"RACCOMANDATA con RICEVUTA di RITORNO" est très connu des amateurs de rock progressif italien pour son premier et seul album des années 70, "Per… un mondo di cristallo", qui parut en 1972 exactement. Un album qui fait l'envie de bien des collectionneurs pour ses suites progressives très complexes aux sonorités psychédéliques et symphoniques sombres, ornées de flûtes, d'orgues et de guitares acoustiques. Par la suite, le chanteur du groupe, Luciano REGOLI, a relancé cette "marque" en 2010, avec « Il Pittore Volante », « Live in Elba » en 2015, et « In Rock » en 2019.

Cependant, le son actuel de REGOLI s'est bien éloigné de celui du premier Opus. Modernité oblige, avec "In Fuga" ( V.fr. "En fuite"), et surprise pour moi, car j'avais perdu le groupe de vue ! Une allure sonore très "hard rock", souvent en mode prestation épique, qui marche dans les pas des grands du genre des années 70 avec un chant orageux qui suggère LED ZEPPELIN, URIAH HEEP, et DEEP PURPLE. Dans "Mary REILLY », les vocalises à la Ian GILLAN en sont la plus belle évidence. Alors que dans "Sognando", on retrouve les cris expressifs psychédéliques d'un Robert PLANT dans "Whole Lotta Love".

Si vous en étiez resté au premier album, et bien maintenant place aux guitares électriques, aux claviers vintages, au saxophone et au violon dans des compositions et prestations moins expérimentales et plus accessibles quoique malgré tout très ambitieuses, fruit de la créativité de quelqu'un qui sait aligner les passages accrocheurs, donnant l'impression d'avoir glaner ici et là, les meilleurs moments de plusieurs grands classiques du genre.

Avec un ensemble de chansons en italien qui traite du concept de fuite, que ce soit physique, mentale ou spirituelle, ce qui frappe pour l'oreille novice, c'est un dynamisme sans retenu, qui s'exprime par une voix théâtrale très expressive, très haute perchée, qui étire les notes à l'infini, qui donne souvent l'impression de surjouer, mais qui finir par ravir, tellement il se complaît dans cette folie douce et énergique. Accompagné par des membres du groupe original, soient CIVITENGA, ZACCHIA et GRASSI, ils contribuent avec leurs instruments aux arrangements qui prennent des textures progressives, "folk", "jazzy" et psychédéliques. Le psychédélisme, on le croise entre autres dans la chanson "Nubiano" aux rythmes tribaux et aux rimes hypnotiques dans une fantaisie sonore tout à fait "zeppelinienne", où le violon se montre magique. Et aussi, grâce aux percussions dynamiques et cinématiques de Walter MARTINO du légendaire groupe GOBLIN. Dans " Ancora l'ombra", flûte et claviers vintage nous ramènent dans l'esprit des années 70, avec une musique "bluesy" lancinante, à l'énergie qui m'a rappelé par moment, OFFENBACH, groupe québécois de rockers qui est peut-être méconnu de nos lecteurs français.

Après quelques écoutes, "In Fuga’’ pourrait vous rentrer dedans, grâce à sa fougue et à l'implication sérieuse de son chantre qui ne cherche qu'à vous convaincre, malgré la barrière linguistique. Il y a bien l’esprit du Prog italien dans ces compositions mais cette équipe s'est appuyé sur une sacrée puissance "hard rock" au niveau de la livraison. Appréciable également, la variété au niveau de l'instrumentation et des atmosphères proposées, ce qui éloigne le facteur ennui, mais malgré tout, je pose une petite réserve en ce qui concerne le dernier court morceau acoustique qui me semble mal assorti à l'ensemble. Question de goût ! Titres préférés : "Nubiano" et "Mary REILLY". Bonne écoute attentive !