Je découvre l’œuvre de cette formation texane originaire d’Austin, avec leur quatrième album, menée évidemment par son leader Aaron CLIFT, claviériste qui a composé l’ensemble des textes. Une formation à l’instrumentation classique, clavier, guitare, basse, batterie et percussions, qui s’adjoint à l’occasion, grâce à onze artistes invités et un « brass band » entier, la chaleur des cordes des violons, et les vibrations sonores de cuivres en tout genre, livrant un son aux multiples facettes, soit un mélange de rock classique, de rock moderne, d’ « art rock », de « crossover prog », et de musique classique, le tout étant livré avec professionnalisme, soins et qualité par des musiciens aguerris.

Un album qui traite d’un fléau majeur de notre époque, la désinformation, la promotion de fausses vérités et le complotisme, qui ont pris leur envol avec l’avènement des réseaux sociaux, mais aussi grâce au clivage politique sur les chaînes télévisuelles américaines poussées par les intérêts financiers de groupes obscurs. Des outils extrêmes de manipulation des masses dont l’impact est « social, politique et économique. D’ailleurs la pochette fait probablement référence subtilement à Twitter » où les gazouillis des corbeaux fourmillent de contre-vérités. Globalement, un plaidoyer en faveur d’une quête pour la vérité.

C’est le genre d’album pour lequel if faut quelques écoutes pour vraiment se fondre dans l’univers proposé par cette troupe. Une écoute superficielle risquera de vous décevoir. Cela m’est arrivé. Une première écoute, et puis bof !! Ensuite, deuxième, troisième, et puis là, les passages accrocheurs font leur boulot, on se met à noter la forte cohésion de l’ensemble, la variété offerte, et la voix du chanteur qui de titres en titres se bonifie, prends des nuances, du style et rend des émotions. J’aime bien cette voix, parfois criarde, mais affirmée, et qui justifie sa présence dans les moments de colère. On notera également d’intéressantes harmonies vocales à l’occasion.

Comme conseil, je vous dirais de commencer l’écoute de l’album par la sixième chanson et de laisser couler par la suite. « The Color of Flight » est comme un ovni dans cet ensemble. Douce, au son clair, c’est une belle chanson, pas vraiment Prog, mais dont la beauté intense du violon séduit dans ce morceau qui montre de subtiles teintes du sud tropical. Comme un éclat de lumière, pour bien commencer, et qui contraste avec la froideur de plusieurs autres titres. Émotions palpables. Béatitude. On plane. « Malaga », très rythmée et enjouée fait très 80’s. Encore une fois, la section musicale au violon ajoute un charme particulier à cette chanson concernant une ville espagnole, sans montrer un seul signe de culture andalouse dans celle-ci. Dans « Weight of the World » on appréciera l’excellent jeu de basse de WARREN qui crée l’ambiance. Ambiance plus éthérée au début dans un morceau où CLIFT offre à mon avis sa meilleure performance au niveau nuances dans le chant.

« Bet on Zero », avec plus de dix minutes, nous offre une ambiance explosive, vibrante, vivante. Ici, c’est comme si on changeait de groupe pendant un moment jouissif, qui nous porte dans une autre dimension. Cela me fait penser au Billy Joel de « 52nd Street » mais en plus lourd et plus « jazzy » sale. Le travail des cuivres du Big WY’s Band prend toute la lumière, supporté par l’excellente performance du batteur qui se donne à fond en livrant un solo dynamique. Les autres morceaux que je ne commenterai pas en détails sont très bien, offrant de la lourdeur, mais sont moins intéressants que celles où violons et cuivres bonifient l’ambiance. J’ai noté des faiblesses au niveau enregistrement sur le premier titre, où cela manquait de définition, cependant pour le reste, la production est bonne, et le rendu probant. Un bon album intéressant qui permet d’entrer dans l’univers d’Aaron CLIFT, en souhaitant que ses futures réalisations continueront d’intégrer cette instrumentation riche qui ici a fait des merveilles. Titres préférés : « The Color of Flight » « Málaga », « Weight of the World », « Dark Secrets » et « Bet on Zero », qui se trouve à être la meilleure à mon avis. Bonne écoute !