Michał DZIADOSZ, ce musicien de Varsovie, poursuit avec son projet solo « STRANGE POP » en offrant une suite à son album d’avril 2022, « Ten Years Gone », et ce, toujours avec la précieuse aide de copains de différentes formations musicales, et il y a du gratin ! Des musiciens chevronnés d’AMAROK, MILLENIUM, COLLAGE, SEASONAL et DISTANT MANTRA. Le titre ambigu, soit deux années, ne signifie pas qu’il s’agit d’une compilation de vieilles œuvres. Il s’agit en fait d’une source d’inspiration et une volonté de créer des morceaux qui sonnent dans l’air du temps de cette période effervescente, tout en restant moderne, quoiqu’il y ait bien une certaine volonté de suite à la parution précédente, mais sans trop chercher à se répéter.

Au niveau des paroles, c'est un album concept sur la rupture des relations toxiques qui s’exprime au sein de trois chansons et de deux morceaux instrumentaux, dans un style art rock et pop « ambient » alternatif, livrant un son qui émane de guitares au rythme « bluesy », de percussions synthétisées et de synthés planant dans des zones sifflantes et spatiales à la VANGELIS. En gros disons, que cela ressemble à cela, sans vouloir desservir l’essence de ce délicieux travail qui représente plus que cela en fait pour son créateur. Un créateur qui avoue avoir cherché à rendre un produit le plus brut possible, moins peaufiné, loin des processus de production actuel qui affadisse toutes les œuvres bridées dans la plupart des grands studios. Malgré cette volonté minimaliste, la qualité de production est au rendez-vous, et c’est un gros plus pour cet album qui est plutôt court, faisant au compteur environ 37 minutes, mais des minutes où l’on ne s’ennuie pas.

Puisse en témoigner, « Last Time », où on est accueilli par des simili vagues atmosphériques, dans une ambiance planante, garnie d’une panoplie de bruitage éthéré. Cela sonne comme un hybride de PINK FLOYD et de musique « new age ». On y découvre une excellente voix feutrée qui se marie bien avec le « spleen bluesy » dans lequel on est invité. A prime abord, cela semble simple comme musique, mais il y a une belle toile tissée en background à laquelle il faut porter attention. La musique se métamorphose par une lente évolution, nous gratifiant d’effets plaisants entre les deux oreilles. J’adore ! Il n’y a pas ici de tentative de démonstration technique à outrance, plutôt un alignement de moments calmes et aériens avec le but de créer une atmosphère relaxante.

Viens la chanson « Friend » qui se montre plus rythmée, entrainante et dynamique, tout en contraste, et qui nous offre un solo de guitare efficace de Daniel KURTYKA de LIZARD. C’est le morceau de l’album qui est moins venu me chercher car les autres morceaux sont beaucoup plus élaborés. Le long morceau instrumental « Lost Years/Working Hour » nous accueille avec des percussions qui déclinent en échos pour se perdre au loin. Une ambiance solennelle et dramatique s’instaure. Dommage que le texte narré soit inaudible à cause des vibrations sonores, mais je crois que c’est bien volontaire. Tout au long de son déroulement, il s’en passe des choses entre les oreilles. Encore une fois, DZIADOSZ opte pour une évolution lente, agençant pincements de corde, percussions martelées lentes, et claviers cristallins. Il est difficile de rester impassible au rythme lent et simple, mais accrocheur devenant presqu’hypnotique. Les synthés décorant le tout de finesse, de cette musique, une tristesse émerge. Au milieu du morceau, un changement de rythme soudain surgit et on enchaîne sur quelque chose de plus riches en percussions qui simulent des battements de cœur octroyant à cette musique une aura organique. On pourrait y déceler des synthés à la VANGELIS, mais c’est le travail de Ryszard KRAMARSKI de MILLENIUM qui ennoblit cette ode qui se termine en coup de vent. Excellent !

« Nothing Really Happened » est le deuxième morceau instrumental, qui dans la lignée de la précédente, aligne aussi des synthés atmosphériques et des simili percussions cardiaques. La surprise agréable survient avec un petit air de synthé qui souffle une ritournelle qu’on pourrait bien siffler! Un moment délicieux, brillant et simple, qui risque d’implanter quelques vers d’oreilles à force d’écoutes. On appréciera une belle montée en puissance progressive, où les notes viennent de toute parts, sans chaos, tout s’imbriquant à la perfection, chaque son prenant sa place dans cette toile dense, précise et riche. Avec « All Days », DZIADOSZ revient avec sa voix étouffée, comme s’il avait trop fumé, et ses percussions générées par synthés. Je souligne ici tardivement que malgré qu’il n’y ait pas de batteries sur cet album, vu que toutes les percussions sont générées autrement, avec classe et finesse, on peut dire que cette recherche rythmique fut tout à fait probante.

Pour conclure, j’ai bien aimé cet album, car c’est le genre qui gagne en appréciation écoute après écoute. La performance vocale devrait vous charmer, ainsi que la simplicité illusoire des compositions riches en détails, qui proposent des « beats » familiers et addictifs. Une belle production qui mérite un détour et une écoute attentive. Titres préférés : « Last Times » et les deux pièces instrumentales. Bonne écoute !