¿Change! Est un tout nouveau concept au sein duquel JOIN THE DIN sonorise des prestations de danse contemporaine. La formation, élargie pour la circonstance, balise davantage sa proposition musicale et la rend cinématographique et évocatrice. Moins de folie exploratoire donc, plus de « discipline » au service de la chorégraphe Chiara CORRADI. Le titre ¿Change! Ou changement, est à interpréter dans toutes ses significations. Le sujet, vaste, tristement d’actualité et d’une importance vitale est l’exploration de la condition humaine à travers son adaptation aux changements et comment les bouleversements climatiques, politiques, personnels, affectent nos vies, en tant qu’individus ou de manière collective. Quelle est notre capacité d’adaptation ou de résilience ?

C’est au cours d’une résidence d’une semaine que la danseuse a improvisé leurs prestations sur la musique en création. De nombreuses images illustrent cette collaboration extraordinaire au sein de la Snape Maltings et l’œuvre a été financée par Arts Council England et Britten Pears Arts. Cette création en direct laisse une très grande liberté aux artistes qui anticipent où se répondent : Chiara au centre et les musiciens en cercle autour. Personne ne se quitte des yeux et l’osmose opère. C’est tout simplement magique.

Pour illustrer les différents tableaux - il y en a douze - JOIN THE DIN sort de son Jazz tout terrain pour y incorporer des rythmes méditerranéens et des colorations indiennes en plus des sonorités électroniques. Les plages planantes alternent avec d’autres plus organiques, parfois presque primitives. Des voix interviennent également : Antonio de LILLIS et Michael McMILLAN dans « Play Da Game », Agnese VALLE et CORO DI ACCORDI E DISACCORDI dans « Song For A Light Revolution » ainsi que la violoniste Anna TREUTLER dans différentes pièces. Il en résulte un mélange métissé du plus bel effet. L’écoute stimule les sens, titille l’intellect, stimule l’imagination, génère des images dont les tableaux sonores - miscibles avec ceux de la chorégraphie - constituent une sorte d’exposition, de galerie pluridisciplinaire, toujours changeante, mouvante, sans cesse renouvelée. N’allez pas imaginer que le sextet ne s’est pas laissé glisser dans de belles jam-sessions (« One a Breath ») qui ont – c’est leur méthode de création, entre autres – débouchés sur des compositions concrètes, identifiables et baignant toutes dans une atmosphère différente tout en formant un ensemble cohérent. C’est la magie de JOIN THE DIN.

Les titres parlent parfois d’eux-mêmes. Ils peuvent sembler être une évidence. L’écoute confirme, mais, le plus souvent, infirme ce que l’auditeur pouvait pressentir. Le chemin est différent, surprenant, serpentant, et chaque bifurcation est une nouvelle surprise enchanteresse. Les émotions se succèdent, fortes, tant le côté tellurique de cet album prend aux tripes.

L’intro lente, mystérieuse, primitive (« The Call »), semble sonner le rassemblement avec sa succession d’instrument qui s’ajoutent au fur et à mesure. Accélération de tempo et rythmique soutenue (les batteries et percussions sont sans cesse présentes) pour suivre. L’emportement, avec pause, de « Lynch » introduits les sons Electro. La pièce s’élève ensuite jusqu’à l’acmé. Rupture. Quelques percussions étranges puis un maelström rapide. Le thème de « Play Da Game » laisse rapidement place aux parties chantées ; scansion saccadée, dynamisme, Envolée instrumentale. Manifestement un des morceaux de bravoure. Reprenons notre respiration avec « Once a Breath » sage, léger, avant quelques dissonances puis un pattern de basse qui emmène la pièce ailleurs. « Paranoïa » - titre qui fait craindre le pire, se montre mélodiquement inattaquable. Jolie construction très architecturée. Je vous laisse découvrir « Phases » et effectuer, fort probablement, un rapprochement avec un groupe connu (hasard, citation, clin d’œil ?) avant la suite cuivrée en staccato de « And Faces » avant l’envolée chantante de « The Fight » bâti sur une trame entêtante au piano…qui rythme lentement, comme une marche « chopinisante », le superbe « We All Lost » rêveur et aérien. Lui-même prolongé par un « Song For » qui est une magnifique intro au solaire « A Light Revolution » fédérateur et irrésistible.

N’hésitez pas à visiter le site du groupe, à découvrir les photos et vidéos capturées lors de cette prestation tout simplement exceptionnelle. JOIN THE DIN ne cesse de nous surprendre, de nous épater, de surgir là où personne ne peut les attendre…