Il y a de ces albums qu’on attend avec impatience depuis des années et un de ceux-là est ‘’IMILLA’’ le 5eme album du groupe Italien Il BACIO DELLA MEDUSA de la magnifique ville de Perugia. ‘’IMILLA’’ conçu comme un album acoustique écrit et composé par SIMONE le chanteur mais en cours de route avec l’aide de son comparse DIEGO PETRINI qui en fait des arrangements proposés au reste du groupe et la mouture nouvelle est née. Moins expérimental que le précèdent SEME de 2018 le band retourne à un son rock bien ficelé et viscéral des premiers albums. On a affaire à un album concept qui est inspiré de la fameuse révolutionnaire MONIKA ERTL qui a rejoint la milice Bolivienne sous le nom de IMILLA durant les années 60 et 70.

Prog aux multiples facettes rock ainsi que des accents latin et folklorique avec de bonne dose de rock pesant à souhait, voici ce qui nous attends au détour. Groupe qui a déjà plus de 20 ans d’existence avec ici un petit nouveau le frère de Eva Morelli la saxo, Andrea qui remplace SIMONE BROZZETTI avec un style plus incisif qui sied bien à la sonorité de l’album. On retrouve avec un plaisir immense cette voix si unique de SIMONE CECCHINI rauque guttural pleine de violence de compassion et surtout d’émotion, la basse lourde de FEDERICO les flutes et saxo tout en finesse de EVA et les rythmes et claviers de DIEGO qui rendent le son d’IL BACIO si important dans le monde du Prog Italien.

Parlons maintenant de ce magnifique album ‘’IMILLA’’, ça débute fort avec une dactylo répétitive qui en fondu se transforme en un staccato de guitare, d’un kazoo ainsi que de la rythmique suivi d’un chant propre a du ENNIO MORICONNE des fims spaghetti-western puis ça se déchaine avec le mellotron en puissance ainsi que du sax baryton qui imite le son d’un train qui arrive en gare, toute une entrée en matière malgré la durée assez courte de ce ‘’Un Visto per la Bolivia’’ à 2:59, d’ailleurs pas de prog-épique de 10 minutes ou plus sur cette galette plutôt des pièces ou le chant prime et raconte une histoire celle de MONIKA ERTL dite la vengeresse du CHE GUEVARA car elle est l’auteur de la mort du tortionnaire du CHE. ‘’Amburgo 1 Aprile 71’’ débute sur les chapeaux de roues avec un son qui nous rappelle le Roi Pourpre, sax, sirène de police et je dois souligné le talent de DIEGO PETRINI non pas ses claviers mais bien sa façon singulière de jouer de la batterie ça déménage fort, le synthé, les sax puis la mélodie qui s’imprègne en nous, bravo SIMONE qui non seulement par la qualité de ses textes mais la façon qu’il a, un peu comme un acteur, de nous communiquer le texte par sa qualité de s’immerger dans la peau des personnages.

‘’La Dolorida’’ ici la voix et les saxos sont en harmonie totale accentuer par un orgue débridé en mi-parcours puis un retour en douceur pour conclure avec un sax soprano et un beau soli de Andrea à la guitare. ‘’Zio Klaus’’ ou oncle Klaus en français, parle ici de KLAUS BARBIE le nazi, chef de la gestapo de Lyon qui c’était réfugié en Bolivie et a qui l’on doit la mort du Che mais aussi celui de MONIKA, dont KLAUS était proche en raison du père de MONIKA. En gros pour vous situer l’histoire, le père de MONIKA, HANS ERTL réalisateur de films de propagande nazi fui l’Allemagne pour la Bolivie et de là se rapproche du boucher de Lyon qui est un conseiller de la junte militaire Bolivienne, MONIKA apprend avec son père le maniement des armes lors d’expédition dans la jungle Bolivienne, puis s’éloigne de son père due à ses penchant nazi pour devenir une rebelle du Front de libération Nationale elle deviendra d’ailleurs la compagne du chef de la révolution INTI PEREDO successeur du Che, elle prend alors le surnom de EMILLA ‘’L’Indienne’’ en français. Le colonel qui capture et torture le Che et lui coupe les deux mains ainsi que le tortionnaire de son conjoint INTI feront d’elle le fer de lance idéal pour débusquer et tuer le colonel qui vit à Hambourg sous un autre nom au consulat Bolivien. Sous une perruque blonde et des lunettes de soleil elle s’introduit au consulat et tire trois balles pour abattre le Bolivien. Une somme importante est offerte pour la capture de MONIKA par le gouvernement bolivien, après la réussite à Hambourg, MONIKA est chargée de capturer KLAUS BARBIE et l’amener en France pour y être jugé mais BARBIE et les services secret boliviens découvrent les plans de l’E.L.N. et capture MONIKA ERTL, torturé et tué en mai 73, voilà pour la trame historique de l’album.

Pour ‘’Zio Klaus’’ la trame musicale (se veut très lourde et agressive qui nous rappelle un peu AMON DUUL II, à mi-chemin du Jethro époque ‘’Benefit’’ avec un solo de ANDREA tout à fait sublime. ‘’Dentro Monika Qualcosa Non Va’’ sur un rythme Reggae avec une mélodie qui me reviens en tête assez souvent. ‘’Ho Visto gli Occhi di Inti Virare a Nero’’ toute en finesse et rythmé très 70’s, sax et guitare (whah whah) on se ferme les yeux et le tout est tellement de cette époque avec en finale une bossa-nova avec guitare acoustique j’adore, suivi par ‘’Senior Service’’ met en lumière le talent indéniable de EVA Morelli aux sax et de sa flute. ‘’Lo Specchio di Hans Ertl’’ nous ramène a une chose, la voix de SIMONE qui triture ici chaque mention de Hans, le père de Monika, il a une façon de prononcer chaque syllabe qui lui est propre et qui en fait un des chanteur émérite du prog italien, quel voix quel puissance et que d’émotions, lors d’une entrevue il mentionne d’ailleurs que lors de la naissance de sa fille il c’est tellement imprégner de l’histoire de cette révolutionnaire et de son père Hans ce qui la fait chaviré a plus d’une reprise car lui-même nouveau papa il ne pouvait admettre le côté sombre de Hans ou Klaus versé dans le nazisme un peu à la façon d’un PETER O’TOOLE qui est presque devenue fou à force de s’imaginer dans la peau du célèbre Lawrence D’Arabie qui lui valut d’ailleurs plusieurs Oscars. Pour finir ‘’Colt Cobra 38 Special’’ qui est l’arme qui acheva le colonel bolivien tortionnaire du Che Guevara, flute et synthé encore très 70’s et la guitare qui me rappelle un certain Alvin Lee, magnifique et une de mes préférés, la connexion avec la première pièce de l’album est évidente, très belle finale.

Je suis d’accord avec mon bon ami de Prog Corner Scott cet album de Il BACIO est leur meilleur, le plus achevé, tous les musiciens sont en parfaite harmonie et ça se sent, peut-être moins Prog que certains le voudrait mais un album concept aboutie, vrai, chanté et conçue d’une façon qui en fait une œuvre importante dans la lignée des meilleurs albums de prog italien.