Voici le premier jet imprégné d’une aura de mystère d’un duo Hongrois composé de Daniel KRIFFEL et de Dominique KIRALY, qui sous la dénomination d’un roi déchu nous propose neuf morceaux qui pourraient les rendre prétendants à la couronne « post rock » électro progressive de 2023. Malheureusement, je ne sais pas qui fait quoi sur cet album, car ils sont avares d’information sur « Bandcamp », mais on peut assumer que c’est leur œuvre commune, à moitié instrumentale et à moitié chantée.

Ces deux musiciens possèdent la capacité d’offrir des compositions qui ne font jamais de surplace ce qui est leur principale force et caractéristique, car au sein de leurs compositions cela évolue constamment, prenant sans arrêt d’autres directions, incorporant des nouveaux sons, des nouveaux instruments, des nouveaux rythmes, y allant même de contrastes rythmiques au sein des instruments utilisés en parallèle. Pour ainsi dire, au sein d’un morceau, on peut facilement passer du post rock au techno, du jazz au classique, du Prog métal à la musique médiévale, sans oublier les élans atmosphériques planants, et les bruits de la nature qui s’insèrent toujours avec grâce et naturel. Sans peur, ils essaient toutes les possibilités de « patchwork » musical et malgré tout, cela reste toujours cohérent et mélodieux, sans anicroche. Une musique résolument moderne comme aiment la pratiquer des pointures comme Steven WILSON et Mariusz DUDA, avec un ancrage profond dans la musique électronique, sans excès, n’ayez crainte, mais avec classe et bon goût.

J’ai eu grand plaisir à me laisser couler dans leurs démonstrations instrumentales souvent cinématiques, pleines d’échos sonores et de percussions électroniques. Quant aux voix, elles ne sont pas exceptionnelles, parfois bidouillées électroniquement mais elles conviennent assez bien au style appliqué. Comme on dit, cela fait le job, mais il arrive qu’on soit surpris comme dans « Endless Hours » et parfois déçu comme dans « Path of Forlon » où la voix est en retrait et peu compréhensible.

Pour un premier OPUS, c’est un petit bijou de rock progressif issu d’une formation qui semble déjà très mature. DEPOSED KING, ce roi déchu, présente ici un travail impressionnant, de très bonne qualité, avec son lot de trouvailles sonores surprenantes, au sein d’une production correcte, mais qui malgré tout contient quelques crépitements sonores, de la friture dans les premiers titres, ce qui m’a dérangé mais que j’ai imaginé et assumé volontaire, comme un genre d’exercice de style. Je n’ai pas pu trancher fermement là-dessus. Pour ce qui est de la performance musicale, ils excellent par leur inventivité à la guitare, à la basse et aux claviers. Assurément, ils ont déjà mis bien haut la barre pour le prochain album. Ils ont un bon défi à relever.

Titres préférés : Pas facile car j’ai grandement apprécié l’ensemble, mais je peux mentionner le combo « Sirens of the Sun » et « Ceasing to Exist » à l’enchaînement discret, et pour sa finale pieuse en cathédrale dans sa première partie, ainsi que pour son mélange de classique et de riffs lourds dans sa deuxième partie, avec la guitare aux cordes cristallines en prime. Aussi « Half Light »et « Last Light » pour le piano classique, et « Path of Forlorn » et ses petits airs à la Loreena MCKENNITT. Bonne écoute, et qu’elle soit attentive ! Vous serez récompensé!