Autant le dire tout de suite KARNATAKA commence très fort son nouvel opus avec les onze minutes trente de "All Around the World" (10/10), une sublime balade symphonique qui vous subjugue et vous renverse dès la première écoute. Incontestablement Ian JONES qui a la mauvaise habitude de changer ses compagnons de jeu à chaque voyage, a pioché la très bonne carte avec le nouveau claviériste Rob WILSHER, connu pour être le titulaire du poste chez MULTI STORY et d'être un session man de talent en studio comme sur scène (MAGNUM et Steve HARRIS BRITISH LION) mais il y a une révélation sur cet album…

KARNATAKA nous présente une nouvelle vocaliste SERTARI d'origine chypriote (j’ai eu un peu de mal au début) qui n'avait pas grand-chose à voir avec la musique progressive avant d'intégrer la formation galloise, ses états de service sont longs comme un jour avec pain...et vont des BLACK EYED PEAS à l'électro pop en passant par LED ZEPPELIN !

Passons au "Sacrifice" (7/10) qui est la pièce que j'apprécie le moins sur l'ensemble des quatre-vingts minutes de ce "Requiem", elle n'est pas mauvaise certes mais pas au niveau du restant de l'œuvre, peut-être trop commerciale? seul le piano imaginatif et lancinant qui supporte le morceau jusqu'à son terme apporte un plus ici. "Look to the East" (8/10) semble être dédié à la guerre en UKRAINE qui s'éternise sans espoir que les hostilités s'arrêtent de sitôt ou à la crise moyenne orientale qui n'a que trop duré, les motifs arabisants tout au long du titre peuvent justifier cette seconde option, la guitare inventive de Luke MACHIN s'y prêtant parfaitement, petit reproche un titre trop chanté (même si bien chanté).

Nous pensions avec la plage inaugurale qu'il serait difficile de tutoyer de nouveau les sommets, eh bien les presque douze minutes de "Forgiven" viennent nous prouver le contraire, électrisées par le chant de SERTARI et portées par une trame mélodique digne des plus intenses moments du progressif symphonique, augmentées par du chant grégorien ! (10/10), ajoutons-y pour faire bonne mesure la six cordes de la machine à gratter qui est d'un lyrisme absolu...Tout est donc possible avec KARNATAKA.

Le doucereux et posé "The Night's Dance" (8/10) nous fait quelque peu redescendre mais reste à un niveau que de nombreux groupes ne sont pas capables d'atteindre, les orchestrations de Ian JONES sont ici impeccables. Dans le registre balade arrive "Say Goodbye Tomorrow" (9/10), autant pop que progressive mais qui s'écoute avec une facilité déconcertante, un "bonbon", des claviers à profusion à tomber par terre, Luke de nouveau en haut de l'affiche, le nirvana en termes d'émotion. Que dire qui n'a pas encore été dit avec le morceau suivant "Don't Forget My Name" (9/10) dans le même registre que le précédent, le seul reproche que l'on peut faire à ces deux pièces, elles sont beaucoup chantées (mais remarquablement) What Else ? Nothing !

Il nous reste le péplum, avec la chanson titre "Requiem for a Dream"et ses vingt-cinq minutes, vous y trouverez tout ce dont est capable Ian JONES en matière de compositions et d'arrangements, le morceau ULTIME même si le terme peut vous paraitre exagéré (11/10). Le plus de cette pièce ce sont bien évidemment les "Uillean Pipes" de l'invité star Troy DONOCKLEY qui laisse son empreinte sur tout ce qu'il touche, il faut juste apprécier le coté celtisant que les tuyaux donnent à ce Requiem, une autre facette de KARNATAKA. A cela, il faut encore ajouter l'incroyable performance de Luke, l'homme qui délivre des soli de six cordes plus vite que son ombre et vous aurez fait le tour de la question en musique. Si la perfection existe, elle se trouve ici, laissons le mot de la fin à SERTARI à 19:20 elle susurre "Are You Dreaming ?"