Voici un disque qui a connu une certaine période de gestation pour le moins. Thomas GLONKLER a commencé à le composer en 2010 il y a donc treize ans avant de l'achever il y a quelques semaines. Deux précisions importantes pour les initiés et les autres le disque est conceptuel comme bien souvent de nos jours dans la musique progressive et le chant est dans la langue de GOETHE, ce qui pourrait en rebuter certains. Thomas GLONKLER fut le guitariste et coleader de la formation néo prog ICU dans les années quatre-vingt-dix, pour souvenir vous pouvez réécouter leur second album "Now and Here" leur meilleur de mon modeste avis.

"Tiefenland" qui signifie Terre Profonde c'est le regard d'un enfant qui se pose des questions sur ses origines et sur son monde futur. Pourquoi "Tiefenland" ? Parce que c'est un morceau de l'être humain où celui-ci peut se déplacer et y rester ou le visiter et y voyager."Tiefenland" est en quelque sorte la bande son de nous-mêmes, de nos âmes, de nos idées, de nos rêves.

Alors à quoi pouvons-nous penser en découvrant "Tiefenland" ? Sans nul doute dès "Bis zum Himmel Part one" à ANYONE'S DAUGHTER que ce soit pour la voix d'Alex HANAFI fortement réminiscente de celle d'Harald BARETH ou les guitares que n'auraient renié Uwe KARPA ; et si nous traversons le Channel le parallèle évident nous dirige vers le chameau britannique car ANYONE'S DAUGHTER était en quelque sorte le CAMEL teuton (jusqu'à "Neue Sterne"). Le morceau éponyme "Tiefenland" met en avant le saxophone de Jorg WUNDERLICH et ce de bien belle manière, comme savait si bien le faire d'une part Mel COLLINS (CAMEL donc à une certaine période) ou le plus médiatique John Anthony HELLIWELL avec le super clochard, saxophone plus six cordes pour un final incandescent. La guitare qui nous accompagne dans "Verloren" est quant à elle plus à rechercher du côté d'un certain Michael HOLMES, je ne ferais pour autant pas un raccourci entre ICU & IQ !

Les trois parties de "Die Stille nach dem Schrei" qui cumulent plus de onze minutes sont entrainantes et dansantes avec de nouveau un saxophone brillant et des "handclaps" dans la première, une "grosse" rythmique dans la seconde et une troisième plus mainstream et pour le coup moins progressif au sens littéral du terme. ‘’Frei sehn" également en trois parties pour un peu plus de neuf minutes, s'inscrit dans la même mouvance, tour à tour calme et reposant (partie une), puis assez rock et plus chanson (partie deux) et enfin symphonique (partie trois), bref un beau panachage musical avec des différences.

Après l'intermède acoustique de "Die Endlichkeit der Welt" avec un harmonica soliste (Matthias FUHRMANN), place aux dix-huit minutes en quatre épisodes de "Schattenland" pour conclure cet excellent disque que je n'attendais honnêtement pas à ce niveau, une pièce hautement symphonique, avec des cuivres surprenants dans la troisième partie et des chœurs d'enfants superbes dans la quatrième de la "Kinder Schlehengäuschule Gechingen" pour une conclusion enchanteresse.

Quel (s) reproche (s) à ce disque ? Compte tenu de mes gouts personnels, trop chanté même si très bien chanté, à part cela c'est tout...