PINN DROPP, groupe créé en 2015, sortant son 2e album en s’éloignant de plus en plus de son étiquette néo prog. Un bien, un mal, éternelle question avec des réminiscences sur THRESHOLD, RUSH, SUPERIOR, ANUBIS GATE, SAVIOUR MACHINE, ENCHANT et SYLVAN rien que pour les longues suites et la voix typée. Piotr aime le prog de toute façon, donc la dérive métallique suit l’évolution du cycle musical. Des compositions néo-prog ou métal prog allons voir.

« First Steps » et l'entrée cinématique, spatiale, mystérieuse, idéale pour un son prog lançant « Unholy » avec son attaque franche, sur du prog métal teigneux, un vocal incisif associée d’une base rythmique métallique. Une belle déclinaison mélodique, envoûtante sur URIAH HEEP qui inaugure de beaux moments. « Point of no Return » pas celui de KANSAS, avec des claviers pour la sonorité pouvant rappeler RUSH, c'est écrit. La baffe avec ce clin d'œil à QUEEN faisant dresser l'oreille. La suite en synth-prog alternatif, singulier, sur des envolées syncopées, un break a capella avec le clavier envahissant, un dernier solo dégoulinant, dynamique, frais, entraînant. « Recycled Feelings » pour la ballade pop acoustique déroulant sur la voix flirtant d'avec celle de Marco des SYLVAN, une référence. Le solo guitare de Piotr avec le piano en toile de fond pour le break tonique. « They are Here... » et le second interlude, craquement sur les bruits nocturnes avec les images terrifiantes de la nuit; insectes, flammes qui crépitent, du vent et « Logismoi » attaque sur l'instrumental dès l'entame, laissant divaguer l'esprit sur du prog métal soft. La voix de Matt monte, harangue, se fait douce. Un morceau sur deux tonalités entre mélodie guimauve et montées rushiennes lors du changement de voix et spoken word teutoniques. Un bel exercice tout en douceur avec la batterie saccadée, métronomique rappelant THRESHOLD.

« L'Illumination » s'envole sur un métal prog pêchu, du au vocal hargneux rappelant celui haché de James des DREAM THEATER. Le clavier de Mirek entraîne le morceau sur un crescendo rushien, j'assume, ère 80. Énergique, bien calibré. « For the Love of Drama » suit son cours musical, lent morceau western slide guitare avec son flot de guitare et clavier mélodiques. C’est le moment de plonger sur la base néo-prog avec le solo guitare fondant soutenu par le clavier évanescent. Il faut attendre aussi le milieu du morceau pour profiter du break piano solennel avec la reprise en deux fois, une dérive jazzy consensuelle puis un magnifique arpège acoustique se jouant d'une atmosphère ambiante, tonitruante. Du prog métal mélodique avec ce vocal écorché, expressif de Matt. Un début de lassitude cependant avec cette sensation de redite gommée par le riff entêtant et la voix haute à la SYLVAN. « Hugag » suit, continuant avec cette acoustique langoureuse sur un ressac de vaguelettes; la ballade mélancolique dégoulinante de guimauve sucrée, collante avec la place du clavier sur VANGELIS, les percussions martiales pour fondre encore plus. « Last Footsteps » pour l'outro interlude, final piano cristallin, agrémenté de son violon spleen d'Irlande, sur des sons de pieds marchant sur le sable.

PINN DROPP sort cet opus après 7 ans de labeur, naviguant sur les différents climats du rock progressif. Des textes sur la psyché humaine parlant d’Osiris, Judas, Hugag, Robespierre; des sons modernes avec de belles envolées instrumentales, la guitare de Piotr déchirant l’air à chaque intervention. Un voyage conceptuel basé sur le Héros du monomythe de Joseph Campbell, avec du prog moderne subtile, du métal enjoué et sophistiqué. Un album prog par essence qu’il faudra écouter moult fois pour dompter ses notes, ses mélodies entrecroisées et ses harmoniques variées. L’album bien plus complexe qu’il n’y paraît, superbe prog métal vitaminé avec du clavier velouté qui le ramène dans le tiroir prog métal avant tout.