FLAMING BESS n’est pas le nom d’une jeune chanteuse. Comme c’est souvent le cas sur Internet, derrière une identité féminine, se cache un vieux monsieur. Dans ce cas-ci, une bande, tous allemands de Dusseldörf, qui commencèrent leur carrière musicale en 1969. Oui, des vieux de la vieille époque ! Et toujours actif. Il s’agit ici de leur septième album intitulé « Les rides du temps » en v.f. et comme ils le mentionnent sur leur site Bandcamp, « leur dernier (dans le sens « finito ») et meilleur travail ». Un groupe qui a perduré au fil des ans, malgré l’indifférence de l’industrie musicale et l’évolution des goûts des auditeurs, ils ont continué dans le même sillon stylistique de rock classique mélodieux à tendance progressive.

Mélodique en effet ! Vous avez vu le nombre de claviéristes qui ont participé à cet album. Je vous laisse compter. Ayant pris leur temps pour réaliser cet album, dix ans en fait depuis « Der gefallene Stern », ils ont composé neuf chansons aux textes profonds, chantées en anglais, sauf pour deux courts morceaux narrés en allemand, et trois pièces instrumentales en s’entourant de plusieurs collaborateurs et voix variées. Le nouvel album est complété par un livret de 24 pages, en allemand seulement (dommage!), qui décrit l'histoire de décennies d’amitiés profondes de cette troupe et qui recueille les commentaires des musiciens sur le processus de création de leur dernier opus.

Je ne saurais vous dire ce que raconte le narrateur dans les deux morceaux aux titres en latin, qui étrangement ont des ambiances plutôt « space » mais sur l’ensemble des autres chansons, il est question, d’une jeune femme brillante qui se démène dans l’adversité de la vie pour s’en sortir, d’espoir, du temps qui passe, de la peur dans un monde où il est difficile de vivre et du questionnement sur notre place dans l’univers. Cependant la chanson « Wrinkle of Time », c’est un regard en paroles sur l’histoire du groupe au cours des dernières décennies, un serment et des regrets qui s’expriment par un texte qui dit tout... et je ne peux faire mieux que de le retranscrire ci-dessous :

« Nous avons enfoui nos rêves si profondément en nous
Nous pensions que la liberté était devenue un péché
Dans nos cœurs, nous avons décidé que nous ne serions jamais divisés »
« Maintenant nous voici à la fin d'une époque
Nous avons parcouru l'espace et le temps, maintenant nous sommes de retour sur scène
La ville dorée est brisée - trop de rêves restent inexprimés »

Musicalement parlant, ce qui ressort des premières chansons, ce sont les harmonies vocales, le chant impeccable et passionné, le jeu de guitare et des claviers qui appuient bien là où il faut lorsque le texte est déclamé. Très rock classique avec des beaux développements musicaux simples et agréables. Rien de très excité, souvent il y a des ambiances plutôt tristes et mélancoliques. En revanche, les morceaux instrumentaux seront là pour vous remonter le moral, tous très bons, cinématiques, mais surtout le morceau « Time Flies ». Les chanteurs invités se débrouillent tous très bien aux cours des chansons suivantes. Cependant, il y a la chanson « Wind of Hope », non créditée au niveau vocal, où il y aurait peut-être fallu passer le flambeau à quelqu’un d’autre.

Au chapitre des textes, on sent qu’ils y ont mis beaucoup de cœur. Au niveau musical, jamais dans la démonstration à outrance, on a droit à des compositions matures, plaisantes, souvent très « mainstream », un brin Néo Prog par endroit qui fait la part belle aux guitares, mais toujours avec des mélodies captivantes. Des pièces sans violence, douces qui devraient plaire aux fans d’Alan PARSONS Project, de CAMEL, de KARFAGEN, de MYSTERY et de PINK FLOYD. S’ils accrochent les patins, au moins, ils pourront être fiers de ce qu’ils ont laissé comme dernière marque parce que tout cela est vraiment très bien réalisé, composé et rendu.

C’est rempli de bonnes idées et la plupart des morceaux sont extrêmement convaincants, fruit d’un travail méticuleux, sincère et surtout romantique, nostalgique et délicieusement suranné. Du bel ouvrage comme on dit, et cela se respecte même si ce n’est pas toujours ma tasse de thé. A souligner la performance de Mme FERRER dans « Dreamfall » avec sa voix mature, digne des chanteuses de thèmes de James BOND. Titres préférés : « Time flies », « On The Edge » pour ses subtiles notes « jazzy », « Cold Comes The Night » un petit chef d’œuvre, « Wrinkle of Time » pour l’histoire, « Distance ». Bonne écoute !