CHRONIQUE / REVIEW
Soft Machine
Other Door
Releases information
Release date:
June 30, 2023
Format:
CD, Digital, Vinyl
Label:
From:
Moonjune Records
Royaume-Uni / UK
Pascaline Hauriez - November 2023
7,4
TRANSLATED REVIEW (GOOGLE TRANSLATE) BELOW FRENCH TEXT !
Un petit rappel salutaire à l'attention des néophytes ou des distraits. Déjà plus d'une cinquantaine d'années que SOFT MACHINE a marqué de son empreinte la scène britannique et internationale. Originaire de Canterbury, le combo est formé au milieu de l'année 1966 par : MIKE RATLEDGE orgue, ROBERT WYATT batterie, KEVIN AYER basse, guitare, chant et DAEVID ALLEN guitare. A l'origine, ils étaient un groupe de rock psychédélique. Sous la houlette de ROBERT WYATT, ils sont vite devenus et considérés comme l'un des groupes influents de jazz rock fusion et de la scène Canterbury. Puis, au gré des vicissitudes, SOFT MACHINE disparaît, change de nom, puis réapparaît bien plus tard en SOFT MACHINE LEGACY pour reprendre il y a cinq ans son appellation d’origine avec l’album "Hidden Details" en 2018 et le Live "At The Baked Potato" en 2020.
"Other Door" est le dernier né, si je ne m'abuse, une autre porte ? Si l'on en cherche le sens philosophique, l'interprétation, la comparaison, ou une métaphore. Ne serait-ce pas là le signe d'un changement ? Comme le dit si bien le dicton : "une porte se ferme, une autre s'ouvre". Les anciens laissent leur place comme le regretté JOHN MARSHALL décédé le 16 septembre. Voilà une page qui se tourne, le dernier de la scène dite Canterbury disparaît. Quant au bassiste ROY BABBINGTON, il débute dès 1971 sur l'album "Fourth". Il ne sera présent que sur deux titres en tant que second bassiste. Il sera remplacé sur les autres par FREDDY BAKER. Toutefois, le guitariste JOHN ETHERIDGE et le multi-instrumentiste saxophoniste-flûtiste-pianiste THEO TRAVIS restent fidèles au poste. Ils revêtent à eux deux, le costume de compositeur principal. J'en conclus là avec la bio de SOFT MACHINE, enfin, d'en relater l'historique. En effet, il serait vain, voire dérisoire de résumer en quelques mots plus de cinquante ans de carrière !
Venons-en plutôt au sujet du jour ! La dernière création du combo. Je vous retrouve au début du répertoire. Ouiii avec "Careless Eyes" là où la mue s'opère. Elle évoque un voyage onirique, oui, ici, où la flûte se fait légère, aérienne, ornée de motifs sonores variés et vaporeux. Le paysage éthéré laisse la place à l'utopie, à l'imaginaire, les songes des senteurs d'orient, s'offrent à vous. Non, vous ne rêvez pas, vous êtes bien avec SOFT MACHINE ! Une autre porte s'est ouverte, ne fussent qu’éphémères. La flûte évanescente laisse en lieu et place la guitare, les claviers toujours planants lorsque, JOHN MARSHALL, impose un mid-tempo régulier l'enchaînement avec "Penny Hitch” qui s'était déjà opéré sans heurt. Il m'aura fallu un moment avant de le réaliser. Le travail de réorchestration sophistiqué sur la reprise de la compo originale de KARL JENKINS est étonnant. J'eus un moment de latence avant que je puisse m'apercevoir de l'entrelacement, des envolées à la guitare, des motifs de plus en plus jazzy en concomitance avec la version originale. Une revisite magistralement interprétée. "Other Door" s'ouvre sur une intro orientée psyché. Le morceau titre se singularise par un jazz rock fusion, aux sonorités avant-gardistes à l'instar de quelques accords brutaux à la guitare. JOHN ETHERIDGE et THÉO TRAVIS se partagent les devants de la scène dans des discussions à couteaux tirés, où les expressions jazzy, fusion fussent. Ils se répondent par des riffs grandiloquents. En outre, j'ai comme la vague impression d'un dialogue improvisé entre les deux instrumentistes. Cela dit, je n'ai pas d'informations me précisant le contraire. Au demeurant, une autre porte à l'inspiration créatrice, guère innovante à mon avis ? Quoique l'on dise, les deux protagonistes démontrent des qualités techniques indéniables. A tout seigneur, tout honneur, Théo, sur la plage suivante sur "Crooked Usage" démontre son envergure plutôt créative en souvenir de ses pères avec un son vintage aux origines du groupe. Il y développe un jazz traditionnel, expérimental progressant vers un jazz fusion où l'improvisation est quasi certaine. Un clin d'œil éclectique aux années soixante-dix que les aficionados apprécieront. S'ensuit "Joy of Toy" le deuxième titre tiré des archives de Soft Machine, en l'occurrence un morceau de "KEVIN AYER" une reprise du premier album du groupe, sorti en 1968. Par ailleurs, la version originale de ce morceau, est enregistrée à l'apogée du psychédélisme.
