
CHRONIQUE / REVIEW
Bakelit
No Fear Of Drowning

Releases information
Release date:
September 26, 2025
Format:
Digital
Label:
From:
Self-Released
Sweden
Thomas Szirmay - October 2025
8,7
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Le nom de Carl WESTHOLM est bien ancré dans l'univers progressif puisqu'il a été à la tête du groupe Carptree, acclamé par des chroniqueurs ayant encensé 7 albums bien accueillis de 2001 à 2018. Il a également joué avec Hollingshead, Jupiter Society, Krux, Avatarium, Candlemass et Dec Burke. Il s'agit donc d'une nouvelle aventure incluant le batteur Jonas KALLSBACK, le guitariste Ulf EDELONN et les deux vocalistes Cia BACKMAN et Oivin TRONSTAD, Carl s'occupant de son arsenal de claviers ainsi que de la basse et des chœurs.
Comme par le passé, la musique de Carl incorpore de fortes doses d'un son électronique à tendance métallique, avec des penchants art rock audacieusement accentués, forgeant ainsi le prochain créneau d'évolution du rock progressif électronique. La pochette transmet parfaitement l'ambiance austère de cette production kafkaïenne, une construction de poutres d'acier boulonnées avec une précision redoutable, interconnectées dans une froideur déroutante.
Telle une éruption émanant du centre de l'enfer, « From the Underground » brosse un tableau sonore sombre, un panorama de sons texturés sans la moindre ambiguïté, lourdement chargés d'échos et d'une délivrance utopique quasiment orwellienne, avec les voix superposées d’un duo masculin et féminin en perpétuelle lutte, le tout priant pour la libération de l’abysse souterrain. Les bourrasques orageuses ajoutent à l'angoisse déjà suffocante, forçant les âmes à s'agenouiller sans réserve au pied du sanctuaire de la délivrance. Un seul mot convient parfaitement : tonitruant!
Un moment de répit, bien allongé dans un champ plutôt bucolique, « Moment of Peace », exprime parfaitement le traumatisme de la liberté et le besoin absolu de respirer l'air frais du matin. Aussitôt les poumons pleinement remplis, l’éclat électronique transmet magistralement une variation parfaite, garnie d’un solo de guitare hurlant, voué à un plaisir protecteur. Une bande sonore de prog utopique de premier plan.
Puis surgit une déflagration émotionnelle obscurcie par les nuages, une foulée de sentiments de tourmente intérieure, longtemps incarcérés et finalement exprimés avec audace sur « We Still Hate You », une harangue lyrique qui s'inscrit parfaitement dans l'extrémisme actuel alimenté par les médias, une diatribe bicolore de nihilisme sans fin et d'auto-immolation. L'arrangement musical est déconcertant, car le vaste arrière-plan des claviers met en évidence tout ce petit drame, se concentrant davantage sur le « still » plutôt que sur le « hate » ! Je préfère un peu de couleur dans ma vision quotidienne, et cela me rappelle à quel point l'obscurité peut être entonnement primitive.
En gardant le récit en pleine expansion progressive, l'assaut quasi-wagnérien de « Weak, Immature, Agressive » est certainement loin d'être mignon ou séduisant. Juste un état d'esprit » énoncé avec un état de conscience frôlant la capitulation abjecte, forçant à se retirer dans un monde intérieur d'amour, de bienveillance et de paix. Les riffs de guitare enragés envoient un message concret d'emprisonnement externe, un monde devenu fou où toute opinion se proclame procureur/juge/jury et bourreau, dirigé par les médias frivoles qui évitent le besoin d'un équilibre critique de la pensée. Oppressants, tyranniques et méfiants, des milliards de colporteurs de jugement qui remettent tout en question mais n'offrent aucune solution. Comme c'est pratique !
L'apothéose arrive finalement lorsque l'inexorable conditionnement engourdissant arrive par le biais d’une apathie éternelle, « No Fear of Drowning » nous envoie le message que les sens ont véritablement dégringolé dans la zone rouge, un abime de non-retour éventuel, à moins que l'accélérateur de désinvolture se voit remplacé par un freinage de réflexion intelligente sur la manière dont nous en sommes arrivés là en premier lieu. Réparer ce qui fonctionne et ne pas constamment forcer un ré-outillage absolu. Lorsque le cerveau se fatigue, il suffit d’explorer son cœur.
Le final déchaîné est atteint sur l'atomique « Bombs in My Head », une déflagration sonique qui souligne les abandons de l'esprit, face à une confusion sans fin, à une surenchère d'informations diluées et à une lassitude dépressive. La flamme rejoint la poudre, la combustion lente conduisant à un monde où plus personne n'est « en sécurité », même si leur ordinateur indique sans vergogne que tout va bien avec la réception à 5 barres!
La musique est convenablement autoritaire, une symphonie électronique avec une puissance éruptive à la Magma, des assauts choraux impitoyables, moussés dans un monstrueux vernis d'orchestrations de claviers électroniques et de tonnerre percussif catacombesque.
Avec ce second épisode, Bakelit devient une nouvelle lumière dans l'obscurité ténébreuse de l'avenir de la musique, et nous leur souhaitons bonne chance dans leur quête d'offrir quelque chose de factuel, bien ancré dans le présent et avec de fortes doses de réflexion brute. Cet album illustre le miasme actuel dans lequel nous nous trouvons collectivement.
Confusion sans fin, excès d'informations diluées et épuisement dépressif. Les paroles sont parmi les plus clairvoyantes et les plus percutantes que j'ai eu le plaisir (ou la crainte) de lire. Complètement apocalyptique.
PISTES / TRACKS
- 1. From the Underground (7:49)
2. Moment of Peace (5:15)
3. We Still Hate You (6:23)
4. Weak, Immature, Aggressive (7:20)
5. No Fear of Drowning (6:01)
6. Bombs in My Head (6:26)
musiciens / musicians
Cia Backman - Vocals
Oivin Tronstad - Vocals
Ulf Edelonn - Guitars
Jonas Kallsback - Drums
Carl Westholm - Synthesizers, backing vocals, theremin, bass