Les fans absolus de GURANFOE, une jeune formation anglaise montante qui a produit deux premiers albums plus que brillants, sont sûrement déjà au fait de cette sortie surprenante, mais pour les autres, sachez que sous l’étrange appellation VONN ZANDUS se cache ( ou plutôt ne se cache plus) Joe BURNS, le claviériste et percussionniste de GURANFOE, qui joue à l’homme-orchestre car il s’occupe de tous les instruments sur son premier opus, sauf la guitare, qui d’ailleurs n’apparaît que dans un seul morceau intitulé « Latrominu », par l’entremise d’une prestation solo offerte par Rob BAKER.

Donc, il en résulte principalement une musique étrange faîtes de synthés et de percussions, dans des compositions instrumentales riches, joyeuses et dynamiques, qui fait un gros amalgame de fusion, d’électronique, de progressif et de psychédélique. Une musique qui ravit, qui fut composée par BURNS entre 2020 et 2022, et dont les parties instrumentales furent enregistrées dans trois studios différents, alors que la masterisation fut prise en mains par Samuel EASTER et le très connu Jacob HOLM-LUPO.
Les trois premiers morceaux forment un tout, comme une pièce en trois actes. « Unimortal I » c’est tout simplement une musique heureuse et déjantée, qui donne de l’énergie, où plusieurs couches différentes d’instrumentation créent un ensemble à la cacophonie organisée et plaisante, qui malgré tout démontre une grande cohésion et une direction claire. Cela plaira assurément aux fans d’ISOBAR, de ZAPPA et des grandes manœuvres d’improvisation d’ØRESUND SPACE COLLECTIVE. Imagination, effervescence, bourdonnements, souci du détails, transmission de bonheur, tout y est, dans un fracas qui se montre immense du point de vue créativité. La suite « Unimortal II » s’enchaine et reste dans la lignée du premier volet mais cela se veut encore plus lumineux, plus hyperactif, grâce aux claviers virevoltants et à la démence sur les fûts! Difficile de ne pas sourire face à ce joli chaos harmonieux et dantesque à l’inspiration outrancière! « Latrominu » s’enfile comme une perle et s’élance longuement sur le même patron, avec un subtil crescendo, et comme jeu, rendu à ce point, amusez-vous à localiser la guitare là-dedans, ce qui n’est pas évident car elle se perd dans les couches denses de percussions et de claviers.

Avec le souci de ne pas nous servir la même sauce jusqu’à la fin, les trois derniers titres sont dotés de caractéristiques distinctes et tous demeurent extrêmement convaincants. « Orin Talum » offre un tempo plus saccadé dans son approche, mais trace toujours cette urgence « Zappaesque » où sons cristallins, sifflements virevoltants et ouaouarons électroniques étouffés meublent la composition. « Tulla Morphic » propose une ambiance plus électro en intro et la technique du crescendo reste à l’honneur. « Too Beyond » complète cet album marrant avec des gazouillis joyeux, pour une musique festive qui fait office d’antidépresseur, où BURNS s’est trouvé un son et un rythme. Il livre un album sans temps mort, pas de ballade ni de période d’introspection, mais finalement, on peut parler de de tornade stationnaire de notes tourbillonnantes qui passe très vite même si les morceaux ne sont pas courts.

Six titres qui se veulent des pilules addictives pour générer un bonheur insoutenable. Il y a beaucoup d’énergie à absorber lors de l’écoute de ces morceaux, et selon le tempérament et les besoins de l’auditeur, cela pourra être perçu comme une bénédiction ou un fardeau! Quant à moi, bon public, je me suis éclaté ! Merci, Mr. Burns! Titres préférés : Pas facile de choisir, mais allons-y avec le bloc des trois premiers titres. Bonne écoute !