Faire des chroniques pour Profil Prog c’est aussi le plaisir égoïste de découvrir de nouvelles formations, de faire l’effort d’écouter des choses vers lesquelles on n’aurait pas nécessairement fait l’effort d’aller explorer vu l’offre musicale abondante sur le marché. Parfois on tombe sur des perles, comme le dernier LÖNNMYR que je viens de terminer, et parfois on tombe sur des albums qui peuvent nous laisser de marbre. HEAD WITH WINGS, une formation américaine de New Haven née en 2012 au Connecticut, est l’un de ces groupes dont je n’avais jamais entendu parler, et qui me semblait prometteur par suite d’une revue de quelques autres critiques à son sujet. Bien qu’ils aient lancés quelques EP, il s‘agit ici de leur deuxième réel album, qui fait suite à « From Worry to Shame » de 2018. Originalement un quintet, le groupe est passé au format trio avec quelques invités pour combler les postes vacants. De plus, ils ont opté pour un changement de producteur, qui est aussi claviériste, en la personne de Vikram SHANKAR, qui fut de la partie pour jouer, coproduire, mixer et masteriser cet album.

Quand la critique globalement encense un album, et que je ne comprends pas pourquoi, je me mets à douter sur mon état mental. Qu’est-ce que je n’ai pas compris dans leur démarche. Certains mentionnent un album dont le résultat est déchirant et purement cathartique. Déchirant, je comprends. Et cathartique, je signale que c’est une purge, mais en fait, je crois qu’ils veulent signaler que le chanteur par ses textes cherche à libérer quelques démons dans une histoire que représente cet ensemble de chansons, qui se veut une critique de la culture en ligne moderne.

Parlons des textes de Joshua CORUM pour commencer. A première vue, il est clair qu’ils furent conçus par un cérébral avec une bonne plume. Textes énigmatiques, modernes, intéressants, pas toujours faciles à comprendre mais longs à rallonges, ce qui représente un défi quand ce chanteur doit placer autant de mots à un rythme fou dans le temps imparti, avec en arrière-plan un fracas sonore annihilant toutes possibilités de compréhension et de concentration. Très bavard, on est loin de la sobriété du genre « Dis tout sans rien dire ! » d’un Daniel BELANGER ou d’un Francis CABREL.

Parlons du style. On est dans un art rock, post rock bruyant, loin du rock Progressif, qui flirte avec le commercial, qui ne révolutionne rien, loin de toutes longues démonstration musicales. L’inspiration s’illustre dans les introductions et quelques petits passages instrumentaux mais rapidement cela vacille, car les musiciens sont là pour marquer le rythme et, désolé, cracher le tonnerre par des éclats de guitare cinglants.

Parlons originalité : Quand tu te mets à écouter une chanson, deux chansons et qu’à la fin de l’album, tu as l’impression d’avoir écouté la même chanson pendant 36 minutes, c’est que la variété n’était pas vraiment au rendez-vous. Il faut dire que le chant omniprésent, souvent sur le même ton, dans le style torturé théâtral où l’on peut s’imaginer le chantre qui se tortille sur son pied de micro, cela finit par faire long. Trop chanté à mon goût, on n’a pas la chance d’apprécier la musique, ce qui est bien dommage. Sincèrement, je me suis ennuyé, ce n'est absolument pas venu me chercher et j’ai souvent eu hâte que cela se termine. Au niveau de la production, le premier titre semble en sourdine lorsqu’on le compare avec les autres qui sont mieux nantis à ce niveau. Écoutez le pour vous faire une idée! Je n’ai peut-être rien compris! Titres préférés : « Three months », « Absolute zero » s’il fallait absolument en nommer deux. Bonne écoute !