"A Flock of Holes" morceau écrit et composé par le duo THEO TRAVIS et JOHN MARSHALL, plonge l'auditeur dans un paysage plus obscur. L'incipit aux harmoniques mineures à la flûte, crée une atmosphère sombre et mélancolique, accentuée par de p’tites percussions, les trépidations des cymbales, renforçant de facto l'aspect inquiétant de la mélodie. L'intermède "Whisper Back" est composé par l'émérite JOHN ETHERIDGE. Une composition pastorale apaisante à la guitare de moins de deux minutes. Puisque j'en suis sur les interprétations des duos, autant faire un petit détour sur le morceau "Now ! Is the Time" avant de reprendre la chronologie de l'opus. Je le présenterai comme… Un passage de témoin de l'ancienne à la nouvelle génération de bassiste. Où BAKER et BABBINGTON démontrent de belles harmoniques.
Après cette petite incartade, revenons à nos moutons. J'en étais à…"The stars Apart" voyons de quoi il en retourne, une mélodie plus soft des britanniques. Un retour aux sources avec, dès l'entame, sur un air de jazz langoureux, un mid-tempo basse batterie, et un solo mélodique à la guitare. A mi-parcours des lignes de basse à faire pâlir certains bassistes. BAKER et ETHERIDGE rehaussent le niveau sur ce titre. "Fell To Earth" Une composition de THÉO TRAVIS sortie des profondeurs de la terre. Cela débute par un son graveleux aux réverbérations tribales. Tandis qu'au premier plan, l'air de rien, Théo développe au sax des motifs disparates aux tonalités jazz, fusion, psychédélique. Puis crescendo, une fresque aux motifs avant-gardistes s'installe. Subrepticement les gazouillis à la flûte émergent. Le morceau se clôt au saxe par des riffs aux dissonances harmoniques. Une pièce complexe, une orfèvrerie orchestrale. La combinaison texturale d'harmoniques et de dissonances semble agréable à l'auditoire. Retour vers une atmosphère éthérée, "The Visitor at the window" est une nouvelle invitation au voyage de THÉO TRAVIS. Les arrangements sont harmonieux, agrémentés de sa flûte, de percussions, paré de ses coloris jazz fusion à la six cordes et du saxophone soprano, dans un fond sonore aux vibrations électroniques. Le voyage onirique entre ombre et lumière est garanti. Le voyage dans le futur se poursuit "Maybe Never" en vue ! Avec de nombreux "blip" et "bleep" ses fameux sons électroniques pour un voyage spatio-temporel de quelques minutes. Bienvenue dans l'espace intersidéral de Théo…L'album se conclut par "Back in Season". Ne serait-ce pas là, un petit clin d'œil à Soft Machine période seventies ? Une combinaison de tonalités musicales dites de Canterbury : classique, folk, jazz, rock, progressif, psychédélique, ... Bref un petit pot-pourri arrangé aux petits oignons façon Théo. Cela commence ainsi : un prélude genre néo-classique au piano, un mid-tempo au charleston sous un air jazzy, une basse sous-jacente, mais ronflante. Puis, soudain, surgit un florilège de sonorités complètement déjanté, débridé, psyché. La mélodie se clôture sur un thème éthéré.
En conclusion : Au grand dam du passé, SOFT MACHINE avec la nouvelle génération reste en deçà de ses pères. Néanmoins, je ne peux pas dire que l'album soit mauvais car il ne l'est pas. Tout au plus si l'on gomme les longueurs dans les solos en particulier le morceau titre. Les parties avant gardistes sont relativement indigestes. Cela dit, il manque le p'tit plus qui pourrait déclencher l'enthousiasme. Mais, l'album reste très agréable et accessible à l'écoute. Peut-être vais-je en hérisser certains, mais j'ai plutôt apprécié les morceaux où Théo combine un jazz atmosphérique, éthéré, ouaté. Où la flûte se fait évanescente. Ces moments de légèreté m'ont transporté dans un autre monde.
PISTES / TRACKS
- 1. Careless Eyes (2:28)
2. Penny Hitch (6:49)
3. Other Doors (4:51)
4. Crooked Usage (8:29)
5. Joy of a Toy (3:24)
6. A Flock of Holes (2:18)
7. Whisper Back (1:41)
8. The Stars Apart (4:23)
9. Now! Is the Time (2:16)
10. Fell to Earth (5:51)
11. The Visitor at the Window (4:08)
12. Maybe Never (2:26)
13. Back in Season (7:17)
- Theo Travis / Tenor & soprano saxophones, flutes, Fender Rhodes piano, electronics
- Freddy Baker / Fretless bass
- John Etheridge / Guitars
- John Marshall / Drums
With:
- Roy Babbington / Bass (2,9)
musiciens / musicians