TUSMØRKE rappelez-vous cette pochette-là plus laide/ étrange/zarbi de 2021, un son folklo vintage de presque avant la naissance du prog, c’était eux; du folk psyché archaïque un rien progressiste, bucolique et beaucoup déconcertant. Un 10e album dans un genre à part pour danser des fesses et se balancer les doigts ou presque, un son singulier pour changer du monde ambiant.

« Cycle of the Gylfaginning » entame directe sur un folk prog vintage, ils ne changent pas; dynamique, me rappelant JETHRO TULL et surtout les groupes scandinaves troubadours dansant au clair de lune; les ‘Lalala’ des chœurs jouvencelles en rajoutent un peu plus. « Hestehoven » titre éponyme à l’ambiance 70 voire 60, proto rock folk du temps où les diables dansaient en farandole; flûte et claviers psychédéliques emmènent loin avec la voix d’origine; et puis d’un coup cet air trop connu repris genre ‘Ils ont les chapeaux ronds’, bon sur ’The Fiddler On The Roof’, son oriental, son psyché pour la gig de la nuit; ça devient enivrant, affolant et vachement (en français dans le texte) créatif finalement. « Den behornede guden » air bucolique récréatif; la voix de Kristoffer dans sa langue me fait plus penser aux sonorités des Balkans que celle de Norvège; air expressif où l’on attend de voir le diablotin avec sa queue tire-bouchon sortir d’un fourré, touchant, dansant, folklant et Hallelujahnt. « Åndemaneren » pour le titre ‘radio edit’ non je rigole, mais ça fait du bien; titre court et bien plus psyché que folklo; air dithyrambique, entre vintage et avant gardisme à vous de choisir, voix limite off sur un synthé space minimaliste. « Jeg klumser deg » ambiance de là-bas, ça vous l’avez compris; du folk déjanté oui, du prog non pour moi; son d’un monde où l’air sent bizarre, sûrement baigné d’herbes odorantes; j’y retrouve des pousses des GONG, singulier. « Kyprianos » part sur le krautrock, le psyché dark wave, ça tombe bien puisqu’il est question d’un livre Noir; froid, sombre, métronomique, un peu des fantastiques POLYPHONIC SIZE pour vous signifier qu’on part sur une terre lointaine où les contours musicaux sont élargis; break flûte sombre, cris protos et un son qui bouleverse, l’on ne sait si c’est pour une danse païenne ou une messe satanique, bref désopilant mais novateur aussi. « The Wicked Ways of Witches and Wizards » pour le proto-riff d’HENDRIX; l’air et la voix sur MINIMUM VITAL un temps avant de reprendre leur musicalité propre, un sax crimsonien au détour pour nous faire sombrer un peu plus puis le rythme joyeux à la Ian ANDERSON; un break soudain à base de riff heavy dénote et donne l’impression d’une incantation malfaisante, juste pour renaître sur ce territoire inhospitalier; de la flûte, des cris en refrain.

TUSMØRKE continue d’errer dans ses contrées froides hospitalières; de l’enfer, du monde chthonien, d’un univers en création perpétuelle d’où volettent fées et troglodytes sans têtes, royaume sombre qui doit cacher bacchanales et autres fêtes grivoises; en lisant je suis interloqué des sensations subjectives que peut imprimer ce groupe à priori gentillet dont la pochette rend à l’évidence sur la luxure; un album pour se pavaner à l’ombre d’un pommier, pour croquer à l’infini cette satanée pomme; pour satyres et nymphes qui dansent au crépuscule comme TUSMØRKE, pour fans opposés au prog vieillissant imparablement et se languissant, pour fans usés espérant trouver l’éternelle jeunesse à cette écoute.