Rick Miller est chanteur, multi-instrumentiste, auteur, compositeur et producteur ontarien qui a débuté sa carrière en 1983 dans le domaine de la musique électronique mais il a produit depuis 2004, treize albums de rock progressif symphonique, tout en explorant d’autres genres musicaux. Je n’avais jamais écouté un de ces albums avant que je ne tombe sur la magnifique pochette animalière de sa 17e œuvre, une création de Duncan STORR, qui annonce la couleur des morceaux, direction nature, car elle y est très présente. Un album très relaxant (attention pour la conduite en voiture!) car les pièces sont généralement très douces et calmes, quoiqu’à l’occasion, il y a quelques soubresauts virils.

La voix de Rick MILLER est basse, calme, pas exceptionnelle, mais elle est adaptée aux déroulements lents et aux ambiances atmosphériques développées. Il reste prudent en se limitant à un certain registre. Un album où les sonorités ambiantes de nature, d’écoulement d’eau, de grillons, de mouches, de loups et d’oiseaux, sont intégrées avec classe, au sein d’une excellente production, car à ce niveau, c’est impeccable et digne de mention. Un album à savourer avec une paire d’écouteurs, les yeux fermés, tel que recommandé par MILLER lui-même, afin de se sentir part intégrante de ses tableaux où la multitude de détails envoûtent au sein de ces neuf morceaux dont trois intermèdes musicaux.

Stylistiquement parlant, cela m’a fait surtout fait penser à un croisement entre KITARO et son New Age planant, ENYA par moment, lorsque les voix féminines se pointent, et PINK FLOYD pour les guitares planantes. Vous l’aurez compris, ambiances planantes et mélodieuses à la puissance deux sont garanties. La construction des morceaux et le chant masculin rappellent également les œuvres d’Alan PARSONS PROJECT, surtout le style de voix, comme vous l’entendrez dans « Old Secrets » et « Dream Within a Dream ».

La pièce titre de l’album, très représentative de l’opus, dès son début, annonce un voyage entre New Age et rock progressif à la PINK FLOYD. C’est assez plaisant car ils se passent plein de choses entre les écouteurs. Que de détails ! Dans quelques pièces, dont l’instrumentale « New Moon Prelude », on note une intéressante utilisation de ce qui semble être un « steelpan » (genre de tam-tam métallique) qui apporte une touche très exotique et qu’on entend très peu chez d’autres artistes. Une belle musique « world beat » digne d’un petit film, et cela m’a bien plu. La schizophrène « Borrowed Time », quant à elle, balance entre un esprit folk médiéval de toute beauté, et un rock progressif lent teinté de noirceur et de mélancolie. Une belle réussite !

Un album qui plaira très certainement aux esprits rêveurs non stressés, mais qui fera probablement fuir les amateurs de métal. Ce n’est pas nécessairement ce qu’il y a de plus novateur car tout au long, on vient chercher les réminiscences de ce qu’on aimait dans les années 70, comme le style de solo de guitare qui reste en territoire connu « Pink Floydien ». Cependant, la qualité du travail rendu compense car il y a un boulot monstre de précision dans cet opus. Et au niveau de l’interprétation par l’ensemble de artistes, que du bon. Les passages avec violoncelle, violon et flûte sont très plaisants. La classe quoi ! Très recommandable. Titres préférés : « Borrowed time », « The Trap » à la flûte médiévale magique, « Half Moon » pour ses bruitages et son ambiance mystérieuse et grandiloquente digne d’un conte. Bonne écoute !