CHRONIQUE / REVIEW
Solaris
Martian Chronicles III I or A.I.
Releases information
Release date:
November 11, 2024
Format:
CD, Digital
Label:
From:
Solaris Productions
Hongrie / Hungary
Thomas Szirmay - December 2024
9,3
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Avec Omega, Solaris est le groupe de prog hongrois le plus connu, depuis déjà plusieurs décennies (Android n'étant pas loin derrière), diffusant régulièrement une longue série de six albums studio qui sont non seulement très appréciés par la communauté prog, mais également aimé des critiques et des fanatiques du monde entier. Le premier Martian Chronicles est apparu comme album en 1984 (bon timing) et a instantanément fait sensation, souvent mentionné dans les médias, même 40 ans plus tard ! Le deuxième chapitre fait surface en 2014 puis après une autre décennie, voici le tout nouveau « III : I or A.I. », un double CD contenant 82 minutes de musique prog symphonique de très haut calibre. Le groupe est resté à peu près intact, avec le regretté Istvan CZIGLAN devenu un membre spirituel, lui qui décédé en 1998. Inlassablement dirigé par le noyau central du flûtiste Attila KOLLAR, Robert ERDESZ aux claviers, le guitariste Csaba BOGDAN, puis Gabor KISSZABO, Tamas POCS et Attila SERES comme trio de bassistes ainsi que les batteurs Laszlo GOMOR et Ferenc RAUS, Martian Chronicles III est composé de longues suites, une marque de commerce de Solaris qui n'est jamais tombée en désuétude, cimentant leur réputation bien méritée pour un progressif athlétique haut de gamme basée sur des thèmes de science-fiction.
Les 20 minutes + de « Zoo Galactica » lancent cette nouvelle envolée avec audace, installant brusquement une introduction cosmique de ce son prototypique de Solaris : claviers et synthés luxuriants, flûte virevoltante, une solide pulsation rythmique et des leads de guitare électrique qui décorent l'univers sonore d'une myriade d'impressions, allant de la vigueur à la découverte. « Shadows of the Creators » vire vers une inspiration plus cinématographique, de délicates mélodies de synthétiseur qui s'orientent d'abord vers des contrées plus contemplatives, la flûte miraculeuse en tête de file, divulguant une menace lointaine et inquiétante d’une guitare en traquenard, à l'ombre du temps et de l'espace. Stoïque et réservé au premier abord, « The Guardians » assume son autorité avec confiance et détermination, alors que l'arrangement génère un soulèvement en densité, encore une fois marqué par un riff de guitare écervelé, et des synthés sifflants qui s'entrechoquent, le tout finissant par exploser dans un glorieux ballet cosmique. Examinant de manière décisive l'énigme contemporaine de la technologie qui prend le contrôle sans la moindre méfiance, du à notre routine quotidienne empressée , « I or A.I. » s'attaque à ce nouvel horizon avec un essai habile de flûte classique à l'ancienne, afin de mettre en valeur les réalisations tangibles du passé, puis frappe violemment ce concept avec une raillerie entraînante, accrocheuse et saccadée de riffs hachés, un déferlement d’orgue fulminante qui démolit tous les fichiers comme une mutinerie de super-ordinateurs surchauffés .
« Inflection Point » bouscule encore plus fort, soulignant l'attrait incroyablement charnel du piano pour lutter contre tous ces sons électroniques guidés par laser, dans une bataille pour la suprématie musicale galactique. La guitare étourdissante de BOGDAN en particulier fait sensation, laissant irrémédiablement place à ce farouche piano défendant son droit de lutter contre les six cordes, dans un beau duel à armes égales.
Changement de rythme sur la « Ballad of Déluge » s'étendant sur 21 minutes, imaginez une plate-forme de station spatiale sonore sur l'ouverture « Prologue », flottant en orbite qui lorgne vers une approche beaucoup plus symphonique, avec des timbales orchestrales en plein essor, un amas de violons et de violoncelles, ainsi qu'un chœur de trois personnes sur l'arrangement dirigé par la flûte et parachevé par un gong assourdissant. De manière inattendue, un orgue bouillonnant fait esquiver le vaisseau spatial avec un motif de guitare slide détendu et quelque peu country, comme une pièce vintage de Jethro Tull, un regard vers des contrées confortables. « Island of Survivors » est un vrai régal en combinant un énorme orgue d'église à la recette, des synthés époustouflants et une rafale de guitare turbocompressée pour notre plus grand plaisir.
Retour plus décontracté, « The ARK » choisit une approche plus jazzy, avec une batterie dégourdie, un sillon de basse qui s'ébroue, des ornements de piano virevoltants et un chœur à la Magma, alors que la guitare électrique prétend être un violon, les cordes excentriques enfonçant les derniers clous dans ce navire en bois mythique dirigé par un certain Noah, nous rappelant que la flûte est proprement un instrument des plus magiques. Avec de délicieuses connotations asiatiques, la section portant le titre de la suite en question ajoute des paroles hongroises chantées avec une nuance charmante et au destin inexorable, comme si le tsunami mondial ne produirait rien de moins qu'une renaissance, une sorte de résurrection, voire un retour au tableau noir (plutôt qu’un écran d'ordinateur) maintenant de mise. Un regard nostalgique vers le passé.
