Cinq longues années se sont écoulées depuis la parution de « Sonder ». À l’époque, j’avais été agréablement surpris par la direction empruntée par le quintet. Une pandémie plus tard, les Anglais nous reviennent enfin avec neuf nouvelles pistes. N’attendons pas une seconde de plus et lançons-nous immédiatement à la découverte de ce « War Of Being ».

D’emblée, on peut immédiatement noter que TOMPKINS n’a rien perdu de sa grande versatilité vocale. Dès l’amorce de « Natural Disaster » il fait état de contrastes bluffant en enchaînant une partie gutturale bien sentie et un chant clair agréablement mélodieux. Il ne faut pas s’aventurer bien loin pour saisir que Tesseract compte nous offrir une œuvre un tantinet plus sombre que la précédente. Si les éléments planant de « Sonder » sont toujours bien présents, on sent une volonté d’amener l’auditeur sur de nouveaux territoires. Fait important à mentionner, la production est de grande qualité. Chacun des instruments trouve la place qu’il mérite durant toute la durée de ce nouvel opus, une situation trop souvent reprochable à d’autres formations de ce genre.

« Juno » avait été un très gros coup de cœur pour moi sur l’œuvre précédente et je dois avouer que j’éprouve à peu près les mêmes émotions avec « Legion ». Plus corsée et épicée que son prédécesseur, ce morceau contient tous les ingrédients qui font de Tesseract un plat de choix. Justement dosés, les passages lourds alternent avec des envolées mélodieuses qui demeurent longuement en tête, sans parler de la performance vocale à nouveau incroyable. Au beau milieu de l’offrande, « Tender » nous offre une petite touche de légèreté. Une belle façon de reprendre notre souffle juste avant d’affronter le monstre éponyme qui suit. Et quand on parle de métal progressif, le titre fleuve en est un exemple parfait. Autant par ses rythmes débridés que par sa structure éclectique, la piste est un pur régal auditif. Les guitares lourdes de KAHNEY et MONTEITH doublés à la puissante batterie de POSTONES parviennent à donner beaucoup de caractère à la composition. D’ailleurs, je cherche encore à comprendre la partie rythmique complexe qui survient au quart de la pièce. Malgré tout, c’est encore une fois Daniel TOMPKINS qui attire toute l’attention. Son travail vocal est étoffé et parfait en tout point, on dirait que tout ce que cet artiste touche se transforme immédiatement en or.

La pièce « Burden » aurait pu se retrouver sur « Sonder » tant les sonorités s’en rapproche, mais elle prend une tout autre tournure en milieu de parcours. Soudainement plus agressive, la composition arrive à se démarquer avec sa finale aussi puissante que mélodieuse. Frôlant les dix minutes, le morceau de clôture se veut un magnifique portrait de tout ce que représente Tesseract. On retrouve de tout dans ce « Sacrifice ». C’est également dans cette composition que Amos WILLIAMS parvient le mieux à se mettre en valeur, sa basse se mariant parfaitement aux rythmes de POSTONES.

Décidément, ce voyage proposé par Tesseract est tout à fait varié et magnifiquement organisé. Impossible de s’ennuyer avec ce « War Of Being ». Il aura fallu nous montrer patients avant d’avoir droit à ce nouveau matériel de la part des Anglais et ils auront su nous récompenser admirablement. J’aimerais ne pas avoir à attendre un autre cinq ans avant de pouvoir me mettre du nouveau Tesseract dans les oreilles. Cependant, si c’est tout ce qui est nécessaire pour obtenir un prochain album aussi réussi, la qualité primera toujours sur la quantité!