STRANGE POP se veut comme un album hommage au temps des instruments analogiques, à l’enregistrement brut; c’est Michał DZIADOSZ, compositeur, chanteur et multi-instrumentiste aux manettes. Il propose un rock progressif vintage des 70’s sur PINK FLOYD, SOFT MACHINE, TANGERINE DREAM et LUNATIC SOUL. Installons-nous confortablement pour voir à quel niveau de régression nous allons pouvoir tomber sur ce 4e album nostalgique, 70, 80 ou plus récent?

« In the Garden » en mode électro, mid-tempo, synthés en avant avec une guitare acoustique égrenant ses notes, un son qui lorgne directement sur l’ambiance des 80 type ‘Subway’ avec la basse prégnante. On avance calmement avec Mike à la voix prenante, langoureuse; l’outro feutrée sur des synthés de VANGELIS. « Dempsey and Makepeace » son 80 évident; entre la new wave et les synthés utilisés dans des films de série Z à la John CARPENTER, devenu référence. Le refrain est dansant, sur DEPECHE MODE, je donne des pistes, ou OMD; bref les fantômes des vieilles pistes font effet. « Old Mansions » électro, hip hop, éthéreal, indie, un son synthétique ambiant avec des notes progressistes, addictives, un rien spatial, cinématique, vrillant dans la pièce. Un piano minimaliste et le vrombissement électronique pour cet instrumental simple mais diablement efficace. ‘In Your Eyes (School Love)’ sur un morceau groovy basé sur le vocal et la basse funky-sexy de Sean pour la comptine sage, dans la lignée radio édit, oui mais celle des 80.

‘The Longest Night’ avec les claviers électro rappelant ULTRAVOX, ambiance ciblée; un air posé minimaliste sur les travaux de JAPAN, les réminiscences vont bon train. Des chœurs nuageux à la 10CC, ambiance nostalgique, le solo synthé solennel prenant les devants, envoûtant avant de partir sur des bidouillages psyché. Le final de toute beauté sur un chœur grégorien au loin, ERA pour moi. Le temps se contracte pour ces souvenirs diffus et tenaces. ‘VHS Ninja’ au climat sourd, sombre, étrange, une tortue en dessin animé? Le pad électronique claque en laissant les notes claviers réverbérantes, une justement d’un titre sur ‘Duke’ de GENESIS. L’ambiance spatiale, contemplative, le synthé parlant sur ce second instrumental qui fleure bon ceux du maître du suspense John CARPENTER. ‘Halley's Comet’ en interlude ou fin de film, le son du clavier cristallin, métallique, annonciateur, divinatoire. ‘Requiem for My Childhood’ dont acte; le long morceau éthéré glacé et doux, ambiant et prophétique, sur un monde disparu et un crescendo lent créant l’ambiance vintage onirique; le clavier rappelant ceux utilisés sur MANFRED MANN’S EARTH BAND. L’outro au 2/3 après la rupture programmée ressemble à un (r)éveil et le fondu à un message subliminal sur le 5e opus.

STRANGE POP sort un hommage aux 80 résistant au numérique froid par son analogique chaleureux et organique. L’envie de faire vivre les notes sortant des enceintes, des boites à rythmes vivantes créant de l’art-rock pop, de la synthwave et de la B.O.F de S-F, c’est tout cela. Ces années 80, la jeunesse pour nombre de progueux, leurs fascinations pour cette époque dénigrée montrant ses qualités au fil des décennies. Des textes sur les réminiscences de l’Arcadie enfantine, les évènements sociétaux et familiaux. Un album bourré de réverbérations, de sons et d’ambiances pour réfléchir avec TANGERINE DREAM, PINK FLOYD, ULTRAVOX et JAPAN en toile de fond, Kim WILDE et A-HA plus intimement pour Mike. Un album facile d’écoute sans grande prétention qui fait rêver et réviser sur notre monde d’hier, intéressant de nos jours.