SUNCHILD est né en 2008, autre projet d’Antony KALUGIN, montrant l’étendue de ses talents de compositeur. Un son à la croisée de sons d’antan remisés, retravaillés pour partir sur des contrées bucoliques fleuries; des tempos variés où le clavier se taille la part du lion; un son symphonique plus rock fruité que sur KARFAGEN, plus MINIMUM VITAL, moins TRANSATLANTIC, moins folklorique, avec 3 guitaristes pour relever les joutes des claviers. 4 ans de travail et cet album en deux parties sort sur des réminiscences diverses de YES, CAMEL, SUPERTRAMP et GENESIS en toile de fond. Une musique progressive, lumineuse, légère, aérienne et entraînante.

« Life Lines » entame à la croisée d’un YES et GENESIS, symphonisme sur les claviers omniprésents, voix plus calme que sur un KARFAGEN, qui renvoie aux travaux des FLOWER KINGS surtout; break yessien dès les 5 minutes avec une basse squirienne et un piano digne d’un SUPERTRAMP; des cors, hautbois, ça part de partout sur un air frais, moderne et vintage à la fois, assez déroutant; Antony aux vocaux permet d’éviter de se perdre dans ses méandres de notes, l’air virevoltant avec chœurs et guitares limite hard renvoie d’un coup aux effluves des PINK FLOYD. Le dernier quart se veut plus folklorique cependant avec sons d’accordéon, puis de saxo, puis soli de guitare qu’il ne faut surtout pas oublier, qui donnent de la profondeur à ce titre fleuve. « Northern Skies » dès son intro me rappelle David GILMOUR c’est ainsi; la piano vient flirter avec le son SUPERTRAMP c’est dire l’intention progressive, des chœurs féminins chaleureux et un air épique, j’ai lu ‘hymne de scène’, je confirme aisément; ça monte sur du grandiloquent progressif, genre bouquet d’artifice avec un son Charisma label d’un coup, entre SHELLER et GENESIS, bluffant car j’y entends un peu de la guitare de MAY juste avant de revenir à un son plus oldies; dernier tiers au break vocal sombre, voix phrasée et ambiance feutrée avec saxo plaintif et à nouveau les chœurs endiablés de Olha et Maria pour le final tout en douceur, à réécouter!

4 bonus dont 2 titres reprises des pièces majeures et « Timeless Motion » pour…la reprise avec saxo, intro sirupeuse sur du OLDFIELD, du YES avec la guitare de Steve HOWE. « Northern Lights » titre ô combien situé sur l’ambiant, la mélodie; moment d’espace musical cinématique de fait avec les synthés magiques d’Antony, un pendant du single suivant, « Northern Skies » repris en titre court pour passer dans les radios…. Ah non j’avais oublié qu’en France la bonne musique n’a plus sa place; trêve de palabre, le son à la William SHELLER qui a bien œuvré lui aussi dans le prog, un titre où les chœurs réchauffent l’air. « Life Lines » en titre court pour les nouveaux fans de prog qui recherchent l’âme prog sans vouloir se plonger immédiatement dans ses méandres, pour aider à entrevoir les sous chapitres du titre phare dans lequel on peut se perdre si l’on ne fixe pas la bonne lumière.

SUNCHILD sort un album prog sur deux titres longs partant, revenant, bifurquant, surfant sur l’ère ô combien controversée du mouvement progressif. Morceaux symphoniques et mélodiques avec breaks longs dans un digipack luxueux avec posters, pour les fans de l’ancien temps où l’on prenait le temps. Un album qui vient s’empiler dans le catalogue démoniaque d’Antony, véritable orfèvre des 10 doigts. Plus de voix qui le différencie irrémédiablement de KARFAGEN, plus de sens lyrique et de mélodies qui montrent que le prog d’aujourd’hui, tout en se gavant de réminiscences anciennes, peut toujours émouvoir. Moi qui pense que le prog ne doit sa survie que grâce au métal, je conçois qu’il existe des exceptions comme ce superbe album fouillis mais fondant, remarquable. A voir s’il tiendra la route l’année durant.