Nous voici donc avec le 27ième album studio du projet DICE, groupe formé en 1974 en Allemagne de l’Est par Christian NÓVÉ. Il est d’ailleurs le seul membre original de la formation à avoir traversé les cinquante années d’existence du groupe. Le guitariste du groupe des vingt dernières années Peter VIERTEL a été remplacé pour cet album par le jeune allemand Yannick FRANKE. Christian NÓVÉ a mentionné avoir l’intention de faire appel à plusieurs différents musiciens pour ses prochains albums / projets. Le parolier américain Dennis LEE SMALL a de nouveau fait équipe avec NÓVÉ pour écrire des textes très engagés sur la musique de DICE.

Avec un ‘Space Rock’ un peu noir et parfois tristounet assaisonné de sons Psychédéliques et/ou de parties plus axées vers le Jazz Rock, DICE a sorti son premier album en 1979 (“Christian [AKA : Chir.amb]”, un album plus axé vers le Krautrock) et on a dû attendre dix-huit ans avant la sortie du second (“Nightmare”). Les albums studio se sont ensuite succédé à un rythme assez régulier à partir de 1997, soit une parution par année (sauf 1998, 2003 et 2008 où ce furent des albums en spectacle). Le fait d’avoir leur propre maison de disque (Scene Records) a assurément donné plus de liberté aux musiciens, leur permettant de créer de la musique sans restriction quelconques.

Le titre de l’album ‘Awen From Outer Space’ nous ramène encore vers le Space Rock mais avec un triple sens : le mot ‘Awen’ est utilisé comme prénom mais il veut également dire ‘inspiration’ ou ‘inspiration des Dieux’ en gallois, cornique ou breton ET il désigne la force de vie contenue dans toutes les choses de l’Univers. Qu’importe la vraie signification du mot ‘Awen’ qu’à voulu utiliser l’allemand Christian NÓVÉ pour le titre de l’album, chaque définition a un certain sens avec la musique qui y est incluse. Avec six pièces totalisant presqu’une heure de musique, NÓVÉ et ses compères musiciens nous offre un album très bien ficelé. On a droit à une pièce avec un style se rapprochant de celui du groupe KAYAK croisé avec du COSMOGRAF (‘Chasing the Sun’) et assaisonné de sons FLOYDiens ici & là. Ensuite c’est un ‘Space Rock’ un peu symphonique (‘Burning Paper’) avec un changement vers le Jazz Rock afin de laisser toute la place aux soli. La pièce la plus Pop est sans contredit ‘Living In This Mad World’ et, comme sur chaque pièce de cet album, la seconde partie devient pratiquement instrumentale afin de laisser parler la guitare de Yannick FRANKE. Très mécanique, ‘Lost In Time’ est un ‘Space Rock’ sur fond plus électronique et majoritairement dominé par la guitare électrique du début à la fin de la pièce. La très jolie et trop courte instrumentale ‘Awen Papers Outro’ est assez prenante et agréable à la fois. La dernière pièce, ‘Deep In Outer Space’, a une petite ambiance des îles du Sud au début avant de changer pour un style fusionnant les styles des pièces ‘Living In This Mad World’ et ‘Lost In Time’, toujours avec un arrière-goût sonore un peu mélancolique et toujours avec beaucoup de place pour l’improvisation. On dirait que Yannick FRANKE a tout à coup manqué d’inspiration pour exécuter de bons soli de guitare sur cette pièce, évitant ainsi de rehausser la qualité de la pièce.

Une des forces des albums de DICE est qu’il y a beaucoup de place dans chaque pièce pour faire de l’improvisation, ce qui nous assure toujours un moment unique à écouter. Une des bémols des albums de DICE est la voix de Christian NÓVÉ qui ne s’améliore pas, rendant parfois pénible l’écoute des pièces. Il devrait peut-être se mettre à moins forcer son chant et réciter ses paroles au lieu d’essayer de les chanter comme dans le passé lorsqu’il avait la voix pour le faire. Il y a un nom allemand pour ce genre de chant : Sprechgesang (prononcer ‘Shpress-guezang’), ou Psalmodie en français. D’autres artistes l’ont fait avec un certain succès (Nick CAVE, Leonard COHEN, COSMOGRAF, Lou REED, Gil SCOTT-HERRON, etc.). Sinon, la musique de cet album est toujours aussi vibrante que sur les albums précédents.