Le 10 mars est sorti le nouveau et troisième album du groupe de rock/métal progressif américain Ice Age, intitulé « Waves Of Loss And Power ». Vingt-deux ans ! 22 ans se sont écoulés depuis « Libération » (2011). Cela mérite un retour en arrière…

Long Island, New York, 1991, Josh PINCUS (chant, clavier) et Jimmy PAPAS (guitares), amis à l’université, se sont découvert une passion dévorante pour le Rock et le Métal Progressif. Rejoins par Hal PONTE (batterie, percussions) et Arron DiCESARE (basse) ils ont formé MONOLITH, consacré à l’instrumental en premier lieu puis aux chansons complètes avec Josh derrière le micro. Après un changement de nom - ils ont adopté ICE AGE -, beaucoup de travail de composition/répétition pour obtenir un répertoire digne et un son propre, ils ont été signés par le label Magna Carta qui a produit « The Great Divide » (1999), lequel a rencontré un beau succès et n’a guère souffert des affres du temps.

L’exercice intensif de la scène (pour tester les nouvelles pièces et renforcer la cohésion) et le travail de composition a continué pour déboucher sur « Libération » (2001) toujours chez Magna Carta. Un palier supplémentaire dans la conquête d’un son crunchy, d’une énergie explosive et d’une mélodicité irrésistible. Doug ODELL a été intronisé bassiste, Arron étant parti voguer vers d’autres aventures. Après une série de concerts, de tournées des festivals européens, la formation est entrée en dormance. Le contact était maintenu de loin en loin. C’est en 2010 que le quatuor a ressenti le besoin de s’exprimer à nouveau et composer du nouveau matériel. Les années sont passées avant que le label Sensory Records ne s’intéresse à eux.

“Wave Of Loss And Power” rassemble des compositions accrocheuses, avec des paroles lyriques qui développent des thématiques fortes (conflits existentiels, chroniques sociales pointues…) exposées dans 8 plages intelligentes, soutenues - parfois alambiquées mais jamais absconses – surprenantes et, partant, passionnantes. Un Métal Progressif de la plus belle eau, résultat de personnalités et de talents supercoquentieux idéalement rassemblés, de créativité exceptionnelle et d’une force de travail peu commune. Jimmy PAPPAS délivre de magnifiques parties de guitare, inspirées, poétiques lors des solos, exaltées en rythmique, d’un phrasé sans faute, avec ce qu’il faut de shred dans les passages fouillés.

Le dernier arrivé ; Doug ODELL se montre très largement à l’aise dans le costume qu’il a enfilé récemment, même s’il déclare: «être dans une pièce avec ces gars qui écrivent de nouvelles chansons est tout simplement impressionnant. Ils font la chose avec brio, sonnant complètement et authentiquement comme personne d'autre qu'eux-mêmes ». Cela ne l’empêche pas d’aligner des lignes de basse d’une grande efficacité, mouvantes, souples, intégrées aux changements de tempo et de texture. Les claviers scintillants offrent de belles sonorités qui se marient ou viennent en contrepoint de la six cordes. Le travail de Josh PINCUS, délicat, de très bon goût (To Say Goodbye Part IV & V), est pour une bonne part dans la musicalité de ICE AGE version 2023. Doté d’une belle et puissante voix – qu’il utilise avec conviction – Josh assure magistralement son chant, faisant vivre les textes avec passion. Reste l’artisan des percussions ; Hal APONTE qui frappe avec décision mais surtout précision, ne rechignant pas à varier son jeu et alterner les enchaînements, faisant toujours preuve d’un à-propos venant à point nommé, adoptant son assise rythmique à la complexité des morceaux.

Laissons le dernier mot à Josh : « Avec l'âge et l'expérience viennent une sagesse et une maturité supplémentaires (espérons-le...) nous avons toujours voulu écrire des chansons mémorables et présenter des idées stimulantes dans le genre Rock Progressif ; avec WAVES OF LOSS AND POWER nous avons vraiment atteint cet objectif. Nous en sommes extrêmement fiers ». Fermez le ban.

C’est à ce stade que l’on pourrait se dire : « bon, un groupe made in USA qui donne dans le Métal Progressif burné, hum…» Erreur! Ce n’est pas un combo de plus, c’est le retour – inespéré – de vétérans qui, bourreaux de travail, sont parvenus à produire l’un des meilleurs albums du genre de ces dernières années. A vous, maintenant, de découvrir la chose. Moi s’est fait et je ne m’en lasse pas.