Les habitués des pages de Profil Prog savent qui est David LONGDON, mais si vous vous intéressez depuis peu au rock progressif, sachez qu’il était chanteur, multi-instrumentiste, auteur-compositeur, arrangeur et producteur, et surtout qu’il a dirigé le groupe de rock progressif BIG BIG TRAIN, figure de proue du rock progressif britannique, de 2009 jusqu'à sa mort prématurée en 2021 à la suite d’un accident, parti trop tôt à 56 ans. Une voix particulière, douce, reconnaissable, et qui nous manque depuis ce temps.

L’édition 2023 remixée et remastérisée de son premier album solo, initialement paru en 2004, et qui n’était plus disponible au format physique depuis longtemps, pourra pallier à ce manque et est aussi une opportunité de découvrir ou redécouvrir une œuvre qui a un lien certain avec la suite que nous connaissons au sein de BIG BIG TRAIN, car à l’écoute, il y a des filiations vocales et musicales évidentes, soient le timbre du chantre et le son des cordes de Mme Beth NOBLE, des éléments clefs qui lient aux sonorités pastorales de la grosse locomotive. La chanson « Honey Trap » devrait rapidement vous convaincre de ce fait.

Cette version de « Wild River » a été retravaillée en 2023 par Rob AUBREY, ami mais aussi ingénieur du son et producteur de BIG BIG TRAIN depuis 1994, qui n’a fait que prendre la relève sur un souhait cher que LONGDON s’était fixé avant son décès soudain, car LONGDON estimait que l'enregistrement, la production et le mixage de 2004 n'avaient jamais vraiment répondu à ses aspirations, dû à son manque d’expérience à ses débuts dans ce domaine.

Les chansons furent composées plusieurs années avant la parution de l’album, couvrant une période difficile pour LONGDON. Le démembrement de son « band » initial nommé « The Gifthorse », le décès de son paternel, un divorce douloureux, sa non-sélection par GENESIS pour remplacer Phil COLLINS (Ray WILSON l’emporta) ce qui l’ébranla au niveau de sa confiance personnelle, avec un sentiment de rejet le minant et obscurcissant tous ses horizons. La lumière vint à la suite de sa rencontre avec le guitariste Dave GREGORY d’XTC, avec lequel il collabora, qui redonna confiance à LONGDON pour se lancer dans cet effort solo, sans support de l’industrie et obligeant LONGDON à user de ses propres deniers.

Il en résulta une œuvre impressionnante pour une première composition, car il était novice dans ce domaine. Il s’entoura d’amis pour créer cet album, plusieurs personnes proches de lui, des inconnus pour l’industrie et pour le public, mais des tous des bons musiciens qu’il dirigea de main de maître. « Honey Trap » que j’ai déjà mentionné, « Always » et la majorité des titres, résonnent comme « des petites chansons « pop » parfaites pour planer en tête de liste des chartes. D’autres morceaux explorent la country, comme « Mandy », où se rapprochent de l’esprit blues, dont la chanson titre de l’album. La voix de LONGDON, et cette hégémonie des cordes sont les fils conducteurs qui rendent cet ensemble de chansons électrisant, un ensemble qui prouve que LONGDON était un compositeur inspiré. Pas de mauvais titre sur ce recueil, que du bon, du sincère, du vrai. Moins grandiose et épique en longueur que les chansons de BIG BIG TRAIN mais malgré tout, cela devrait plaire aux amateurs de cette formation, et j’irais presque à dire que cet album pourrait leur être essentiel car le type d’instrumentation y est similaire et la voix est là, cette voix si riche qui porte !

Le deuxième disque comporte des enregistrements devant public, captés en 2004 au Wirksworth Festival et au Red Lion Hotel, de Wirksworth, dans le Derbyshire, et le rendu est vraiment impeccable. Très intéressant car on y retrouve LONGDON sur cinq titres supplémentaires et la moitié des titres de l’album original. Des titres qui gagnent en authenticité naturelle, sans filtre, avec une charge émotive gonflée à bloc. Personnellement, j’attends ma copie ! Très recommandable! Titres préférés : Il y en a trop mais disons « Always », « Honey Trap » « About Time » et « Joely » pour leur sophistication, leurs arrangements riches, pour un petit concentré de BBT qui génère un sentiment de nostalgie. « On To The Headland » où il joue les chansonniers à la guitare, ce qui fera le bonheur des amateurs de SEGUIN, BELANGER et RIVARD. Du côté « Live », « Every Silver Lining » et un « Loving and Giving » qui chamboule. Bonne écoute attentive !