Si vous avez le goût d’une petit pause psychédélique toute britannique, dans le style des BEATLES dans le dernier tiers des années soixante, je vous invite à découvrir ou redécouvrir, le premier album de TOMORROW, la formation dans laquelle sévissait Steve HOWE avant qu’il ne rejoigne YES, il y a 55 ans. Il s’agit d’une version totalement repensée de cet album, par Steve HOWE lui-même. L’album a été remastérisé à partir des mixages mono originaux et post-produit en utilisant la technologie audio d’aujourd’hui pour le « revamper ». Il inclue des morceaux studio moins connus, a été doté d’un nouveau titre, « Permanent Dream », en plus d’un nouvel ordre de passage remanié. Afin de faire oublier la pochette originale très terne, une toute nouvelle pochette et de nouvelles illustrations sont proposées par les collaborateurs de longue date de Yes, « The GOTTLIEB Brothers ». Une pochette qui vous fera sûrement penser à celle de « Big Generator » de YES au niveau des couleurs choisies.

Initialement connue sous l’appellation de THE IN CROWD, celle-ci opta pour TOMORROW qui obtint une certaine notoriété grâce à un film de 1967 intitulé « Smashing Time ». Une année faste pour eux avec deux chansons sur les ondes radio soient « My White Bicycle » et « Revolution », et une performance « live » dans le sous-sol du club UFO de Londres qui leur donna quelques instants de gloire « underground ». La formation à la brève existence ne connut pas le succès escompté car malgré la qualité de leur musique, elle se présenta sur le marché dans le creux de la vague du rock psychédélique, donc un peu en retard.

Le groupe se sépara. Steve HOWE prit le chemin de la béatification avec YES, John Alder se tourna vers « The Pretty Things » pour travailler sur l’album « S.F. Sorrow », et puis il forma « The Pink Fairies ». Quant au bassiste John WOOD, il assista occasionnellement le grand Jeff BECK dans ses prestations scéniques.

Avec un son typique de cette époque lointaine, les morceaux sont généralement très ramassés, entre deux à quatre minutes chacun bien qu’il y ait des exceptions. Une musique qui plaira à coup sûr aux fans des BEATLES et des « Dukes of Stratosphear » (a.k.a. XTC) avec des rythmes très dynamiques, teintés d’orientalisme, de mysticisme et de bizarreries appréciables sous hallucinogènes, bien que le son ne soit pas toujours à la hauteur, même si on sait que tout fut fait pour restaurer le tout de digne manière. On a l’impression étrange à l’écoute de ces sonorités très datées d’écouter des vieux classiques du genre, comme si cela nous était déjà très familier. Un gros plus est attribué à l’ensemble pour le jeu de guitare hystérique, pour les morceaux à l’inspiration tout indienne, et pour ceux qui alignent un patchwork de rythmes et allures différents. Pour les morceaux Live, ils déçoivent, car ceux-ci sonnent comme des mauvais « bootlegs » mais ils témoignent de la réelle énergie scénique de ce groupe qui n’eut pas la chance de briller à sa juste valeur. « Shotgun and the Duck » offre de très bons moments instrumentaux, et on se demande à la fin de la lecture des pistes s’il n’aurait peut-être pas mieux valu réenregistrer tout cela en 2023 ?

On est à vrai dire très loin du rock progressif, mais cela reste quand même une plaisante opportunité de découvrir le jeu de Steve HOWE en début de carrière. J’ai bien aimé cet ensemble de morceaux qui bougent malgré la qualité sonore qui n’est pas souvent au rendez-vous, mais il faut prendre cela comme une expérience unique pour se replonger dans une époque fougueuse, où toutes les formations britanniques dominaient les courants musicaux sous le signe de l’exubérance. Titres préférés : « My White Bicycle », « Why », « Revolution », « Real Permanent Dream – Version Two », et « Caught in a Web ». Bonne écoute !