CHRONIQUE / REVIEW
Jordsjo
Salighet
Releases information
Release date:
October 6, 2023
Format:
CD, Digital, Vinyl
Label:
From:
Karisma Records
Norvège / Norway
Serge Marcoux - November 2023
9,1
TRANSLATED REVIEW (GOOGLE TRANSLATE) BELOW FRENCH TEXT !
La bonne musique est intemporelle. Nous savons tous que certaines chansons, des genres musicaux et même des sonorités sont associés à des périodes ou des moments identifiables. Cependant, lorsqu’un morceau ou un album possède certains atouts, qualité, popularité, innovation, etc., il acquiert un statut qui le place hors du temps, en quelque sorte. Ainsi, par exemple, on peut écouter MOZART, les BEATLES ou KING CRIMSON sans crainte d’être passéiste ou rétrograde. C’est dans ce contexte que je souhaite vous parler du groupe norvégien JORDSJØ et du nouvel album « Salighet ».
Nous savons déjà que ce petit pays d’un peu plus de cinq millions d’habitants a produit plus du double de groupes progressifs que le Québec qui a pourtant plus de trois millions d’habitants supplémentaires. L’abondance et la pertinence musicale norvégienne est merveilleusement confondante ! En vrac, je mentionne SOUP, WOBBLER, GAZPACHO, GENTLE KNIFE, PROFESSOR TIP TOP, 35 TAPES, MAGIC PIE, KERRS PINK, MOTORPSYCHO, THE WINDMILL, MEER, TUSMORKE, etc.
C’est en 2014 que JORDSJØ est apparu dans l’univers du rock progressif. Les deux créateurs à l’origine de cette musique savamment offerte à nos oreilles sont HÅKON OFTUNG, au chant, à la guitare, à la flute et aux claviers et KRISTIAN FRØLAND, à la batterie et aux percussions. « Salighet » est le septième album depuis la formation du groupe. Quoique les deux musiciens signalent que, pour eux, il s’agit du quatrième album en bonne et due forme. Quoiqu’il en soit, cette fois encore, le résultat n’empiète pas sur la capacité d’attention de l’auditeur. C’est d’abord par la qualité indéniable des sept pièces mais aussi par sa relative courte durée de quarante-trois minutes, à l’instar de « Pastoralia » le prédécesseur paru en 2021. Musicalement, le registre du groupe est assez connu des amateurs qui les suivent. Le rock progressif, bien sûr, celui que l’on associe au début des années 70, principalement britannique, KING CRIMSON, MCDONALD & GILES, JADE WARRIOR ou GRYPHON par exemple. Le jazz et un je-ne-sais-quoi de Canterbury font aussi partie intégrante du son de JORDSJØ auquel vous devez ajouter une réelle saveur folk scandinave. Pour pimenter un peu le tout, les années 60 percolent dans leur musique via des petites touches psychédéliques. Et il y a cette merveilleuse façon d’utiliser la douceur et les subtils changements de rythmes et de tons pour attirer délicatement votre attention et vous faire pénétrer cet univers qui leur est propre. Car au bout du compte, à l’écoute, ces références et ces noms deviennent simplement JORDSJØ. L’apport de VILDE MORTENSEN STORESUND comme choriste depuis « Nattfiolen » et de MATS LEMJAN aux clarinettes comme sur « Pastoralia » étoffent le son du duo. Le troisième invité est STÅLE LANGHELLE qui ajoute un solo de synthétiseur sur « Ura ».
Le voyage musical que nous propose JORDSJØ se fait en explorant l’extase. Mais attention vilains garnements, honnis soit qui mal y pense car la découverte se fait en musique et en paroles. J’avoue que pour ces dernières, il faut le croire … sur parole, bien sûr. À moins que votre norvégien soit meilleur que le mien. Malgré l’écueil linguistique évident, les voix de Sieur OFTUNG et Dame MORTENSEN STORESUND sont un atout et deviennent des instruments parfaitement intégrés aux propos musicaux. Par l’entremise des compositions, l’extase peut prendre la forme d'une danse, d'une randonnée en montagne, d'un conte de fées, d'une réflexion religieuse ou d'autres voyages intérieurs.
