Sur les bases de compositions au piano datant des années 90 et 2000, le claviériste et batteur Diego PETRINI, s'est lancé dans la production de son premier album solo, lui qui est membre fondateur et compositeurs de la formation IL BACIO DELLA MEDUSA.

Cet opus, intitulé “La Materia del Suono” ("La Matière du Son"), permet à ce multi-instrumentiste d'exposer son immense créativité dans cet album concept aux deux grands chapitres, y incorporant une multitude de genres musicaux, parfois de manière surprenante, mais dans une démarche typiquement progressive. Bien que le cœur de l’œuvre soit dans la lignée jazz-rock fusion très mélodique, il n'hésite pas à assaisonner tout cela de musique classique, folk, hispanique, rock, de bossa nova, de vocalises lyriques "à la Castafiore", et de bruits naturels. Les claviers Moog et Mellotron sont à l'honneur dans un esprit 70's, qui fait très Prog scandinave.

PETRINI nous offre, avec l'aide de plusieurs complices, dont Eva MORELLI aux instruments à vent, qui est aussi du groupe IL BACIO DELLA MEDUSA, deux chapitres distincts, mais très cinématiques, totalement instrumentaux sauf pour le dernier titre où l'on retrouve au chant Alvaro FELLA de JUMBO, à la voix très rugueuse mais d'une grande authenticité. L'album se savoure comme la trame sonore d'un film, avec le romantisme du piano, où le doigté de PETRINI est digne d'un "Speedy" GONZALEZ et l'ardeur des percussions comme colonne vertébrale, où se greffent des jets de couleur stylistique dans des combinaisons éclectiques qui prennent extrêmement bien. Les chapitres, bien que sans parole, traitent des contrastes entre le naturel dans une première section très légère et relaxante, et le synthétique créé par l'homme, l’industriel, dans la deuxième partie, pour une envolée plus percutante, abrupte et progressive.

Parlant de nature, le premier titre "Come in mare le onde" commence par un son absolument étrange. Il s'agit d'un bruit enregistré par la NASA, soit le cri d'un trou noir, Perseus 8 de la constellation d'Andromède. Un premier titre très appréciable, à l'ambiance heureuse dans son collage farfelu de différents styles que j'ai adoré. On appréciera dans cette première partie la clarté du piano qui s'égrène en chapelets, la noblesse des chœurs synthétiques, un romantisme exacerbé, la puissance émotionnelle des instruments à vents, et une basse bavarde impressionnante. Un ensemble de morceaux solides qui nécessitent plusieurs écoutes pour absorber tous les détails de dingues qui y sont incorporés. Une section très convaincante fruit d'un travail monstrueux, à la légèreté très italienne qui pourrait certainement plaire aux fans de SAMURAI OF PROG et de QUELLA VECCHIA LOCANDA.

La deuxième partie monte en intensité, gardant quand même quelques instants de douceur, et se montre plus abrupte avec des sections plus lourdes, martelées et dynamiques, parfois expérimentales et très audacieuses. Des passages plus sombres, angoissés et moins heureux pour souligner le côté sombre de l'impact de l'homme sur la nature. Mais la performance des musiciens reste à souligner, dans cet autre type d'ambiance, avec autant d’instants classiques, jazzy, "bluesy", dignes de grands films. "La plastica" m'a le plus plu dans cette seconde section, car probablement la plus progressive, avec son intro (trop ?) rapide, ses synthés livrant des ondes frémissantes, aux airs d'ISOBAR, à la polyrythmie appuyée, et avec ses ondes hurlantes comme des fantômes hystériques.

Globalement, un album super intéressant, d'une grande richesse, à la très bonne production, et qui s’écoute agréablement en boucles. Totalement recommandable ! Et cela donne envie d'en connaître plus sur IL BACIO DELLA MEDUSA. Titres préférés : "Come in mare le onde", "Alla deriva" et "La plastica". Bonne écoute !