
CHRONIQUE / REVIEW
John Holden
The Great Divide

Releases information
Release date:
September 19, 2025
Format:
CD, Digital
Label:
From:
Self-Released
Royaume-Uni / UK
Thomas Szirmay - November 2025
9,3
Google translation options below french text
TRANSLATED REVIEW (GOOGLE TRANSLATE) BELOW FRENCH TEXT !
Il n'y a pas de plus grand frisson que d'écrire et de poster la critique d'un artiste ou d'un groupe qui répond par la suite avec un commentaire comme « Tu l'as vraiment ! ». Il y a des musiciens progressifs qui, à mes yeux, ne peuvent pas se tromper tout au long de leur parcours discographique, à moins qu'ils ne virent distraitement à une fusion farouchement mélangée parmi les saveurs suivantes : du polka Poméranien, de proto-post punk, de crypto-psychédélique, de pyrotechnie sans fin, un brin d’industriel et de faux folk. Je suis un fervent louangeur de cet artiste passionnant, depuis son arrivée initiale en 2018 sur la scène prog et de la nature prolifique de sa production ainsi que la qualité toujours croissante de son travail soigné. « The Great Divide » est son sixième album et nous sommes tous bénis d'avoir quelque chose de nouveau aussi rapidement après le magnifique « Proximity and Chance » de l'année dernière. Le chanteur Peter JONES et l'as de la guitare Luke MACHIN sont de retour, ajoutant de nouveaux interprètes en la personne de notre Michel St-PERE de Mystery à la guitare électrique (Art & Craft) ainsi que Jon POOLE à la basse figurant sur un morceau, puis les chanteurs SERTARI de Karnataka sur ‘’Runes’’ and ‘’Sandcastles’’ et Iain HORNAL à la fois sur ‘’Art & Craft’’ ainsi que ‘’Leaf to Blade’’. John HOLDEN fait tout le reste, et vous pouvez parier que c'est tout à fait fracassant ! La pochette et le livret sont tout aussi somptueux et méritent bien des applaudissements, alors attendez-vous à ce que je devienne tout bonnement enthousiaste devant tant de splendeur.
La chanson titre de taille épique ne perd pas de temps à nous imprégner sensuellement de sons et de mots inspirants, et comme il sied au titre, mettre aussi en valeur les divers contrastes qui nous divisent au quotidien et dans toutes les facettes de notre vie. Je me souviens avec une certaine angoisse néanmoins, d'un commentaire d'un sage professeur d'histoire qui m'a dit que le fléau de l'humanité se résume à un désir inhérent de contrôler, individuellement ou collectivement, le destin des autres. C'est là que l'on retrouve la notion de diviser pour mieux régner. Au fil de ses 13 minutes +, les différentes couches sonores sont épluchées comme un oignon, avec sûrement quelques larmes tant la musique proposée est à la fois singulière et émouvante, le chant exposant brillamment la faiblesse face aux tentatives de contrôle. Ce titre est sans doute le meilleur moment de la carrière musicale de Monsieur HOLDEN, une mélodie gravée dans la simplicité la plus naturelle, avec un chant sans équivoque frôlant la perfection, une configuration idyllique de prog symphonique où les guitares et les claviers s'unissent avec la vigueur de la basse et le pouls de la batterie, le tout régi par des sensibilités mélodiques. HOLDEN fusionne les deux guitares pour servir de colonne vertébrale sur laquelle il peut exprimer une grande variété d'inflexions conservant le drame dynamique et aventureux. La somptueuse voix féminine élève l'arrangement déjà magnifique à des sommets encore plus culminants, virant vers une section plus folk où le violon danse, la voix masculine prenant le relais avec une égale gentillesse alors que les trois protagonistes principaux se soudent en un hymne céleste. Aucune division plutôt un lien, voire une union. Au fur et à mesure que le morceau progresse vers sa pérennité finale, l’emphase symphonique s'élève vers les nues, les guitares quémandeuses suscitant la passion, ouvrant les portes d'un espace musical peu éloigné d'IONA/Dave BAINBRIDGE et de son esprit fortement celtique.
« Storm Warning » maintient l'élan enhardi, comme s'il s'agissait d'une transition réfléchie par rapport au chef d’œuvre précédent, mais ici on décèle une susceptibilité inquiétante, voire orageuse. Les yeux fermés, on peut aspirer les vapeurs grisonnantes qui se mettent en place, troublées par des éclairs potentiels et des tambours tonitruants en appui. Pete Jones ne manque jamais d'émouvoir le récit, et il fait des merveilles avec la délicatesse de HOLDEN au piano, entrouvert par un solo électrique éclairant de MACHIN qui commence telle une étincelle et se transforme en un brasier ardent qui s'élève directement dans le cosmos. L'ajout d'un grondement de basse ne peut qu'insuffler un résultat plus intrépide, alors que des chants désespérés de « Save Me » s'entremêlent à ce déchaînement furieux de guitare, facilement l'un des meilleurs moments de Luke (parmi tant d'autres que j'en ai perdu le compte).
