Johan STEENSLAND est ce multi-instrumentiste, chanteur ayant introduit le rock progressif avec son groupe SHEIK AHMEED dans sa ville natale durant les 80. Après le split du groupe il s’attèle à composer un opéra rock durant 3 ans en jouant à côté dans le groupe pop POSITION MELKER à relents TOTO et STING. 1990 et changement puisque travaillant dans l’informatique avant de revenir ingénieur du son pour sortir enfin son opéra. Ce 2e opus est sur la même trame, un rock progressif avec l’écrivain de fiction souffrant d’amnésie et Lydia l’infirmière qui le suit. Un album plus mélodique, des harmonies soul dansantes et d’autres spleens envahissants. Notons Aleena de KAIPA et Per de SCAR SYMMETRY et KAIPA comme guests.

« Fragments (Instrumental) » en entame solennelle et chaleureuse à la fois avec le clavier envahissant, doux et expressif, un tantinet génésisien. « They Believe that I Am Kind » en rock crossover, indéchiffrable. Un rock soutenu avec la voix prenante sur l’air olympien; beau travail autour du vocal en deux tons. « Only Good Men » à l’intro piano cristallin, incisif d’Ingemar. Une flute, sa voix triste et un chœur avec le clavier, un zeste du GENESIS seconde époque avant qu’Aleena envoûte l’espace. Un morceau spleen, sombre, contemplatif. « The Shredded Suit » plus gai avec l’association guitare et clavier chaleureux; la batterie martiale guide le morceau, le duo vocal entraînant passant en rythme jazzy-rock. Une belle montée grandiloquente de rock pop progressiste. « A Perfect Lie » pour l’ambiance mélodique et le duo vocal continuant de faire leur travail. Le morceau bucolique entre clavier et voix haute met du frisson dans les cheveux; le plus ce solo guitare encore une fois fluide. « An Ordinary Man » change de ton, basse prégnante, vocal syncopé et pad militaire avec la caisse claire nerveuse. Le clavier jazzy sur les travaux de TOTO et le refrain amplifiant l’air soul pop fruité. « Let Me In! » et sa flute d’introduction amenant la voix sur le piano fleurant BANKS, l’ère Charisma bourdonnant en tête. Le duo vocal flirte sur la pop, la prog commerciale pour écoute du plus grand nombre. Aleena se met en avant, laissant couler sa voix familière.

« Walking in a Straight Line » sur l’air fleurant bon ceux de Peter GABRIEL, la voix saccadée, rythmée, les pads explosifs et tribaux. Les morceaux s’enchaînent, similaires mais avec ce petit quelque chose progressiste donnant emphase et maintenant en haleine. « Black Sea » en comptine avec Aleena accompagnant le piano cristallin; une base jazzy avec la fretless bass d’Owe envahissante. « The Dr. Dorian Dance » continue, air introductif sur SERRA; coupure nette sur l’air pop prog, style de son groupe d’avant, sur TOTO. Une belle montée crescendique, un solo fondant de Per et l’ambiance commence à devenir plus démonstrative telle cette phase claviers 80. « What Would you Give? » en mode pop variété mainstream, mélange de sonorités naviguant sur un slow guimauve explosif où les voix des deux héros se confrontent l’une à l’autre. Le piano en retrait assure la base rythmique depuis le départ; fondu long comme ceux des BARCLAY JAMES HARVEST des 80. « Here and Now » clôt cet album avec ce long titre, véritable pièce maîtresse angulaire de cet opéra tragédi-comique où les thèmes sur l’Amour, la perte et l’introspection sont abordés. Le morceau qui ne revient pas vagues buter contre l’air principal avec des envolées de guitare bien calibrées; le long fondu casse l’ambiance durant une longue minute.

Johan STEENSLAND sort un album mélodique à relent expressif sur GENESIS; la flute champêtre, le piano cristallin et les vocaux tristes amènent des airs soul, jazzy, funky, intimes, mélancoliques sur une base néo-classique. Un opus intimiste, facile d’écoute, lorgnant les travaux de GENESIS avec un piano très présent servant de fil musical en posant un son réfléchi, codé, convenu. Du rock progressif mélodique bien fait qui ne décolle pas assez au fil des titres souvent répétitifs. Musicalement c’est très bon, c’est au niveau créatif qu’il manque ce petit plus.