Pour son huitième album, le suisse Roland BÜHLMANN, qui nous avait habitués à de longues compositions dans ses albums, nous revient dans un projet d'art contemporain surprenant, résultant d'une coopération spéciale avec le photographe et artiste Antonius KURZ. En effet, Mr KURZ a réalisé 59 peintures abstraites, et Mr BÜHLMANN a composé un morceau de musique pour chacune d'entre elle, comme support complémentaire pour l'exposition des peintures de l'artiste. On s'était habitué aux trames sonores pour les images en mouvement, mais cette fois-ci, elles sont statiques.

L'album qui s'intitule "Images sonores" en version française, présente donc 59 morceaux, entre 37 secondes et une minute et demie, où le multi-instrumentiste a utilisé des guitares, des synthés, un kalimba, qui est un petit piano à mains africain, et divers autres objets pour les percussions, offrant ainsi des pièces instrumentales très intéressantes, créées de toute pièce, ou créées en adaptant ou modifiant des éléments existants de son répertoire. Évidemment, pour apprécier le concept à sa juste mesure, cela prend les images abstraites associées, qui sont disponibles dans un livret au format PDF lors de l'achat de l'album, mais également accessibles sur la chaine YouTube de Mr BÜHLMANN.

Étant scientifique de formation, je suis du genre à me poser beaucoup de questions. Peut-être trop! Quand j'examine ces images, j'essaie de comprendre la source d'inspiration et la relation qui lient les formes que je vois, les titres mystérieux choisis et la musique développée. Malheureusement, je ne suis pas arrivé à comprendre le processus. Il me manque les codes et le génie des auteurs. Il faut donc se résigner à apprécier les choses telles qu'elles sont présentées. Les courtes pièces instrumentales proposées s'inscrivent dans différents styles musicaux, entre "ambient", électronique, rock, jazz rock, avec des soupçons infimes de rythmes tribaux et de musiques "space". Les rythmes sont souvent sautillants, percussions aidant, la polyrythmie très présente, les guitares sont joueuses, plaintives ou viriles, et certains tableaux se veulent lumineux, mélancoliques, tristes ou énigmatiques. On notera à coup sûr l'habileté d'un dramaturge singulier dans toutes ses créations, dont la majorité m'a beaucoup plu, bien qu'elles soient si courtes.

Il s'agit d'une sorte d'"OMNI", un objet musical non identifié, une œuvre d'art éclectique, qui probablement ne trouvera pas facilement sa place sur les ondes de radio. Une expérience différente qui doit s'apprécier dans un contexte spécifique, mais qui recèle de très belles perles issues d'une imagination sans limite. Une imagination qui s'exprime par des boucles répétitives variées, des transformations de sons, des agencements dissonants, des clapotis, des réverbérations, des vibrations, des saturations de notes, et des contrastes de tempos. Un ensemble qui dore le blason des musiques progressives, lui conférant une noble mission additionnelle. Chapeau l'artiste! Titres préférés: La séquence des pièces 11 à 16, 21, 27, 35, 37, 41, 43, 47, 49, 54, 58 et numéro complémentaire 59. Si avec cela vous ne gagnez pas à la loterie, je ne peux rien de plus pour vous! Bonne écoute!