Après quelques mois d'absence depuis leur dernier opus "Anthem To The Phoenix Star (invité MARCO GRIECO) sorti en octobre 2022, les prolixes "Samurai of prog" reviennent avec un nouvel album concept, s'appuyant sur une partie de l'histoire de France durant le règne du Roi Soleil. Pour cela ils se sont inspiré des textes de VOLTAIRE, d'un hypothétique frère jumeau de Louis XIV. La plume ALEXANDRE DUMAS et VICTOR HUGO ont fait le reste, pour immortaliser dans leur ouvrage le plus célèbre prisonnier de France, l'homme au masque de fer.

Musicalement, voyons comment le trio finnois-italo-américain KIMMO PÖRSTI, MARCO BERNARD, STEVE UNRUH aborde ce thème hautement captivant et dramatique. Pour cela, ils ont fait appel au claviériste, arrangeur, chef d'orchestre italien OLIVIERO LACAGNINA (Latte e Miele) pour la composition et une partie de l'écriture, entouré de surcroît par les membres éminents de TSOP (voir Line UP). Le maestro italien, apparemment très inspiré par le sujet, nous a concocté un tableau d'une musicalité de grande envergure, découpé en 17 morceaux de courtes durées. Ceux-ci sont construits comme de petites scénettes cinématographiques, qu'affectionne tout particulièrement le combo international. Cette fresque musicale illustre magistralement l’époque historique des érudits desdits textes. Toutefois, n'ayez crainte, la feuille de route du chef italien explore un tantinet la musique baroque sans perdre d'horizon l'identité du groupe. Nonobstant le récit dramaturgique, l'auditeur se régalera sur ce dernier opus, et y découvrira une palette de tessitures, qu'elles soient mélancoliques, chaleureuses, dynamiques sous couvert d'un rock progressif symphonique, classiques, sublimées par le vibrato du violon de STEVE UNRUH ou des guitares virevoltantes dans des accords façons jazz fusion bien goupillé de derrière les fagots. Item concernant la prestation qualitative de chaque Instrumentiste, ils apportent par leur qualité de jeu une touche supplémentaire à l'ascenseur émotionnel dans les diverses compositions. Le maître de cérémonie OLIVIERO LACAGNINA comme l'était en son temps l'illustre JEAN BAPTISTE LULLY à l'époque du roi soleil, introduit quelques mesures de la marche turque, dans "The Iron Mask Ouverture", précédé par une entrée inaugurale dans un style néoclassique adapté à ladite période. Un petit clin d'œil à la musique baroque bien encapsulée! Cela dit, BACH sera représenté également à travers les "concertos brandebourgeois" dans "Celebration For the Birth Of the King". Le Cantor de Leipzig apparaît également, dans "l'épilogue" une ouverture tournoyant avec un final bien tempéré. Une petite ritournelle, également, qui colore l'atmosphère, un rappel à la scène lyrique baroque, comme dans le final de "The Conspiracy Of The Rosicrucians". Les "samurai of prog" experts en dissimulation de strophe classique glissent parcimonieusement quelques harmonies éphémères de l'inoubliable JS BACH, géniteur de la musique progressive. Durant ces moments les claviers revêtent les couleurs des clavecinistes baroques. Tous ces entrelacs incrustés dans un prog symphonique apporte les harmoniques et les ornements nécessaires à l'ambiance du concept album.

Cela dit, je suis heureuse de voir que le très discret et talentueux STEVE UNRUH soit omniprésent sur cet opus. Il manie son instrument avec élégance que ce soit sur les parties classiques, ou avec plus d'énergie et de virtuosité lors des accords de jazz rock fusion. Il manie également la flûte avec voluptuosité dans la "Berceuse To The King", une mélodie mélancolique parfaitement adaptée à sa voix suave. Il est également présent voire surprenant dans un duo lyrique au côté de la voix un brin soprane de LAUREN TREW. Quant aux autres membres du groupe, leurs prestations respectives sont toujours de grandes qualités. Les frappes sèches de KIMMO PÖRSTI à la batterie, les lignes de basses de MARCO BERNARD, les riches passages des guitares, les claviers luxuriants OLIVIERO LACAGNINA, apportent non seulement une osmose au sein du groupe, mais, ils créent également une atmosphère, ils transportent l'auditeur dans les ambiances, les situations, et embaument la pièce de leur identité qu'elle soit dramatique, mélancolique, angoissante ou inquiétante. Les mousquetaires sont toujours là l'un pour l'autre, tous pour un et un pour tous, comme le disait si bien ALEXANDRE DUMAS.

Pour résumer, les "Samurai of prog "nous proposent à nouveau de biens belles compositions élaborées avec soin. Ils suivent minutieusement les récits littéraires évoqués tel un thriller à suspense depuis l'ouverture à l'épilogue. Ils calquent musicalement parlant les émois de l'épopée des complotistes à mettre le nouveau roi sur le trône. On y retrouve en autres, durant ces moments-là, de la joie comme "Dance At The Court", des rythmes harmonieux et grandiloquent dans "Palais Royal" le désespoir, l'angoisse dans "The Fortress" ou bien la magnificence dans "The Ambush And The Clash" saisissante, contrastée, alambiquée, dissonante, mais aussi poignant dans le duo vocal de "Father And Daughter", plus éloquent dans "The New King" explosif, mais tempéré dans "Epilogue", bref, un album de grande qualité à avoir dans sa discothèque.