L’album débute avec ma nouvelle pièce favorite pour expliquer le rock progressif en moins de trois minutes sans dire un mot. La précédente était « Service with a smile » de HAPPY THE MAN. Voici que « Invokasion » rafraichit mon … vocabulaire si j’ose dire. D’abord, une première section avec un orgue agressif que n’aurait pas renier JON LORD et une flute qu’on imaginerait tenue par IAN ANDERSON. Puis, un superbe riff de guitare sèche accompagné par de belles lignes de synthétiseur caractérise la deuxième partie et finalement, en douceur les échanges de clarinette basse, de piano électrique et de flute terminent les explications. Vous êtes encore à vous demander ce qui vient de se passer que la guitare électrique pave la voix pour « Sankeren ». Un bien beau morceau qui sait se faire charmeur ici, un peu psychédélique là ou un tantinet guilleret ailleurs. Une des forces de JORDSJØ est d’offrir une série de multiples changements, rythmes, textures, instruments, dans un même morceau avec des transitions suaves, intelligentes qui font que tout semble naturel, à sa place. Tout coule de source et on accepte ces nombreuses variations sans difficultés.
L’album entier baigne dans cet heureux croisement de l’influence folk-rock scandinave symphonique avec les touches précédemment mentionnées. Le talent de HÅKON OFTUNG se fait sentir aussi bien par son jeu de guitare que ces interventions à la flute et aux claviers. Les propositions musicales sont offertes sans démonstrations et sans pyrotechnies mais avec des idées à revendre et un flair certain pour donner ce qu’il faut à la musique pour la rendre à la fois belle et mélodieuse autant que savante et intéressante. Dans ma chronique de l’album « Pastoralia », j’avais dit le plus grand bien de la présence de MATS LEMJAN. Eh bien, je récidive car le son de « Salighet » profite de son jeu de clarinettes. J’aime vraiment la clarinette basse, entre autres, sa sonorité est tellement prog. Tous les morceaux méritent notre attention et il ne saurait être question de se passer de l’un deux. Je vous ai déjà dit le bien que je pensais des deux premiers. « Ura » m’a aussi beaucoup plus. Un début un tantinet psychédélique, la guitare qui démontre différentes sonorités, de beaux échanges orgue et synthétiseur et la clarinette qui vient remplacer ce dernier. Et il ne faut surtout pas oublier le jeu de batterie de FRØLAND qui sied parfaitement à la démarche musicale du groupe. « Stjernestigen », l’échelle des étoiles, avec ses dix minutes permet au groupe de démontrer l’étendue de ses possibilités et de son talent. Une belle introduction au piano qui cède délicatement sa place à la guitare sèche et à la flute. La clarinette basse ajoute ses notes puis une douce guitare électrique intervient et doucement la batterie ajoute de la texture ici et là. Après trois minutes, le chant complémente le morceau mais toujours en finesse. Mais que cela ne tienne une montée en puissance nous attends un peu plus loin. Et nous ne sommes qu’à mi-parcours ! Le piano revient prendre un espace important, en bonne compagnie, dans la deuxième moitié de la pièce et il lui confère un côté un peu mélancolique. Il nous accompagne jusqu’à la conclusion en douceur de l’album.
Et alors Serge, est-ce que « Salighet » est meilleur que « Pastoralia » ou « Nattfiolen » ? Je ne saurais répondre à cette question en ce moment. Une chose est certaine, il sera un de mes albums favoris de l’année. Ce qui est également certain, c’est que le temps joue en sa faveur et qu’il offrira la réponse éventuellement. L’important est d’offrir du temps de qualité à l’écoute de cette musique intemporelle.
PISTES / TRACKS
- 1. Invokasjon (2:54)
2. Sankeren (7:24)
3. Salighet I (6:19)
4. Salighet II (6:13)
5. Ura (6:41)
6. Danseritualer fra Jordsjø - Prosesjon & Ekstase (2:57)
7. Stjernestigen (10;21)
- Håkon Oftung / Vocals, guitars, flute, keyboards
- Kristian Frøland / Drums, percussion
With:
- Mats Lemjan - Clarinets
- Vilde Mortensen Storesund - Backing vocals
- Ståle Langhelle - Arp Pro Soloist synth solo on "Ura"
musiciens / musicians