Sur le CD 2, les près de 40 minutes de « Dream Valley » accentue l'effondrement précédent et le renouveau imminent, un authentique discours d’un nouveau jour, dans un nouveau monde, avec un réveil des plus exemplaires, invitant espoir et détermination. Mais comme dans tous les rêves, il faut d'abord faire face aux « Nightmares », et cette explosion de rock sympho-hard nous sert à nous réanimer d’une sueur redoutable, un choc pour le système par définition. Les tambours ne montrent aucune patience envers la contemplation, la guitare basse ouvrant la voie comme une lumière directrice dans l'obscurité, la flûte apportant une couche supplémentaire de salut, le motif de l'orgue d'église exhibant l'absolution, tandis que les synthés et les guitares se fustigent en fusillade comme dans un film western macabre, pistolets ouvrant le feu. Superbe pièce.
Des antithèses affichées sur « Future Memories », on retrouve un bras de fer contrasté entre le précédent et l’éventuel, des voix et des instruments en plein désaccord, de l'électronique apocalyptique s'ingérant dans des rêveries à la Edith Piaf, une tranche d'opportunisme sonore savamment orchestrée, une voix de mezzo-soprano (je fléchis pour ce genre de son) gémissant comme si un grand concert dans le ciel était prévu pour les auditeurs astraux. Le solo de guitare grésillant est colérique, incitant les synthétiseurs à hurler de plus belle, une autre opportunité de montrer leur cohérence infatigable. La flûte et la guitare acoustique ont également leur mot à dire, de manière convaincante. Quel mélange d ‘ambiances et de sons variés !
Le chaotique « Golden Raven » a une résonance plutôt expérimentale, une courte étude en préparation d'un autre morceau phare (et le plus long de l'album) « Dream Valley », facilement interprété comme résumé parfait de cette parution, un arrangement électronique moderne/classique délibérément sobre qui donne l'occasion de vraiment apprécier la passion, l'atmosphère et les mélodies sublimes que ces magyars doués semblent maitriser. Pour aggraver encore les choses, un solo de basse fretless prend le relais et m'envoie dans un paroxysme de joie ! La section de percussions est d'une vivacité hors du commun, le violon tzigane sévèrement romantique et les chants scandés pleinement hypnotiques. Complexe et ludique, semblant parfois sans effort, la musique vibrante est tout simplement hyper créative, profondément divertissante et imprévisiblement confortable, imprégnant profondément l'âme. Piste exceptionnelle, sans le moindre doute.
La flûtiste Atilla KOLLAR a l'occasion de se défouler sur « Paradox », soufflant généreusement des notes au-delà des guitares résonnantes, les sections ambiantes ajoutant à la torpeur, entrelaçant une voix sifflante, des effets vocaux lugubres et une inspiration hors du commun. Il y a aussi une forte influence hispano-mauresque, qui se transforme en une tempête de sable parsemée de picots et d'échos, gardant l'auditeur constamment sur le qui-vive, une contradiction accomplie. La flûte rétablit le contrôle, provocante et valeureuse, repoussant les tentatives des guitares wah-wah et des contre-attaques de l'orgue pour saisir le contrôle de la situation.
Deux brèves pièces pour terminer ce chef-d'œuvre : la grandeur majestueuse à couper le souffle de « Monument », un sanctuaire progressif exhibant du caractère et de la substance, avec un énorme festival de chœurs célestes pour bien graver le sceau de cire pourpre. Et, une flûte sereine et un beau poème hongrois d'espoir et de rêve d'un monde meilleur pour tous vient cloitre le tout.
Littéralement une bande-sonore personnelle du film imaginaire qui joue dans notre esprit, je peux imaginer Ian ANDERSON écouter cela et crier à haute voix « Hot Night in Budapest » ! Cette œuvre devrait facilement se retrouver sur le podium des finalistes prog 2024, car il s'agit d'une coche nettement supérieure aux 2 précédentes Chroniques Martiennes, déjà légendaires.
PISTES / TRACKS
- CD1
ZOO GALACTICA (20:34)
1- Zoo Galactica (4:39)
2- Shadows of the Creators (4:05)
3- Guardians (3:51)
4- I or A.I. (4:06)
5- Inflection Point (3:53)
BALLAD of DELUGE (21:03)
6- Prologue (5:17)
7- Island of Survivors (5:35)
8- The ARK (4:18)
9- Ballad of Deluge (5:52)
CD2
DREAM VALLEY (38:43)
1- Welcome to the Collapse (1:52)
2- Nightmares (6:52)
3- Future Memories (7:12)
4- Golden Raven (2:18)
5- Dream Valley (8:44)
6- Paradox (7:47)
7- Monument (2:01)
8- The Last Poem (1:53)
musiciens / musicians
- Attila KOLLAR- flute, recorder, percussion, voice
- Csaba BOGDAN- guitars
- Robert ERDESZ- keyboards
- Tamas POCS- bass
- Gabor KISSZABO- bass
- Attila SERES- bass
- Laszlo GOMOR- drums
- Frenc RAUS- drums