EDENSONG s’est créé en 2002 juste après la dissolution d’ECHOES OF EDEN durant les 90; du rock progressif symphonique, une touche de néo, pas évident à classer, d’où mon intérêt. La séparation en 2006 et tel le Phénix l’envie de rebondir, redécoller avec le coup de pouce d’Ian ANDERSON en personne les soutenant. Ce 3e opus me les fait classer en eclectic heavy prog pour les riffs, allons voir.

« Of Ascents » à l’intro folk vintage, des notes de guitare acoustique s’égrenant et ouvrant pour « The Illusion of Permanence » flirtant entre rock énergique et rock heavy déjanté, limite djent occulte au riff saccadé; un chœur enivrant, un growl en feu, le refrain lorgnant sur le grand PAIN OF SALVATION. Un zeste de flûte tullienne avant le retour haché du son métal prog bigarré. L’outro entre basse et percussions claires de la batterie ambiante assénant la note fatale. « These Old Wounds » suit avec un grondement du pad et de la flûte, couvrant le ciel musical sur le gris sombre. Un léger swing flute et vocal aérien du temps des 70 et le retour heavy moderne dessus, juste pour éviter de s’embourber dans la nostalgie régressive. Le break basse et batterie martiale avant le solo folk dynamite des 60 et la guitare bondissante, l’air gonflant de lave musicale avant le retour de cette flute frénétique surfant de rythmes endiablés des frères GILDENLOW; régression et innovation. « Black Crow » pour l’harmonie vocale envoûtante, Josh, Emily et Alana venant seconder TD et James en se lançant sur un chœur chaleureux; cela tombe bien avec ce son folklorique typé qui suit, mélange de MEER et de JETHRO TULL psychédélique, déroutant et nostalgique flirtant les 60. Du grand art à base de claviers vintage, d’électronique et de vocaux endiablés; un fondu acoustique tribal vient poser nos sens avant « Hall of Statues » à l’air mélodique mandarin, tambourin en avant. Le vocal est susurré avec des vagues heavy sombres sur la flute et la basse de Barry en duo. Du rock prog décadent à l’atmosphère teigneuse emmenant en agréable cauchemar éveillé.

« Book of Complaints » pour l’air rock sombre digne des GHOST; un morceau surfant sur le rock alternatif grunge au relent expressif, une explosion de sonorités à la limite du bruit, un chaos musical, une parabole sur leurs relations professionnelles, artistiques mouvementées, un tantinet schizoïde. Le son démontrant leur vitalité en morceau court; ça bouge de partout, entraînant au possible. « Of Ascents (Reprise) » où tout est écrit pour se poser du livre des complaintes précédent et de sa folie créatrice paradoxale. « Wykkr Bäsct » pour la baffe instrumentale avec basse et violons; air frénétique, enjoué, folklorique avec la flute extraordinaire de Barry. Des Balkans ou de Roumanie ce titre est bluffant grâce à ce gros riff tenu à la SUICIDAL TENDENCIES de Robert. Du rock en barre explosif avant le final et « Our Road to Dust » en titre épique, le vocal phrasé sur l’orgue envahissant et son relent génésisien, la flute tullienne addictive. Des traces sur OVERHEAD, entre grandiloquence, air de taverne de port de pêche, entre rythme tenu et tendresse, distillant au monde ce son unique faisant plaisir à entendre. Le break guitare plaintif puis scintillant, hachant et partant en solo avec Barry sur du GENESIS à nouveau. Innovant, moderne, énergique et pas soporifique pour un sou.

EDENSONG a sorti une petite bombe progressiste; un son étrange avec la flute en prime, des chœurs de marins flibustiers, des souvenirs de sons anciens remis au goût du jour et revigorés; du rock progressif contemporain pour un mélange ambitieux de sons envahissants, invitant au voyage sur les espaces progressistes, me permettant de faire la paix avec le grand JETHRO TULL. Comme quoi écouter des albums récents peut faire évoluer. Ce groupe de seconde zone explose à la face proposant un concentré associant parfaitement la puissance du hard d’avec la mélancolie ravageuse de la flute et des orgues anciens. La surprise du mois.