Un retour dans le temps s'accordera toujours bien avec mon esprit médiéval et « Runes » satisfait à la fois le mélodisme intense ainsi que les tendances visionnaires de nos aînés (les voyants), HOLDEN tâtant le terrain pour l'une de mes chanteuses préférées, l'étonnante SERTARI de la récente cuvée du groupe britannique Karnataka, une voix embrasée qui peut émettre et raconter n’importe quelle histoire avec autorité et conviction. Sa présence me donne régulièrement la chair de poule, et sur cette pièce, son talent règne. HOLDEN assure toute la décoration rythmique (note: la programmation de la batterie est hors pair), la basse sculptant avec une certitude flegmatique, tout en enjolivant des discrètes ambiances de clavier et de guitare. La mélodie principale demeure un pur délice.
John n’hésite pas à plonger dans la polarisation actuelle qui frappe nos sociétés actuelles, où les extrêmes semblent régner des deux côtés, autant la guerre des mots que les lignes marquées dans le sable. « Leaf to Blade » agite clairement mon drapeau canadien, même si nous aussi avons nos maux tout en restant apparemment poli et attentionné, comme il sied à notre réputation. Notre voisin du Sud a la malchance de s'appuyer que sur deux couleurs alors que l'univers a tout un éventail qui ne cesse de s'étendre. Personnellement, il est temps que les extraterrestres (nos créateurs) viennent relativiser nos idioties et petitesses collectives. Un intermède qui avance une réflexion contemporaine sur nos échecs (bonjour les médias et merci pour votre travail pourri). Iain HORNAL effectue un travail formidable sur la récitation des paroles vocalisées, ce qui ne devrait pas surprendre, car la qualité du chant est hors norme. Peter JONES revient avec une voix intrépide, encouragée par un fantastique duo de guitares basses qui se heurte à la toile de fond luxuriante de l'orchestre à cordes, de la symétrie chorale et le tout saupoudré à un soupçon de bizarrerie, d'étrangeté et de charme (petite référence Hawkwind). Une section médiane ahurissante, rappelant parfois le classique de Jeff WAYNE sur « War of the Worlds ».
« The Jewel was Ours » montre le côté plus expérimental que HOLDEN semble toujours inclure dans ses albums, avec un contenu lyrique curieux : « Loyauté en évidence, Amitié et intelligence, Devoir et souvenir, Coucher de soleil ». Notre univers est à la croisée des grands chemins et le casse-tête pour trouver une solution ressemble de plus en plus à des mots croisés dédaléens. Pire encore, peu de gens lisent ou écrivent encore, ce qui est quelque peu inquiétant.
SERTARI fait preuve de diversité sur le sautillant « Sandcastles », alimenté par les inflexions extraverties de la basse de Jon POOLE, avec une ambiance plus jazzy, s'inscrivant parfaitement dans la vaste gamme de sons proposés sur cet incroyable album. Le piano électronique, les percussions dégourdies et les signatures rythmiques variables sont plus proches de Stealy Dan que du prog symphonique conventionnel, la guitare électrique vacille comme preuve convaincante de la question.
Le final « Art and Craft » transmet un sentiment d'irréversibilité, ainsi qu'une nuance d'aventure historique, relatant les Quatre de Glasgow, qui font partie du mouvement international Art Nouveau qui a connu la faveur des années allant de1890 à 1910. Aujourd'hui, la Glasgow School of Art perpétue la tradition. De la peintre de vitrail Margaret McDonald, de son mari l'architecte Charles Macintosh, de la sœur de Margaret, Frances et son mari Herbert McNair. Comme il sied au sujet, ce flair artistique propose une pureté sans faille dans l’art de la décoration, dégageant des tendances naturelles avec des influences de l'art traditionnel japonais. L'arrangement garde respectueusement les sons organiques, limpides et transparents, mais imprégnés d'une immense dextérité. HOLDEN ajoute des sonorités japonaises sur sa guitare et ses claviers (parfois ouvertement koto) et alors que l'ambiance plonge dans des domaines éthérés avec une pulsation rythmique solide, la guitare principale est savamment proposée par Michel St-PERE de Mystery, qui propulse ses six cordes dans une exécution majestueuse de révérence passionnée.
Le fossé est long mais peut-être pas si large après tout, c'est peut-être là que réside le dénouement. Une couverture et des illustrations magnifiques, une production impeccable, ainsi qu'une implication de classe mondiale de la part d'invités de choix, c'est définitivement l'heure de gloire de John Holden. Parmi mes meilleurs albums pour 2025.
PISTES / TRACKS
- 1- The Great Divide (13:13)
2- Storm Warning (9:41)
3- Runes (7:36)
4- Leaf to Blade (5:36)
5- This Jewel Was Ours (8:46)
6- Sandcastles (4:54)
7- Art and Craft (9:17)
musiciens / musicians
- John HOLDEN - Bass, keyboards, guitar, programming, vocals
- Peter JONES - Vocals (2,5)
- SERTARI - Vocals (3,6)
- Iain HORNAL - Vocals (4,7)
- Jon POOLE - Bass (6)
- Michel St-PERE - Guitars (7)
- Luke MACHIN - Guitars (2)



