CHRONIQUE / REVIEW
Alan Charles
Lust & Passion / Lost In Passion
Releases information
Release date:
September 15, 2023
Format:
CD, Digital
Label:
From:
Black Pearl Productions
Canada
Patrick Cossette
9,8
TRANSLATED REVIEW (GOOGLE TRANSLATE) BELOW FRENCH TEXT !
Une histoire un peu tordue et peu banale. Sur une musique qui est également loin d’être banale. Du prog symphonique de très haut niveau. C’est ce qu’Alan CHARLES nous offre sur cet album, première offrande solo pour le leader du défunt groupe québécois EXISTENCE. Étant donné que ses collaborateurs habituels au sein d’EXISTENCE n’étaient pas disponibles ou ne souhaitaient pas participer à ce nouvel album, cet artiste montréalais décida de faire cavalier seul pour interpréter sa nouvelle musique. Mais l’album n’affiche que son titre, sans le nom de CHARLES ; c’était le désir de ce multi-instrumentiste de n’avoir que le titre du projet en premier plan, sans que son nom n’y apparaisse. Pourtant, CHARLES a tout fait (ou presque) sur cet opus : composition, performance de tous les instruments, et même les jolies illustrations du livret ! Seule la jolie voix féminine ainsi que l’illustration sur la pochette ne sont pas de son cru.
Si vous avez déjà entendu les albums de son groupe EXISTENCE, vous ne serez musicalement pas en terrain inconnu. Le son symphonique et cinématographique des albums précédents, que CHARLES affectionne particulièrement, est toujours bien présent sur ce nouveau matériel. En fait, cette signature sonore est encore plus intense sur cette galette, car le violon, abondamment utilisé sur les albums d’EXISTENCE, est ici joint par un orchestre complet : la « BBC Symphony Orchestra », rien de moins ! Alan envoya ses partitions à la BBC qui, après quelques semaines de répétition, l’accueillit en Angleterre pour qu’il dirige l’orchestre lors de l’enregistrement studio des sept pièces de l’album ! Bon ok… Alan me dit que ce n’est pas tout-à-fait comme ça que ça s’est passé. La vérité, c’est qu’il a demandé à cet orchestre renommé l’autorisation d’utiliser leur banque de sons, chacun reproduisant un instrument d'un orchestre, contrôlables à partir d'un clavier. Autorisation qui lui a été accordée ! Grâce à cette licence d’utilisation, il put mettre sur ruban numérique l’orchestration qu’il avait en tête, sans devoir s’entourer de dizaines de musiciens. Ce qu’il a réussi à faire avec ces sons est extraordinaire ; on jurerait qu’un orchestre est présent sur l’album, c’est tout simplement incroyable.
Parlons tout de suite de l’éléphant dans la pièce : la pochette de l’album. Si vous n’avez pas le CD entre vos mains, vous n’aurez probablement vu sur Internet que la version censurée de la pochette, la version originale étant bannie des réseaux sociaux. Une illustration suggestive, créée par l’artiste montréalaise Virginie MÉNARD. Une toile qui illustre bien cette histoire d’un couple ouvert, libre sexuellement, qui nous sera racontée tout au long de cet opus. Les illustrations de CHARLES dans le livret sont tout aussi évocatrices de l’histoire.
L’idée de ce cet album remonte à très longtemps, au début des années 90, avant même la naissance du groupe EXISTENCE. Mais ce n’est qu’en 2019 que l’écriture débuta. Le titre de cet album-concept sans tabous, aux excellents textes crus, mais songés, s’appuie sur un jeu de mots habile : « Lust & Passion / Lost in Passion » (Luxure et Passion / Perdu dans la Passion). Il débute avec une pièce instrumentale, « Path to Oblivion » (10/10), qui nous offre un magnifique piano. Pièce d’une durée d’à peine une minute, on vit malheureusement un coït interrompu… Décevant… L’idée musicale était très bonne, et l’on aurait aimé qu’elle se poursuive… (Lisez la chronique au complet, vous verrez vers la fin que cette déception sera complètement effacée !). Suit « Memories of an Illusion » (10/10), une pièce en trois sections dont les noms proviennent d’un jeu de mots très original : « 1- Entrance; 2- Intense ; 3- In Trance », alors que le nom de la troisième section combine les noms des deux premières sections. Brillant. Le contenu musical de cette épique de onze minutes est tout aussi brillant. Sur « Entrance », la guitare acoustique et la batterie accompagnent la très belle mélodie chantée par CHARLES, avec sa belle voix au timbre et aux intonations à la Roger WATERS du bon vieux temps. La guitare électrique languissante se joint à lui, tout comme une deuxième voix en écho dans le refrain. L’homme et la femme se rencontrent, tombent amoureux et ont leur premier baiser. La fin de cette première section se fait sur un rythme plus rapide, prog, avec un long solo de guitare au milieu du piano et de la section rythmique très efficace. Sur « Intense », Kim GOSSELIN fait son apparition, avec sa jolie voix, elle qui avait également chanté sur le dernier album d'EXISTENCE, « Origins ». Les instruments d'orchestre font également leur entrée, entre autres le magnifique violon, qu'on entend de façon parcimonieuse, juste aux bons moments. La femme raconte comment elle a vécu cette rencontre où elle est tombée amoureuse de lui, dans un désir intense et un abandon sexuel total : « I lost control of my being and my mind / I surrendered myself / I felt appeased / We killed this girl who was so shy ». Cette deuxième section se termine par un très harmonieux duo guitare électrique / violon, dans une orgie musicale qui vient accompagner l’orgie racontée par Kim. La pièce se termine par la section instrumentale finale « In Trance », une finale explosive, qui me fait penser à PORCUPINE TREE avec du violon ; une scène de débauche musicalement intense. La troisième chanson, « An Instant Beautiful Dream » (9,5/10), commence sur deux minutes d’instrumental. Mon fils trouve que ça ressemble à de la musique de maison hantée. Effectivement, j’hésite entre une ambiance sinistre ou romantique. Puis le chant de CHARLES au piano est superbe, avant de laisser place à un autre excellent solo de guitare, lent et hyper mélodieux, qui donne des frissons, rappelant ceux de Steven ROTHERY de MARILLION sur leur magnifique album « FEAR », tout ça avant que l’orchestre s’ajoute à cette sublime finale. L'homme déclare ici son amour pour la femme, lui disant que ce n'était pas pour lui seulement une affaire d'un soir.
La très réussie instrumentale « Silence - The Theme, Part V » (9,5/10) rappelle par moments « Atom Heart Mother » de PINK FLOYD, un heureux mélange entre guitare et orchestre. Une autre pièce en plusieurs mouvements, « The Palace of Blissful Tears » (10/10), débute par une très jolie mélodie au piano. L'homme vit des moments intimes avec sa copine ainsi qu’avec un autre homme (Three souls in love / It feels so good and warm). Il se questionne si c'est correct d'aimer une femme et un homme en même temps. Et il se demande si sa copine est à l'aise avec cela. Le milieu de la pièce, instrumental, nous offre un intense orchestre tout-à-fait génial. La dernière section reprend le thème musical de départ, avec l’homme qui se rend compte qu'il est vraiment en amour avec cet homme, qu'il a essayé de refouler ce sentiment, mais que c'est plus fort que lui ; il est perturbé par la découverte de sa bisexualité et ne sait pas comment gérer cela (I love you so, I did not wish to break your heart / I love him too but I don’t know how to play this part). Une finale musicale grandiose vient merveilleusement bien appuyer ces difficiles sentiments.
On peut entendre de nouveau la talentueuse Kim GOSSELIN sur « Love Lost in Abyss » (9,5/10). C’est l'endroit sur l'album où l’on peut le plus apprécier sa jolie voix douce et cristalline. La copine de l’homme le rassure, lui dit qu'elle l'aime encore, qu'elle a besoin de lui plus que jamais. Mais il est parti, et elle veut désespérément qu'il revienne. C’est alors qu’on va entendre la voix désespérée de Kim, accompagnée de l'orchestre et de la guitare qui le sont tout autant. Mais l’homme ne se pardonne pas de l'avoir trompée et la quitte…perdu dans l'abîme… jusqu'à l'oubli, qui est le thème de la pièce finale, « Escape to Oblivion » (9/10). Cette dernière commence de la même façon que la première pièce qui m’avait déçu par sa brièveté. Mais justement, cette fois, nous aurons droit à la fin du coït, soit près de sept minutes instrumentales joliment exécutées qui reprennent avec brio la mélodie avortée de la première pièce. Cette fois-ci, le thème musical attendu initialement sera complété; très bien pensé par le compositeur !
Vous aurez compris que j’ai adoré cet album. C’est une œuvre d’art. Un savoureux mélange d’orchestre et de guitare électrique, prog symphonique de haut niveau, avec ses solos tous plus mélodieux les uns que les autres, et des textes crus, mais très bien ficelés. Si vous aimiez le groupe EXISTENCE, vous allez adorer « Lust & Passion / Lost in Passion ». Et si la musique d’Alan CHARLES vous est inconnue, n’hésitez pas à la découvrir; c’est une expérience… passionnante !
PISTES / TRACKS
- 1- Path to Oblivion (01:17)
2- Memories of an Illusion (10:48)
Entrance
Intense
In Trance
3- An Instant Beautiful Dream (05:18)
4- Silence - The Theme, Part V (07:22)
5- The Palace of Blissful Tears (11:13)
The Mirror Suite
The Shadow Hall
The Glass Lounge
Return to the Mirror Suite
6- Love Lost in Abyss (07:05)
7- Escape to Oblivion (06:53)
Kim Gosselin: Voice
Alan Charles: Everything else
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