Le paysage, bucolique, brumeux, reçoit les premiers rayons solaires du lever du jour qui éveille doucement la nature. Le silence ambiant amplifie le bruit de quelques gouttes d’une ondée légère qui tintinnabulent sur l’étang, formant une pièce musicale sur la pièce d’eau. C’est « Un Respiro », plage d’introduction de « To Tell », dernier album de Luciano BASSO. Le piano accélère quelque peu et s’affirme doucement sur une trame enjouée « Danzando 4 ». La main gauche se fait plus insistante et offre une trame consistante au jeu mélodique pianissimo qui évoque de petites vagues qui viennent lécher les berges, poussées par un vent léger « Luc Art ». La flûte s’invite, discrètement, en douceur et légèreté, sur un motif Pianississimo qui invite à la méditation « Remember ». C’est au tour du violon d’effleurer l’instrument par quelques glissements d’archet sur la mélodie jouée allegro « Free Fly 2 ».

« Flok Song » débute de manière à peine audible, largo, pour passer, brièvement, en mezzo piano (à quatre mains) enjoué avant de redevenir méditatif pour se conclure sur des notes claires mezzoforte. Jacopo PIZANI introduit gravement « To Tell » puis est rejoint par Luciano BASSO qui construit l’architecture de la pièce en alternance aldante et allegro, cette dernière forme étant prédominante. « Suoni Di Pace » (sons de paix) annonce la couleur. A peine audible pendant quelques dizaines de secondes, le piano et le violon s’unissent pour exprimer une sorte de joie tranquille. Luciano BASSO : « Après quelques voyages qui m'ont amené à visiter des terres de conflit (Mostar, Sarajevo, Palestine et Israël), j'ai pensé utiliser la musique pour dédier un message de Paix à tous sans discernement, avec une pièce initialement composée pour piano puis développée en forme de chambre pour cordes ». La simplicité, la sérénité marquent « ’76 » un doux duo cordes-touches qui s’étire voluptueusement. « Fandango », pièce romantique pour piano seul, repose en grande partie sur le travail de la main droite avant de monter en allegro pour revenir au motif principal. Plus syncopé, présentant quelques dissonances, « Reflessioni » convoque la flûte tandis que les touches sont travaillées en staccato joyeux. C’est elle qui donne la direction mélodique. L’archet parcourt finement les cordes, le jeu en « gouttes d’eau » du piano se fond avec la flûte pour développer un trio qui devient enjoué et nous séduit avec une composition complexe « Reverse » comme un orchestre de chambre qui nous salue avant de quitter la scène.

Avec « To Tell » nous sommes à la croisée des chemins suivis par le Classique Moderne, le Rock de Chambre et le Progressif léger. Luciano BASSO est classé dans ce dernier genre depuis ses premiers albums : « Voici » (1976), « Cogli Il Giorno » (1978) ou « Frammenti Tonali » (1979).

Laissons au maestro le dernier mot : « To Tell est un voyage à travers ma musique, retraçant les débuts pour arriver à aujourd'hui. De nombreuses solutions des pièces précédentes sont devenues des motifs de base dans les compositions ultérieures. Chaque détail est récit et communication, ce sont des jeux de lumière-ombres-émotions et reflets d'une écriture compositionnelle contrapuntique complexe. Un accord, le son d'un souffle, une mélodie, une variation rythmique, commandent les divers changements ; c'est ainsi que chaque élément s'inscrit dans une structure complexe et les différentes variations conduisent à un mouvement unique et ample ».

Cet album est splendide. Il invite à la réflexion, au voyage intérieur, entrant dans la psyché pour créer des images qui seront différentes à chaque écoute.