Aviram TZUR, c’est un chansonnier « rocker » dont l’œuvre devrait assurément plaire aux amateurs de Cat STEVENS, du fait qu’Aviram excelle sur la guitare acoustique, et que son grain de voix fragile lorsqu’il chante en anglais rappelle beaucoup ce dernier. Mais cet israélien se distingue de cette illustre référence en alternant habilement dans ses compositions, et cela en est jubilatoire, la guitare acoustique et la guitare « hard rock » électrique musclée, insufflant ainsi le chaud et le froid dans neuf titres au sens mélodieux certain. « Moving Aloud » (« Bouger à voix haute » en français) est son cinquième album qui fait suite à « They say » de 2022, et trois albums en hébreu, « Pachot Meruchak » de 2015, « Kol Pnimi » de 2013 et « Tzeva Ve'Tzura » de 2008. Étonnamment, pour avoir écouté ses albums en hébreu, il est surprenant de voir l’impact de la langue sur le chant. En hébreu, sa voix démontre une grande assurance en étant basse et grave, alors qu’en anglais, cette voix devient claire, émotive et fragile, ce qui la rend attachante.

Mais la force du bonhomme réside dans ses compositions, lui qui se dit inspiré par le travail d’artistes comme RIVERSIDE, THE PINEAPPLE THIEF, ANATHEMA, SYLVAN, PORCUPINE TREE et AIRBAG. Pour ma part, quand j’ai écouté ses morceaux, j’ai eu plutôt des pensées soudaines pour Cat STEVENS, Chris DE BURGH, DIRE STRAITS, Michel RIVARD et Francis CABREL dans les moments calmes et bucoliques (« Introspection »). Une musique où la guitare acoustique est un délice sous les doigts agiles d’Aviram, qui livre des chansons avec une âme, où sincérité et authenticité sont les dominantes principales, accompagnées d’une instrumentation basique, incluant guitares, basse et percussions, mais où s’invitent à l’occasion piano, violon lancinant et trompette chaleureuse ce qui ajoute une belle diversité instrumentale et qui permet probablement d’affirmer qu’on fait du rock progressif. Par rapport à son album de 2022, j’ai noté une complexité accrue dans ses compositions et une volonté de faire des morceaux plus longs et lourds, résultant en des passages très excitants qui mettront sacrément l’ambiance en spectacle.

Ce qui est plaisant aussi, c’est que chaque chanson a sa propre identité, et que dès les premières secondes de chaque morceau, les vers d’oreilles se développent et se démultiplient pour venir vous chercher. Des textes écrits par Aviram qui évoluent autour de la thématique du sens de la vie, de l’anxiété, de la recherche de son identité, de la recherche d’évasion, et de l’affirmation de soi avec les contraintes du temps qui file à vive allure. Des thèmes pas toujours « jojo », sur des textes qui poussent à réfléchir, mais des refrains accrocheurs au sein d’une musique où le bonheur montre son visage dans le contraste qu’apporte la guitare électrique dynamique et puissante, face à la guitare acoustique feutrée et mélancolique qui tisse des toiles délicates. De ce contraste, émerge une énergie addictive. Bon, je ne vais pas disséquer chacune des chansons une par une, mais sachez que « Moving Aloud » s’écoute avec une énorme facilité, comme si cela était déjà familier, et que ses neufs chansons se laissent tourner en boucles avec grand plaisir. Titres préférés : « Space And Time », « Introspection », « Anyway » et « If You Feel » pour la trompette inspirante et le solo final. Bonne écoute !