AISLES représente la nouvelle génération du prog chilien; né en 2001sur du néo symphonique tel MARILLION, GENESIS et PINK FLOYD encore avant; mélancolique, de l’émotion et de longs breaks énergiques et une touche jazz-prog. Un groupe qui vient de subir le départ de 3 de ses membres mais qui propose un son actualisé, moderne, classique sur une base RUSH, MUSE, ANIMALS AS LEADERS et Steve WILSON, donc plus métallique et rythmique; un opus reflétant les moments douloureux du groupe, perso, pandémiques, politiques; un opus qui se veut innovant.

« Fast » style moderne contemporain avec un frappé saccadé, ah un peu de RUSH déjà donc ça change de leur son d’avant plus calme; c’est plus frais, rock-pop énergique...plus rapide bref ça bouge dans le bon sens pour un bon prog métal. « Megalomania » pas le titre des MUSE quoique; ça dépote dès l’intro; après c’est mélodie douce accompagnée de claviers et guitares mélancoliques, la batterie gardant le frappé; le prog d’aujourd’hui comme je le conçois dorénavant, fusion synth-rock prog sur fond de new wave, du prog métal et du rock alternatif imprimant un climat musical progressiste en moins de 5 minutes; c’est plus long et parfaitement amené avec un synthé basse virevoltant et la batterie qui se défoule au final. « Thanks to Kafka » en mid-tempo pour le titre prog fruité, ambiant, plaintif et contemplatif; beaucoup de voix qui s’impriment dans les notes comme un monologue musical; sur PURE REASON REVOLUTION, un RUSH actuel, un MISSION, un RIVERSIDE, un ENCHANT pour l’envoûtement et un final bijou moderne. « Disobedience » revient à un son actuel, oui le djent des gammes ANIMALS AS LEADERS; couplet aquatique, sombre, batterie syncopée, comme un jazzy électrique; refrain prog métal d’un coup mélodique, étonnant et diversifié avec une montée finale où le son djent soft se fait de plus en plus jour. « Time (A Conversation with My Therapist ) » entame aérienne, mélodie planante, tout ça pour sortir ses affres du tout, de soi, de la société, de la pandémie; je retrouve la discordance des HAKEN donc des GENTLE GIANT; lorsque la mélancolie devient une ouverture cathartique, un exutoire musical; le break crimsonien remplit l’air, donne de l’air pour partir encore plus loin, le côté jazz-rock cristallin enfonce le clou, titre qui mérite qu’on s’y pose deux fois, le solo est divin, la fin luxurieusement mélancolique.

« The Plague » pièce maîtresse où le son part jazzy par instants, sur la guitare torturée de SAGA, sur celle d’ANIMALS AS LEADERS, sur l’ancêtre RUSH pour cette déclinaison d’un autre âge; ressourcé de synthés et d’ambiance cinématique le texte se décline sur la peste pandémique, un crescendo enjoué qui donne la part belle à la mélodie, une douceur progressive qui monte vers le métal prog de façon sinueuse et subtile, de très belle façon, morceau qui dévoile son charme au fil des écoutes; le final parlé sur fond de sirène de police amplifiant la folie actuelle du monde et le riff djent qui monte, monte, sature l’espace et la pensée, superbe. « Surrender » débarque sur un mid-tempo jazzy flirtant ballade musicale plaintive; titre consensuel de prime abord qui brasse une atmosphère langoureuse grâce à la voix onirique d’Israel; solo synthé de Juan vibrant, bourré d’émotion, montée finale introduisant « Needsun » mashup interlude musical parfait, lente mais sure progression narcissique. « Game Over » presque enchaîné clôt de façon instrumental ce voyage tellurique par une mélodie complexe et torturée; un soft djent des ANIMALS AS LEADERS fruité et heavy, des relents sud-américains à la AL DI MEOLA survitaminés, d’autres futuristes avec jeux vidéos; jeux dans lesquels certains membres du groupe étaient plongés la plupart du temps entre compositions; un thème avec polyrythmie contenue qui montre un autre visage du groupe où l’intensité est au maximum, sublime.

AISLES sort donc une bombe musicale; c’est beau, c’est frais, varié, aéré et suffisamment moderne pour s’évader facilement dessus. Leur 5e album se démarque de leur son d’origine en versant sur l’expérimental, la fusion et 2 ans et demi de travail; derrière ce drame d’explosion du groupe naît cet opus sidérant où se trouve peut-être leur futur musical plus lourd, plus fusionnant, plus avant-gardiste; musical, entreprenant et efficace, à part. Un potentiel top assurément.