Tempus Sidereum (temps sidéral en français) est le nouveau projet du Californien Ken JAQUESS que certains érudits pourraient déjà connaître comme étant l’éminence grise derrière le supergroupe K2, qui réunissait aux alentours des années 2010 quelques musiciens de renom tels que Allan HOLDSWORTH (ex-UK) et Ryo OKUMOTO (ex-Spock’s Beard) et qui mettait de l’avant des sons très vintage à l’aide d’instruments analogiques et d’époque, autant que faire se peut.

Après quelques années à avoir roulé sa bosse sur les circuits états-uniens et européens des scènes progressives avec K2, voilà que M. JAQUESS se remet à l’écriture pour nous présenter son nouveau bébé : Tempus Sidereum, avec l’album « Tempus Sidereum 1 ». Hé oui, « 1 » car il y en aurait deux autres en préparation.

Sans être un album concept, « Tempus Sidereum 1 » prends tout de même forme autour d’une ligne directrice, soit la pandémie. Lors d’une entrevue qu’il accordait il y a quelques mois à Ron FUCHS de la chaîne Prognaut, sieur JAQUESS explique qu’il a perdu quelques êtres chers aux mains de la COVID-19 et qu’il avait voulu leur rendre hommage en musique. Pour finir, il a retenu plus de 3 heures de matériel, qui ont servi de canevas à la production des cinq chansons composant l’album (la sixième étant une reprise d’une pièce d’Asia), chacune menée par un chanteur ou une chanteuse différente, seule façon selon le compositeur de donner une personnalité unique à chacun de ses hommages. D’ailleurs, jetons-y donc un petit coup d’œil avec quelques commentaires.

« Dust and Shadows » s’ouvre sur une mélancolique mélodie au piano suivie de la voix voluptueuse de Tiaday ROCK. Le rythme devient par la suite plus puissant emporté par l’orgue et la guitare qui surgissent, avant que la basse et les percussions donnent le coup de grâce. Pièce toute en émotion, moitié délicate, moitié intempestive. « Rise Pt 1 ». La pépite, elle est ici. Sans aucun doute selon moi la pièce la plus aboutie de l’album. Plus de 16 minutes de prog symphonique dans sa plus belle expression. Rythmes et harmonies se chevauchent ici à vitesse grand V. Polyrythmies, contrepoints, ça vous dit quelque chose ? Sans parler d’OKUMOTO qui s’impose à grands coups de mellotron et de synthé. Vous allez avoir besoin de quelques écoutes avant de tout assimiler !

« Umbra ». Pleine d’entrain, cette pièce est littéralement portée par la voix de Courtney IRELAND. Les musiciens quant à eux en profitent pour y aller de quelques passages démontrant leur talent et leur virtuosité. « Currents » nous amène carrément ailleurs. Le tempo est plus lascif et voluptueux. Les harmonies vocales plus présentes. On reste ici sur une structure musicale plus classique couplet-refrain-couplet tout à fait réussie car la mélodie s’impose de belle façon. « Double Down ». D’inspiration jazz fusion frôlant parfois l’improvisation, cette pièce demeure toutefois tout à fait accessible et s’inscrit bien dans le plan de match du compositeur d’offrir des pièces de différentes saveurs. Celle-ci est réussie ! « Midnight Sun ». Pièce originale d’Asia, de l’album Alpha sorti en 1983, « Midnight Sun » n’avait une durée à l’époque que d’à peine 4 minutes. La version de Tempus Sidereum l’allonge à presque 10 minutes. Et c’est tant mieux ! Cette pièce, que plusieurs considèrent comme l’une des meilleures d’Asia, bénéficie ici de la touche personnelle de Ken JAQUESS qui a su métamorphoser une fleur magnifique en un bouquet majestueux. Très bel hommage en quelque sorte. À retenir et à souligner, la guitare en tout point similaire à celle de Steve HOWE. À s’y méprendre !

En résumé, agréable surprise que cet album, qui me donne presque envie d’explorer les autres projets de Ken JAQUESS et d’attendre avec impatience « Tempus Sidereum 2 et 3 » qui seront eux disponibles en format CD.