Certains pourraient se demander pourquoi une chronique sur un groupe russe apparaît ici, dans nos pages, étant donné la situation actuelle concernant l’agression de la Russie sur l’Ukraine. Il faut se rappeler qu’il faut faire la part des choses et que les artistes russes n’ont rien à voir avec les exactions commises par un régime qui méprise le droit international. Et aussi, les artistes en général ont une vision du monde plus chaleureuse et fraternelle, ouverte sur le monde, à l’opposé des politiciens qui les gouvernent. D’ailleurs, le quatuor moscovite dont il est question dans les prochaines lignes a puisé son inspiration dans une œuvre américaine classique de 1851, « Moby Dick », de l’écrivain new-yorkais Herman MELVILLE, et a su trouver comme alliée à la narration Toyah WILLCOX, aussi connue sous le nom de Mme Robert FRIPP.

Un album concept de rock progressif principalement instrumental, de type folk fusion, qui fait la part belle aux passages de flûte, de sifflet et d’ocarina afin d’imager la thématique principale des légendes de cette île de Nantucket, dont l’histoire la plus connue est le voyage d’un baleinier à voile qui commença son voyage fatidique depuis sa côte. D'autre part, on peut le considérer comme un livre audio, qui affirme une volonté cinématique, où les paysages de Nantucket et son peuplement par les Amérindiens sont décrits poétiquement, et les légendes de la baleine blanche, sont lues ou comptées sur un accompagnement musical et sonore. D’ailleurs, les sons de l'océan entendus sur ce disque furent réellement enregistrés en mer sur la côte nord-est de l'Amérique du Nord.

Malgré les quelques brefs épisodes narrés au nombre de trois qui racontent des histoires, et où l’on entend les vagues, le vent, le chant des baleines et les marins, l’ensemble des pièces instrumentales se montrent fort intéressantes, chacune ayant son atmosphère propre et son petit délire. La clef de voûte de l’ensemble tourne au tour de l’instrumentation organique et de la performance d’Olga SCOTLAND qui s’active sur la flûte et sur un ensemble d’instruments variés aux sonorités chargées d’authenticité. Ils savent se montrer pleins d’entrain ou mélancoliques dans leurs compositions, où les contrastes folk organiques se marient bien avec des passages Prog plus lourd, y insérant des instants désopilants, enjoués, qui pourraient vous suggérer des affinités avec BEAU DOMMAGE ou Plume LATRAVERSE (Je sais, on est loin du Prog!), tout en incluant des airs de tango et un soupçon de danse russe, ou en faisant jaillir de leurs instruments, les bruits inquiétant de la nuit ou du fond des océans.

Un album très intéressant, qui vaut le détour pour sa fraîcheur candide, son instrumentation variée, dont un djembe qui mène le rythme à merveille, et pour l’excellente performance des musiciens, qui nous livre là plusieurs morceaux qui s’écoutent bien en boucles afin de pouvoir bien décortiquer ce puzzle qu’ils nous ont assemblé. Très recommandable! Titres préférés : « Nantucket », « The Deep Dive, « Quarrel » et « Vampire tango ». Bonne écoute !