Natifs de Sacramento, le groupe LUNAR émerge en 2013 de la collaboration d’amis de longues dates : Alex BOSSON (batterie) et feu Ryan ERWIN (guitare), un style riche et décomplexé qui donne dans ce qu’on appelle communément le Crossover Prog (avec Haken en fer de lance) qui donnera naissance à trois albums. Pour ce quatrième album, Alex BOSSON a mis les petits plats dans les grands en amenant avec lui pléthore de guests, avec parmi les plus notables Ben KARAS de THANK YOU MR SCIENTIST, et Sam VALLEN de CALIGULA’S HORSE (si vous ne connaissez pas CH je vous conjure d’écouter), États des lieux :

« Prestidigitation » ouvre avec un annonceur, on plante le décor, un piano intriguant amène une intro progressive à souhait, suivi de voltiges digne des grands pères du genre, puis d’une section de cordes dans la plus pure veine impressionniste, j’ai l’impression d’entendre Paul DUKAS ou plus proche de nous des relents de ANGLAGARD (superbe solo à la clarinette de Glen KANASEVICH), cette mise en bouche purement instrumentales annonce la couleur. « The Illusionnist » ouvre sur une guitare lancinante, des relents wilsoniens ou du HAKEN des premières heures, les chanteurs Chandler MOGEL et Brian LEWIS raconte l’histoire de l’illusionniste donc, sur bases de riffs endiablés et de soli des enfers, je trouve le growl un peu timide mais sans doute le métalleux en moi qui s’exprime, la section piano jazz (et son évolution blastbeat) avec solo de saxophone de Patrick CORONA en sus est un bonbon.

Deux morceaux sont passés et me voilà conquis, « Showtime » change de disque et pars brides abattues dans un style très heavy, il y a du MAIDEN là-dedans, du SYMPHONY X également, un morceau rapide et efficace avec Taylor WASHINGTON qui envoi des soli à la technicité folle, moins ma tasse de thé mais ils avaient prévenu sur l’aspect polycéphale de leur style. Et ce n’est pas « Worship The Sun » tout droit échappé d’un album de ORPHANED LAND qui va me contredire, les sonorités de Oud, Cithare et autres Tanpura résonne à mesure que se déroule ce morceau énergétique et dense, là encore l’influence de Michael ROMEO n’est pas loin, points bonus pour le solo de basse de Ryan PRICE.

A suivre « Turn Off The World », une pièce mélancolique qui rappelle les incartades les plus progressives de METALLICA sur fond de TEARS FOR FEARS, la guitare (acoustique cette fois) est mise à l’honneur dans cette ballade métal, le claviériste Alex NASLA, jusqu’à lors relativement discret trouve un espace d’expression ici en prenant un instant la place de soliste avant de la laisser au guitariste des CALIGULA’S HORSES cité en introduction. A suivre « Disassembled » et cette fois-ci c’est une ambiance post rock industrielle qui nous est servis, ce groupe est décidément plein de surprises, et l’ennui n’as jamais le temps de s’installer, la flute et le saxophone de Jørgen MUNKEBY joue beaucoup dans la réussite de ce morceau énigmatique et hypnotique.

« Juggling Chainsaws » probablement le morceau le plus métal de l’album, tempo élevé, riffs acérés, syncopes à foison, une démonstration de technicité complétement halluciné, l’influence HAKEN, assumée, se ressent fortement, le growl est ici plus convaincant et en place que précédemment. Nous approchons de la fin de notre histoire avec « For My Next Trick », avec le retour d’un orateur sur fond de nappes et de Hang pan, soudain j’ai l’impression d’écouter un de mes mix Lofi relaxation préféré, décidemment ce groupe est comme une boite de chocolat pour reprendre Mr Gump (j’adore la section en tapping à la basse). On termine avec « Now You See Me » et une ouverture à la guitare acoustique des plus baroques, suivi d’une ballade rock à la PORCUPINE TREE avec Ben KARAS au violon et viola, qui se permet tout de même de finir avec force et fracas.

Il y en aura décidément pour tous les gouts, chaque morceau évolue dans un univers bien à lui, tout en parvenant à maintenir une cohérence d’ensemble, exercice o combien difficile. Technique sans jamais être dans la surenchère, généreux sans être écœurant, c’est un album parfaitement maitrisé et riche que nous livre là LUNAR, il mérite plusieurs écoutes pour être digérer mais ne restera pas sur l’estomac.