CHRONIQUE / REVIEW
Vitral
Os Loucos
Releases information
Release date:
August 30, 2023
Format:
Digital
Label:
From:
Self-Released
Brésil / Brazil
Serge Marcoux - October 2023
9,0
TRANSLATED REVIEW (GOOGLE TRANSLATE) BELOW FRENCH TEXT !
Lors de chroniques antérieures, j’ai parlé de la fertilité de la faune et de la flore brésilienne, bien connues et même reconnues quant à leurs importances. Cependant, le terreau du rock progressif brésilien n’a pas produit avec autant d’abondance. Personne ne doute pour autant de la qualité. Il suffit d’évoquer SAGRADO, BACAMARTE, QUATERNA REQUIEM, APOCALYPSE ou plus récemment CARAVELA ESCARLATE, TEMPUS FUGIT, KAIZEN ou VITRAL. Ce dernier groupe constitue un cas intéressant. La parution du deuxième album, « Os Loucos », quarante ans après la création du groupe permet de parler de la qualité en question.
C’est en 1983 que le groupe est apparu dans l’univers musical. Est-il besoin de préciser que les années 80 ne furent pas celles du rock progressif et que l’arbre n’a pu produire un fruit malgré la présence du leader et cofondateur EDUARDO AGUILLAR et de ELISA WIERMANN, notamment, qui sera à l’origine de QUATERNA REQUIEM avec le batteur original de VITRAL, CLAUDIO DANTAS. Cette première mouture restera en jachère et il faut attendre 2015 pour que VITRAL réapparaisse dans les jardins musicaux brésiliens. Deux ans plus tard, les deux cofondateurs du groupe, AGUILAR et DANTAS offrent le fruit de leurs efforts à l’arborescence musicale progressive, « Entre As Estrelas ». Mon collègue Philippe André a alors souligné la grande qualité de cette œuvre. Je souscris totalement à cette évaluation. Le groupe a eu la grande gentillesse de permettre à ProfilProg d’utiliser une des pièces pour le CD réalisé au profit de l’émission radio et du site Internet. Cependant, les nouveaux morceaux, alors en développement, devront attendre les changements, ceux du groupe et ceux du monde dans lequel il évolue.
Après cinq ans de gestation et à l’occasion du quarantième anniversaire de la création du groupe, voici le VITRAL nouveau et les huit fleurs fraichement écloses qu’il nous offre pour embellir nos heures d’écoutes. À l’instar du précédent album, « Os Loucos » ou Les Fous, est un album instrumental. La force évocatrice de la musique et les titres, si on les traduit, nous permettent de créer nos images, nos paysages. Et cette force est bien présente !
Le dernier membre original, EDUARDO AGUILLAR, a composé et arrangé la musique. Il est aussi le claviériste et bassiste. Le nouveau guitariste est BRUNO MOSCATIELLO. Alors que Philippe parlait de VITRAL, je vous parlais du groupe KAOLL et des compositions solos de BRUNO dans une chronique sur ProfilProg. J’en disais aussi beaucoup de bien. C’est pourquoi j’ai été agréablement surpris lorsqu’il m’a contacté pour me dire qu’il faisait maintenant partie du groupe. Son style fluide et mélodique, pensez GILMOUR ou LATIMER, convient tout à fait è la musique de VITRAL. Un digne successeur de LUIZ ZAMITH dont j’ai également eu l’occasion de faire la chronique de son très bon disque solo, « Introspecção ». Puisque tout est dans tout, je vous signale que EDUARDO AGUILLAR, CLAUDIO DANTAS et même KLEBER VOGEL, violoniste de QUATERNA REQUIEME, ont participé à l’escapade solo de M. MOSCATIELLO. Les flutes, si importantes sur l’album précédent, sont maintenant jouées par MARCO AURÊH. S’il est moins connu que MARCOS MOURA, autre fois de BACAMARTE, il n’en demeure pas moins que son jeu est superbe et ses interactions avec ses collègues se révèlent savoureuses. Je considère sa présence comme inestimable sur « Os Loucos ». Les fûts et les cymbales sont la responsabilité d’un batteur invité, GUSTAVO MIORIM. Ses talents, il enseigne l’instrument entre autres, combinés au jeu de basse d’EDUARDO AGUILAR offrent une assise polyvalente, et à la fois souple et puissante aux huit morceaux.
