Rascal Reporters est un groupe américain fondé en 1974 par les multi-instrumentistes Steve KRETZMER and Steve GORE. Ils ont publié 7 albums studio jusqu’au décès de Steve GORE, survenu en 2009. Puis, en 2017, Steve KRETZMER a reformé le groupe avec un nouveau membre, James STRAIN. Le groupe nous présente donc un nouvel album "The Strainge Case of Steve", album constitué de 16 pièces.

Et ça donne quoi comme musique ? Sur Internet, on retrouve des qualificatifs tels qu’avant-garde progressif, expérimental… Les influences que le groupe mentionne sont multiples et hétéroclites, citons entre autres les Beatles, Burt BACHARACH, The Bread (hein ?), Bela BARTOK, Stackridge, Frank ZAPPA, Gentle Giant ainsi que les groupes issus de la scène de Canterburey (Soft Machine, Hatfield and the North…). Une première écoute du disque nous laisse un peu sceptique quant à l’influence de ces musiciens sur leur musique. On comprend peut-être la référence à Frank ZAPPA à cause des rythmes hachurés et le côté sarcastique qui ressort de la musique.

Disons que plusieurs écoutes sont nécessaires pour apprécier leur travail. On entend principalement une musique composée de motifs musicaux répétés alors que la direction mélodique est difficile à percevoir. Le tout sur des rythmes brisés, hachurés, avec des changements fréquents et imprévisibles. Nous sommes loin ici du 4/4 ou même 12/8. On peut se sentir déstabilisé lors d’une première écoute mais cela devient finalement distrayant de se faire surprendre par les changements fréquents de directions. On se demande parfois où cela nous mènera.

Les deux musiciens, Steve KRETZMER et James STRAIN, utilisent à tour de rôle un synthétiseur aux sonorités 8 bits des années 80, lesquelles sonorités finissent par devenir quelque peu lassant. On souhaiterait plus de variétés et de nuances dans l’utilisation des registres du synthé.

Malgré ces quelques réserves, l’écoute du disque nous a quand même plu. Les musiciens réussissent à nous étonner parfois par leur dextérité lors de phrasées constituées de notes défilées rapidement. Quelques moments lumineux ressortent; pensons à la pièce ‘’How Archontic The Ankle Biters’’ (très bonne) où les percussions, assez présentes en début de pièce, et le piano apportent une dimension différente. ‘’Lurking in Shadow Fury’’ fait aussi partie des pièces les plus appréciables par sa consistance un peu plus homogène. Le beat à la fin de la pièce est particulièrement réussi. Une voix tente de se faire entendre sur deux pièces mais l’élément vocal est ici secondaire; dans ‘’Lady and the Old Codger’’, pièce au texte composé d’injures adressées à quelqu’un, on pense au procédé utilisé dans ‘’Le Trésor de la Langue’’ où un instrument de musique suit à la note près les paroles dites par des passants.

En résumé, c’est une musique qui s’apprivoise mais qui s’apprécie mieux après quelques écoutes.