Avec ce troisième album intitulé “Imperfect Silence”, la transformation musicale du duo canadien ENIGMATIC SOUND MACHINES vers le style Progressif est réussie. Les thèmes abordés par les musiciens vont “de la perfection de la naissance aux méandres de la vie, jusqu'au silence de la mort, en passant par l'aspiration éternelle à un avenir meilleur, la joie de vivre dignement et d'endurer les épreuves d'un monde las, marqué par la confusion, le stress et la dépression, pour finalement atteindre une révélation supérieure” (leurs mots).

Ne délaissant pas pour autant le coté électronique présent sur les deux premiers albums, messieurs SZIRMAY & ARROBAS ont concocté ici une recette qui va assurément faire saliver quelques mélomanes qui avaient été laissés sur leur appétit avec le second opus du duo (“The Hierarchies Of Angels”, 2024). En effet, alors que le premier album (“Telepathic Waves”, 2023) était axé sur le style Pop-Electronica des années ’80, le deuxième album d’ESM avait beaucoup d’indices indiquant une transformation à venir : les claviers se tournant graduellement vers des sons plus éclectiques et Progressifs, la musique semblait aussi devenir plus ‘songée’, plus calculée, et ce même si certaines pièces gardaient l’arrière-goût Électro-Pop. L’éclosion de leur évolution musicale semblait éminente.

ENIGMATIC SOUND MACHINES a pris le temps ici d’arrondir les coins technos en rendant les sons de synthétiseurs plus chauds, plus accueillants, frisant parfois le symphonique. L’album est plus court que le second avec sept minutes en moins et il y a moins de pièces mais celles-ci sont plus longues, totalisant plus de 54 minutes. On remarque également une profondeur supplémentaire d’instruments/accessoires avec des sons de cordes, de cuivres, de flutes, de guitare électrique/acoustique et même parfois de Mellotron.

Les pièces “In Perfect Silence” et “Red Forest” débutent avec un son éthéré et augmentent graduellement en intensité jusqu’à une fin un peu pompeuse. La seconde pièce est très FLOYDienne mais la touche d’ESM va lui donner l’air d’un croisement entre SUPERTRAMP et PINK FLOYD, avec une pincée de BEARDFISH ou de JETHRO TULL. Certaines pièces me font immédiatement penser au ‘Crooner’ Prog Tim BOWNESS (“House Of Shadows”, “Hallow”, “Wrapped In Black”), tandis que d’autres vont me ramener vers les albums du début de la machine PORCUPINE TREE alors que Steven WILSON était seul maître à bord. Il y a aussi une pièce qui aurait pu s’insérer aisément dans le répertoire de SUPERTRAMP (“Endless Beginning”). Bref, l’album est agréable à l’écoute du début à la fin.

Au final, ce qui est tout de même intéressant, c’est qu’après avoir écouté l’album “Imperfect Silence” d’ENIGMATIC SOUND MACHINES, le duo vous demande : comment quantifiez-vous le silence dans la musique? Hé bien, après mûre réflexion, ma réponse est : plus la musique est bonne, plus le silence entre les pièces semble long. Et c’est ainsi que je vous dis que le silence entre les pièces de cet album est apparu long à mon goût. Bonne écoute!