RED SAND groupe créé en 2003, connu personnellement en 2005 avec « Gentry ». Ils sortent leur 12e album éloigné du néo des MARILLION dont Simon Caron est fan. Un son fleurant PINK FLOYD avec quelques réminiscences de CAMEL et surtout PENDRAGON. Album mixé par Michel St-Père (MYSTERY) sur de belles mélodies rock progressif. RED SAND fait partie des groupes néo actuels qui n’hésite pas à nous faire régresser sur ce tiroir intemporel. L’occasion de se plonger dedans.

« Puzzle » pour l’entame électronique, un pad synthé réverbérant plantant le décor; la guitare spleen de Simon entraînante, la flûte puis le clavier fruité envoient sur les terres néo-prog pour l’intro pêchue. « Lost Fantasy (We Love) » suit avec la guitare acoustique, la voix sur PINK FLOYD, très marquée, au moins on sait l’empreinte du groupe. Un peu de cinématique à klaxons et le son devient emphatique, glorieux, du prog métal langoureux et expressif. La voix de Michel tire vers le haut amplifiant la chair de poule. Un long solo guitare aérien comme ils savent bien le faire, simple, déjà vu mais efficace; on règle la radio et « The sound of silence Part 1 » apparaît sur un clavier génésisien, douceur du tempo en interlude musical, entre solennel et contemplatif à grands coups de notes cristallines et aériennes. Le solo guitare sur la même veine, plaintif, mélancolique et rayonnant à la fois. « Watcher » suit sur le même accord, un poil plus rapide, le sentiment de redite visqueuse prend les oreilles au dépourvu. Puis le pad frappé militaire de Perry nous dirige sur du néo enjoué, celui de PENDRAGON de leur célèbre triptyque; le break comme provenant d’un autre morceau d’un autre groupe, sur ARAGON en mode nerveux électro. Les notes défilent encore avec un solo guitare, une séquence rêveuse avant de régler la radio et de passer sur « The sound of silence Part 2 » avec les notes s’égrenant, l’air typé grec, intimiste et triste à la fois. Cet interlude de fin de triptyque fleure bon le folk rock déprimant avec sa volée de violons.

« The Last Voice » pour le morceau fleuve, l’intro planante, des notes délicates; à peine une minute et demie et la cassure sur un rythme rapide, violent, ersatz d’ARAGON et PENDRAGON mouvance 2000. De l’énergie avec un aller-retour candide, entre ballade et course frénétique. L’interlude cinématique avec un peu d’ambiance des GENESIS au détour, un espace orchestral néo-classique ambiant sur la réflexion progressiste. Le solo qui s’ensuit, une pure beauté, la déclinaison acoustique qui suit, un pur bonheur récréatif. Le pad interrompt tout cela en partant sur les terres d’IQ maintenant avec toute la variété. Break asiatique avec le clavier en cloche reposante, tranquillité avant de repartir tel un ressac musical. Le final se laisse deviner avant la montée apoplectique. « The Best » pour le meilleur? Le titre reprenant l’acoustique cristal évanescent, le clavier électro puis la voix à la Waters, oui choisissez l’album pour ce final solennel, genre guerre cruelle ou rencontre d’une voiture contre un mur. La montée finale avec un dernier solo divin de Simon, rappelant que ce groupe est très bon du fait de la qualité de ses musiciens.

RED SAND n’en finit pas de nous baigner dans le néo pur et dur; avec MARILLION des 80 et nouveau millénaire, avec ARAGON et PINK FLOYD. Ce dernier opus concentre un peu de ces groupes et en tire dorénavant un son à part, le leur. Pas de création innovante mais des sonorités faisant chercher au niveau mnésique les liens, les idées, les bribes, un bel exercice de fait. Le groupe pourra lire cette chronique et imaginer que je ne les vois que comme un tribut, un groupe de reprises, que nenni. Il y a du sang prog qui dégouline dans RED SAND au contraire, du sang qui coule sur le long chemin du rock en faisant honneur à tous les groupes cités dans cet article.