Bien que la formation affiche un nom espagnol, derrière RESIDUOS MENTALES se cache depuis 2012, un projet studio produit par un duo d’Athéniens, comprenant Stratos MORIANOS (pianos et synthés) et Alexandros MANTAS (guitares et flûte), qui se sont adjoints les services de plusieurs artistes invités. Après cinq années d’absence, ils reviennent avec un deuxième album de 44 minutes pour quatre morceaux instrumentaux, qui fait suite à leur premier opus intitulé « Introspection » datant de 2018.

Une équipe qui ne cache pas son amour pour le rock progressif traditionnel des années 70, car l’on peut percevoir dans leur œuvre des influences de Camel, King Crimson, Genesis, mais ils y intègrent aussi des passages électroniques, métal et funk pour offrir de la modernité tout en ne reniant pas leurs racines traditionnelles grecques en les intégrants très subtilement.

Quatre morceaux, sans redondance, avec des personnalités typées. « The Stuff of Dreams », la plus longue, est une pièce mutante, qui évolue constamment. Il ne faut pas se fier aux premières notes pour juger de ce qui s’en vient. Débutant avec de la musique électronique, sous formes de vagues de synthés successives et vibrantes, les claviers en tout genre se succèdent, laisse place aux guitares et aux violons, et il faut sincèrement faire attention à tout ce qui se passe en second plan au niveau détail, car ils s’en passent des choses. Avec un claviériste drôlement bien inspiré, les changements de style cumulent, et les tempos culbutent. Un piano savoureux, des battements de tam-tam comme si les ailes d’un oiseau s’en chargeait, des idées « cool » s’immiscent tout comme des aspects folkloriques modernisés. Malgré les changements continuels, la magie auditive s’effectue car tout s’emboîte naturellement, même quand on passe à une lourdeur soudaine et plaisante après des thèmes légers, tout en instaurant une aura de mystère pour faire monter la tension, au point de se croire dans un petit film d’horreur.

« The Missing Part » est plus réservée que sa précédente sœur. Plus intimiste, le piano sonde des airs dramatiques appuyé par une guitare triste, dans un morceau à l’aspect mélancolique soutenu, le saxophone y contribuant largement par ses tirades lancinantes. « A Series of Self-Correcting Errors » passe également par plusieurs étapes, y mettant en valeur des pincements de cordes rapide, en boucles, dans une atmosphère où s’élève la tension dramatique, pour ne pas dire une angoisse toute « crimsonnienne ». Entre frénésie rapide et penchants calmes, les « pattern » de claviers répétitifs s’additionnent dans ce morceau qui se montre très cinématique, dynamique, enjoué, et « funky ». Très réussi !

Pour conclure, « Impending Catastrophe » qui n’en ait vraiment pas une. Au contraire, bijou! Un air de berceuse cristalline accueillant, la flûte qui s’invite délicieusement, toujours avec une charge émotive très lourde, on passe du calme au vrombissant, en usant de passages Prog métal sages, mais bondissants, virevoltants et dynamiques, où le saxophone y va gaiement avec son attitude « funky ». Un morceau enjoué en diable, dans un style Neo Prog comme on aime, énergique, laissant place aux surprises, dont des airs solennels à l’orgue d’église qui résonnent dans le vide, un retour en mode minimaliste, les doigts du claviériste possédé courant frénétiquement sur les touches d’ivoire de son piano, amenant à un crescendo à l’intensité dramatique. Majesté au programme. Grandiose avec des percussions qui semblent désaccordées pour une finale pieuse en cathédrale. Ne reste plus qu’à passer la quête !

Il y a beaucoup à découvrir dans chaque composition, avec des incessantes variations qui s’imbriquent naturellement, sans effort, sans mauvais raccord. Les compositions très intéressantes sont mises en son par des musiciens remarquables. Les performances du claviériste MORIANOS et de MANTAS sur ses cordes sont tout simplement des tueries. Excellente production, pour une musique à fort transfert de charge émotive. L’intérêt est maintenu par un voyage imprévisible, qui se laisse découvrir note après note. Tantôt calme et rêveur, tantôt dynamique et pesant ! Un super équilibre où le mélange des styles ne semble jamais forcé, toujours comme une évidence naturelle. Bon ! Très bon ! A écouter d’urgence car il pourrait faire partie de votre top annuel ! Titres préférés: « A Series of Self-Correcting Errors » et surtout « Impending Catastrophe ». Bonne écoute !