CHRONIQUE / REVIEW
Seddok
Geometrie Nere
Releases information
Release date:
October 13, 2022
Format:
CD, Digital
Label:
From:
Lizard Records
Italie / Italy
Mario Champagne - January 2023
6,7
TRANSLATED REVIEW (GOOGLE TRANSLATE) BELOW FRENCH TEXT !
Les « Géométries Noires » de SEDDOK, un trio italien, ont attiré mon attention par cette série de titres numériques peu évocateurs mais qui signalent malgré tout un mystère à décoder. Une formation assez particulière qui annonce jongler avec un assortiment de styles musicaux, allant du Canterbury au rock progressif, et en menant des expérimentations qui allient « rock in opposition » et « zeuhl », des styles auxquels j’ai été peu exposé. Donc, découvertes assurées dans cet album entièrement instrumental à l’aspect futuriste, lourd et éclectique. « Geometrie Nere » développe donc un concept instrumental en quatre mouvements pour plus de quarante minutes qui s'inspire des œuvres du peintre vénitien Emilio VEDOVA. Après plusieurs écoutes, celles-ci ont donné lieu au constat suivant : leur musique est à l’image de leur pochette. Sombre, obscure, complexe, angulaire et mathématiquement développée.
Cette épopée noire débute avec « 0101 », avec des soupirs et des souffles dans le micro, des synthés « space » en boucles itératives, comme si on était tombé au cœur d’un jeu vidéo. Le grondement sourd se construit, gagne en énergie, et dans cet amas de bruits, surgit une rengaine, à la basse, dans une ambiance mystérieuse qui perdure. Après quelques coups de clochettes en solo, digne d’un cérémonial religieux, l’affaire prend une tournure « space heavy metal », une atmosphère lente et cinématique, très « doom », idéale pour un film d’horreur. Un changement directionnel nous lance sur un autre rythme, où se signalent un ouaouaron « heavy metal » et un riff ravageur qui fait du surplace. Intéressant et étrange, toutefois décevant pour l’opportunité manquée, car avec le riff final, s’ils avaient pris le parti de se lancer en mode psychédélique à fond la caisse, cela aurait été de la folie furieuse, mais ils ont décidé de rester sage. Trop sage probablement.
« 0102 », nous ramène des ondes de synthés vrombissantes et une onde radio sifflante pour laquelle je les suspecte d’avoir suivi une équation mathématique pour jauger de son intensité, multipliée par quelques passages, avant que ne s’enchaînent les riffs d’un enfer tranquille où martèlent sur des cymbales des petits démons. Ondes sifflantes et « heavy Prog » font bon ménage, prenant la voie d’un psychédélisme lent qui hésite à prendre son envol. On préfère ici, la lenteur « doom », les sons isolés, les percussions bien marquées, les réverbérations d’ondes vibrantes. Un concept qui pourrait servir l’industrie télévisuelle pour des trames musicales angoissantes et mystérieuses, mais pour ce qui est de l’intérêt suscité, on repassera. Cela se termine par un mélange de sons intéressants de ressorts métalliques dans ce qui pourrait être un étang visqueux. Et dans la dernière minute une explosion musicale démente, sans rapport, qui précède un son typique de soucoupes volantes des films de séries B des années 50. Au royaume des étranges mariages, ils ont gagné gros.
Avec « 0103 », cela commence mieux ! On a droit à un clavier livrant de hautes notes rebondissantes, qui est assisté d’une basse en mode mimétisme qui fait du sur place, des crotales et des riffs engagés mais engorgés de guitares aux notes répétitives qui semblent évoluer sur une progression mathématique bien précise. Quelques sons assez éclectiques édifient une personnalité certaine, allant de grincements saturés aux percussions très claires, sur des notes spéciales utilisées abondamment, et répétitivement, pour que tout cela monte doucement dans un petit chaos bien organisé et mélodique, qui subitement s’arrête, pour des notes encore plus éclectiques. Et cela encore une fois se termine bizarrement. Pendant son déroulement, quelques grincements saturés sont sources de questionnement. Est-ce volontaire? Ou y a-t-il trop de saturation? Problème de production ou choix artistique? Je reste dubitatif.
Le dernier mouvement, « 01014 », est celui qui a le plus capté mon attention car il est, selon mes critères, le plus mélodique, le plus rock et le plus cohérent du lot. On y retrouve un mélange entre sonorités anciennes et modernes, « hard rock » et « space ». Les percussions percutantes sont vraiment bien rendues offrant une vaste variété, dans une atmosphère très « crimsonienne ». Un très bon titre bonus est offert, « La naissance d’une dictature », que je suppose être un brûlot contestataire pour donner suite aux dernières élections italiennes, mais je n’en ai pas la confirmation. Une musique angoissante et martiale est étalée où les percussions omniprésentes et martelées mènent la cadence. Ajoutez-y des notes de claviers programmées en boucles itératives, des bruits de « zipper » et ce court cadeau à la musique tout aussi étrange ne détonne pas trop de l’ambiance glauque, froide et calculé de cet Opus qui demandera beaucoup d‘effort des amateurs de Prog pour être aimé, car si différent.
Ces musiciens tiennent ici un filon sonore qui leur est propre, mais difficile à digérer par moment à cause de ces expérimentations et de toutes ces progressions rythmiques tuées en pleine montée, qui se transforment en occasions manquées mais je dois saluer l’audace, l’inventivité au niveau éclectisme sonore, et la cohésion serrée de cet Opus. Une musique très froide, à fortes aspérités qui change de l’ordinaire et qui s’aventure dans des contrées inhabituelles pour du rock progressif italien. Titres Préférés : « 01014 » et « Nascita Di Una Dittatura » Bonne écoute !
PISTES / TRACKS
- 1. 0101 (8:42)
2. 0102 (12:00)
3. 0103 (8:04)
4. 01014 (13:51)
5. Nascita Di Una Dittatura (Bonus Track) (5:21)
A.T. LA MORTE - Bass
Marco NEPI - Guitars
Enzo P. ZEDER – Drums & Synthesizers
musiciens / musicians