CORMORANO est une formation de rock, de Prog et de jazz-rock qui existe depuis plus d'un demi-siècle, et qui est revenu au-devant de la scène en 2025 avec un nouvel album intitulé "L'Inciampo dell'Uovo" soit « Le trébuchement de l'œuf », qui offre un voyage sonore et philosophique avec une touche italienne. Celui-ci fait suite à « Obliquizioni d’Autunno" de 2023. Des sept membres fondateurs, il ne reste plus que DONDI, REGOLI et GIOVANARDI. Dans la configuration actuelle, qui date de 2020, on y retrouve le fils de Carlo Alberto BONI, l'un des autres fondateurs de cette formation.


La philosophie du groupe n'a pas changé, avec en vue une démarche artistique primant sur l'authenticité et la sincérité, loin des aléas et préoccupations mercantiles qui polluent le domaine artistique, quitte à demeurer une bête de type "underground". Le nouvel album comprend huit titres de factures variées et audacieuses, dont une instrumentale, ce qui complique un peu la catégorisation de leur musique, car on y retrouve un peu de tout, et parfois cela en demeure très déroutant.

Le premier titre, en est un bel exemple, offrant un mélange de "space rock grégorien"et de musique folk italienne, en mode psychédélisme au ralenti, tout égrenant des mots d'un langage inventé. Cela sonne drôlement bizarre, comme si on était sur un mauvais trip d'acide, ou comme si le disque tournait à l'envers. Perso, toutes les fois que je l'ai écouté, j'ai eu hâte que cela se termine. Gros contraste quand commence "Agguati Urbani", à la basse nerveuse, offrant un son dans le style du début des années 80, entre un son disco "kitsch" et des sonorités à la Alan PARSONS Project, dans un patron très répétitif. Très accessible, mais, a-t-elle sa place dans la catégorie Prog ? Je lui en veux pour son tenace ver d'oreille.

Jusqu'à maintenant, je n'étais pas vraiment fan de l'aspect vocal, mais avec "Somia", le chant se montre vraiment plus assuré et joueur, et il se passe quelque chose de très plaisant au niveau de la complicité entre le saxophone et les claviers. Un beau Jazz Prog entraînant, avec des passages "groovy", supporté par une basse agile et très présente. A coup sûr, la perle de cet album ! Avec "Amico", on se rapproche du style Paolo CONTE, un morceau plus intimiste et offrant une belle qualité sonore sans trop d'amplitude, qui sied bien au style vocal de son interprète, qui s'amuse en transformant sa voix en instrument. Plaisante, sophistiquée et très relax. Dans "Ora", la voix nous accueille en mode ‘’ouaouaron" sous Valium. Bien que superbement interprété, ce morceau m'a laissé de marbre.

La seule pièce instrumentale, "Trutse Nalem", m'a redonné le sourire, se montrant lumineuse à souhait, avec des sonorités d'accordéon, bien qu'il n'y en ait pas de recenser aux crédits. Pour sûr, la plus Prog folklorique avec un jeu de claviers plus libre et imaginatif, laissant place à une multitude de variations très probantes. Avec "Social Network", on appréciera la douceur suave du saxophone, dans un titre jazz rock, où le vocal prend toute la lumière. Pour conclure, " C'è che Sei - Paesazione 2", qui surprend avec la puissance épique de guitares majestueuses, sur fonds de vocalises torturées. Il y là une montée en puissance lente et subtilement "bluesy", qui fait beaucoup de surplace, avec adjonction de claviers atmosphériques, et de doux passages légèrement audibles de voix féminine, que j'aurais aimé entendre plus, qui se perdent dans un psychédélisme chaotique.

La barrière de la langue ne m'a pas permis de capter directement l'ensemble du message, mais heureusement qu'il y a "Google Lens" pour traduire les paroles, et comprendre les beaux textes de cette troupe, qui appellent à vivre une vraie vie, avec des interrelations, des prises de conscience, prônant la déconnexion et la lutte contre les addictions. Cela m'a pris beaucoup d'écoutes pour me faire une idée, pour comprendre leur identité musicale, car ma déroute résulte de leur capacité à prendre tant de routes différentes. Pour ma part, j'y ai noté quelques moments géniaux en mode Jazz, mais sur plusieurs titres, je suis resté sur ma faim, bien que cela soit bien composé et bien interprété, ce qui en fait un bon album malgré toutes mes réserves. Pas assez Jazz, pas assez Prog, et comme dirait PLUME, assied entre deux chaises. Mais à l'évidence, cela devrait plaire aux italophones et aux "italophiles", car cela a son charme. Titres préférés: " Somia», "Social Network", et la lumineuse "Trutse Nalem" Bonne écoute !