« Stones From The Garden » - dont les sessions ont débuté en 2018 en compagnie de Billy et Michael SHERWOOD, Amanda LEHMANN, John ABBEY et Dennis JOHNSON et d’autres, et non des moindres - qui sont tous cités dans le line-up complet – n’a été mixé et masterisé qu’en 2022 par Mike HAGLER au King Size Sounds Labs. La cause en est connue de tous. Faisons ensemble un petit tour du propriétaire :

C’est une belle ode à l’amour, sous-tendue par la crainte de ne plus retrouver la flamme des débuts, qui nous introduit dans l’album ‘’Will I Ever Pass This Way Again’’ en douceur. La douce voix berçante de Kurt, accompagnée de légers chœurs éthérés, dont le chant de Kathie MILLS, en arrière-plan, et un accompagnement tout en mesure servent d’écrin à ce constat-serment. La vie peut, parfois, être un combat. Cette triste réalité, très lyriquement exposée - mais contenant des notions essentielles d’amitiés trahies, de prévarication, d’argent bien mal acquis – fait l’objet de « Why Must Life Be Such A Fight ». Kattie MILLS donne la réplique au chant principal et la pièce, tout en légèreté, orchestralement équilibrée, se montre bien adaptée au texte. Un climat plus lourd, sombre caractérise « Trouble » ; batterie pesante, riffs inquiétants, voix angoissées de Cory HANCE, Amanda LEHMANN et Annie CARLSON en réponse à Kurt qui nous fait part de ses angoisses et de son dégoût devant la duplicité et duperie. ‘’The Road Beyond” est une pièce contemplative, planante, étrangement unique au sein de ce disque. Elle est presque entièrement instrumentale et plutôt expérimentale. Kurt s’est accordé 17 minutes qui sont mises à profit pour lâcher la bride à sa créativité et ses audaces. L’esprit de la fin des années 60/début 70 plane sur cette plage. La narrative « When your journey was complete, you discovered that what mattered most was, how much you loved, the kindness you shared. And how graciously you let go of what was not meant for you » qui vient en toute fin du morceau pourrait bien être une charnière de l’album.

Kurt dénonce, dans “Relax”, sur un ton paradoxalement léger, l’incurie du pouvoir politique, les mensonges, l’injustice, l’effondrement du marché, et cette possible/probable fin du monde…avec, comme leitmotiv : « Rien n’est sous contrôle ». C’est, pourtant, sur une note d’espoir qu’il termine ce constat. L’orchestration reste légère, mesurée, adaptée aux tonalités d’une chanson agréable dans laquelle Amanda LEHMANN vient assurer les vocaux. Les êtres sociaux que nous sommes sont attachés à des concepts comme La fraternité et l’amitié. La menace en renforce l’importance. « I’m In Love With That Dream » est élégamment interprété, sur un ton enjoué au début, en valse à deux temps ensuite puis de manière plus concentrée pour finir.

Posons-nous la question du bonheur ? Est-ce un état passager, particulier, euphorique ? Kurt, de manière habile, rappelle le rôle prépondérant de l’accessibilité si la volonté d’y accéder est présente, s’en tenant à l’essentiel, dans la liberté, la vérité et l’altérité. Après une partie chantée par des voix bien soutenues par l’orchestre, celui-ci monte en un crescendo enjoué. Eblouissant. L’amour. Toujours l’amour. Un thème éternel. Les paroles délicates de « Forever » relèvent, certes, de l’évidence, mais aussi – et surtout – d’un besoin vital. Belle ambiance festive, presque folâtre pour les musiciens qui assurent avec vitalité et un bel entrain jusqu’à la conclusion carillonnante.

Pour ceux qui le connaissent peu ou mal, Kurt MICHAELS a fondé sa propre structure à Chicago (KURT MICHAELS CONTINUUM) qui lui offre une liberté de création totale. Ses collaborations, tournée, concerts, divers lui ont permis de rencontrer nombre de musiciens talentueux et célèbres. Il s’est créé, au fil du temps, un fameux carnet d’adresses. Sous un vernis impeccable de Classic Rock Old School british style de la grande époque, Kurt place des jalons spécifiques de sa créativité évolutive. Sans esbroufe inutile, sans démonstration creuse, il offre à nos oreilles ravies un son clair, défini, à la hauteur de celui des studios Air à l’époque du regretté Georges MARTIN. Le soin méticuleux apporté à chaque détail, chaque note, participe à la définition de la scène musicale. Il développe des concepts intéressants qu’il met en son tout en renouvelant les textures et en introduisant de bien jolis rebondissements d’accords. Kurt, excellent guitariste mais, probablement modeste, ne tire pas la couverture à lui. L’ensemble est donc très équilibré et tout le monde trouve sa place dans un mix limpide.