« O Grande Exército Pagão », La Grande Armée Païenne, campe fort bien le décor de « Os Loucos ». Un échange flute et clavier ici, quelques notes de guitares bien offertes là et un break tout en douceur après quelques minutes. On y trouve ce savant mélange de saveurs symphoniques, d’alternances de rythmes et une chaleureuse fluidité des interactions entre les musiciens et de leur jeu qui caractérise ce bouquet de pièces. Le groupe sait offrir des moments plus up-tempo comme sur « Ciclopes » ou la pièce titre, par exemple, où le son de l’orgue d’AGUILAR évoque celui d’un certain EMERSON sans devenir une copie, rassurez-vous. Le rock progressif symphonique de VITRAL offre les éléments qui caractérisent le son brésilien si je peux dire. Cette saveur musicale est bien présente et pas seulement à cause de moments aux sonorités plus typiques comme sur « Reinos do Norte », Le Royaume du Nord. Les amateurs de VITRAL et des groupes précédemment mentionnés connaissent ce style qui, à l’occasion, évoque la chaleur méditerranéenne.
C’est « Montezuma » qui est la plus longue pièce avec un peu plus de huit minutes alors que « Entre Es Estrelas » proposait une suite épique de plus de cinquante minutes. Ce qu’elles sont bien utilisées ces minutes de « Montezuma ». Une intro où la guitare de BRUNO vous file des frissons et où vous comprendrez ce que je disais de son style. En douceur, la flute et une nappe de clavier se joignent à la danse. Après deux minutes, la section rythmique change l’atmosphère et, bien sûr, le tempo. Mais cela ne dure qu’un temps et la musique nommée d’après un empereur aztèque continue d’offrir de multiples variations et des moments de grande beauté, à la flute notamment. À mi-parcours la guitare transcende le morceau et le rythme reprend de plus belle. Le piano calme le jeu rejoins par la flute et une guitare sèche. Beauté quand tu nous tiens ! Tout à coup, un sentiment d’urgence anime le morceau via la batterie et les claviers. C’est sur cette montée que la guitare revient plus prenante que jamais jusqu’à la conclusion. La balade qui suit, « Nas Asa de Horus » ou Sur les Ailes d’Horus, nous offre un répit et encore plus de beauté grâce à la guitare sèche, au piano et à la flute.
Avec « Os Loucos », VITRAL revient nous offrir la richesse de leur pays alors que nous ne les attendions plus. L’album possède clairement le son qu’on a connu et aimé mais avec une approche différente. Le découpage de l’offre instrumentale en huit morceaux peut faciliter l’attention pour les personnes qui trouvent plus difficile d’écouter une très longue suite. Mais attention, cela ne signifie pas pour autant simplicité. Chaque morceau offre un florilège musical dans lequel il fait bon nourrir son amour de la musique bien faite et des subtilités que l’on découvre avec les écoutes successives. La guitare est plus présente et souvent mise en évidence, ce qui constitue un atout remarqué. Ces moments de merveilleux contrastes entre la beauté et la douceur, souvent incarnés par la flute, le piano et des nappes de claviers ainsi que les envolées plus symphoniques qui représentent bien VITRAL sont toujours là. L’énergie transmise via le travail rythmique, la guitare électrique, l’orgue et le synthétiseur ajoutent à la puissance et permettent de savourer ces trop rares moments de prog brésilien. Espérons recevoir un troisième bouquet plus rapidement que celui-ci et espérons qu’une telle musique puisse aussi être offerte sur un support physique car seule une version digitale est offerte en ce moment mais à un prix très amical je le souligne. Ce serait bien fou de s’en passer !
PISTES / TRACKS
- 1. O Grande Exército Pagão (4:50)
2. Cíclopes (6:36)
3. Via Appia (6:13)
4. Sete Povos das Missões (5:36)
5. Reinos do Norte (6:11)
6. Montezuma (8:19)
7. Nas Asas de Horus (2:53)
8. Os Loucos (5:47)
Eduardo Aguillar - Bass, keyboards, and additional sampled percussions
Bruno Moscatiello - Electric and acoustic guitars
Marco Aurêh - Flutes transverse and recorder (contralto, soprano, and sopranino)
Guest musician:
Gustavo Miorim - Drums
musiciens / musicians