d’horreur millésimés, des romans fantastiques, de la nature intacte et du Folk régional. Lors d’une écoute complète de leur œuvre, y compris ce « Jord Sessions » tout frais (25 novembre) - qui reprend le contenu de « Jord » (2017) de manière dépoussiérée, agrémentée de quelques instrumentations et compositions supplémentaires (sessions d’enregistrement de l’été 2016) – bénéficiant d’une production digne de leur musique, cette description m’a parue lapidaire et incomplète.
Il est vrai qu‘on retrouve des éléments, réminiscences, traces de ces styles mais ce serait réducteur d’en rester là. Car, ce qui est le plus remarquable, c’est l’irrésistible envoûtement dans lequel l’auditeur est plongé, sans espoir de s’en extraire. Les diverses « fiches techniques », pour pertinentes qu’elles soient, omettent l’essentiel : l’âme ! C’est là que JORDSJØ se démarque d’autres formations très compétentes de la Scandinavie. Les climats changeants mais toujours parfaitement placés et rendus sont une des signatures de JORDSJØ. Le duo puise son inspiration en maints styles, genres, cultures, époques. Son propos est particulièrement original, avec des arrangements inattendus et une orchestration riche et variée qui, pourtant – et c’est là qu’ils font fort – se montre aérée, ne craint pas les silences, pour mieux capter l’attention et prendre le public dans ses filets. Ensorcelante, bénéficiant d’un son chaud et enveloppant, leur musique pastorale ne se compare à aucune autre même si, c’est inévitable, l’un ou l’autre passage évoque un artiste ou collectif connu, surtout dans leur partie de l’Europe.
« Jord Sessions » est une sorte de correctif que le duo voulait faire, mécontent qu’il était du premier jet, dans lequel, pourtant, il n’y avait rien à jeter. Cette nouvelle production est tout à fait probante et démontre que les musiciens ont fait le bon choix. Pour eux comme pour nous. Rien que « Nattfiolen Suit » – uniquement disponible comme morceau bonus en version CD – mérite que l’on s’intéresse à ce disque.